« Enfin il est mort en homme qui sait vivre. » | L’Histoire en citations
 « Enfin il est mort en homme qui sait vivre. »
Citation du jour

 

Talleyrand sort définitivement de scène. Il aura beaucoup vu et bien vécu. La presse qui vit sa belle époque populaire déplaît à certains aristocrates de l’esprit, cependant que Lamartine délaisse la poésie pour s’engager en politique, avec talent et courage. L’Histoire en citations rend un hommage mérité à ce personnage un peu oublié.

« Enfin il est mort en homme qui sait vivre. »2096

Mot d’une dame de la vieille cour à la mort de Talleyrand (17 mai 1838)

Monsieur de Talleyrand (1870), Charles-Augustin Sainte-Beuve.

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, surnommé le « Diable boiteux », mourut à 84 ans, en désavouant ses irrégularités religieuses. La noble dame pense à la vie privée de l’homme cynique et corrompu, amoureux de tous les plaisirs - le jeu, la table, le raffinement des salons, le libertinage mondain et la débauche qui ont quelque peu compromis sa carrière d’évêque sans foi. Talleyrand a ouvertement multiplié les aventures et malgré son pied bot, séduit de nombreuses femmes, très jeunes et très jolies.

À sa mort, une anecdote court Paris. Le mourant soupire : « Sire, je souffre comme un damné. - Déjà ! murmure le roi. » Mot apocryphe, naturellement. Autre légende, le Diable accueillant Talleyrand en enfer : « Prince, vous avez dépassé mes instructions. »

Hugo, 36 ans, fasciné par le personnage, écrit dans Choses vues, 1838 (posthume) : « Il disait de lui-même qu’il était un grand poète et qu’il avait fait une trilogie en trois dynasties. Acte premier : l’Empire de Bonaparte ; acte deuxième : la maison de Bourbon ; acte troisième : la maison d’Orléans. » L’essentiel est bien là, une carrière politique hors pair, sinon exemplaire. Il faut aussi lui reconnaître une forme de fidélité à la France et aux intérêts nationaux tels qu’il les concevait, se trompant en cela moins souvent que la plupart de ses contemporains.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Les journaux qui devraient être les éducateurs du public, n’en sont que les courtisans, quand ils n’en sont pas les courtisanes. »2089

BARBEY d’AUREVILLY, L’Esprit de J. Barbey d’Aurevilly (1908), Jules Barbey d’Aurevilly, Léon Bordellet

Polémiste et critique, il dénonce les progrès de la médiocrité dans les mœurs, les sentiments, les œuvres. Face aux bourgeois, il s’affiche dandy. Certes, la démocratisation de la presse va de pair avec vulgarisation, voire vulgarité, mais il y a un incontestable progrès dans la communication des idées.

« Le bourgeois de Paris est un roi qui a, chaque matin à son lever, un complaisant, un flatteur qui lui conte vingt histoires. Il n’est point obligé de lui offrir à déjeuner, il le fait taire quand il veut et lui rend la parole à son gré ; cet ami docile lui plaît d’autant plus qu’il est le miroir de son âme et lui dit tous les jours son opinion en termes un peu meilleurs qu’il ne l’eût exprimée lui-même ; ôtez-lui cet ami, il lui semblera que le monde s’arrête ; cet ami, ce miroir, cet oracle, ce parasite peu dispendieux, c’est son journal. »2097

Alfred de VIGNY, Journal d’un poète (1839)

Autre déçu de la politique et de ses contemporains. Le désenchantement est une attitude romantique. Celui de Vigny est sincère. Il date de la Restauration et s’aggrave avec la révolution de 1830, qui amène au pouvoir un bourgeois si peu roi, aux yeux de la vieille aristocratie dont le poète reste le délicat rejeton.

« La France est une nation qui s’ennuie. »2098

LAMARTINE, Discours à la Chambre, 10 janvier 1839

Député qui passera du « juste milieu » gouvernemental à la gauche (en 1843), il s’adresse ici au roi et trouve une raison au mal de la France : « Vous avez laissé le pays manquer d’action. » L’ennui est le mal du siècle et la génération romantique, vibrant au souvenir exalté de la Révolution et de l’Empire, rejette cette monarchie bourgeoise.

« Ne me parlez pas des poètes qui parlent de politique ! »2113

LOUIS-PHILIPPE, Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

Le roi est d’autant plus irrité par l’opposition de Lamartine qu’il semble, avec l’âge, prendre goût au pouvoir et vouloir non plus seulement régner, mais gouverner.

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