Les chansons témoignent sans fin de l’humour populaire bien vivant et d’une vérité politique qui se joue de la censure. Le roi bourgeois de cette Monarchie est un personnage facile à caricaturer. Plus étonnant, la dureté de ce régime pour ou plutôt contre le peuple, surtout de la part du « bon docteur Villermé ».
« Est-il bien vrai, mes chers amis Qu’on ait détrôné Charles Dix ? Dites-moi donc où nous en sommes ? Dans les emplois les plus marquants, Je vois toujours les mêmes hommes, J’ai donc dormi pendant cinq ans ? »2085
Le Béotien de Paris (1835), chanson
Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier.
La censure rétablie, l’Église toujours aussi puissante et présente, décidément, rien ne change, même pas la fiscalité, éternel sujet de mécontentement du Français sous tous les régimes : « Mes impôts sont toujours les mêmes / Mon journal est toujours timbré. » À quoi bon avoir fait une révolution en 1830, se demandent les mécontents ?
« Plus ça change, plus c’est la même chose » dira Alphonse Karr après la révolution de 1848 ! Et le même refrain se répète, au fil de l’Histoire en citations. Une constante bien française, malgré tous nos changements de régimes.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Quel dommage que je n’aie pas été blessé, j’aurais pu faire grâce ! »2086
LOUIS-PHILIPPE, après l’attentat de Fieschi, 28 juillet 1835
Corse condamné pour vol et escroquerie, poussé par les républicains, Fieschi prépare un attentat. Quand Louis-Philippe se rend à la Bastille pour fêter sa révolution (les Trois Glorieuses de juillet 1830), la « machine infernale » éclate et fait 18 morts, mais le roi et sa famille ne sont pas touchés. Les lois répressives de septembre signent la fin de la politique libérale.
« L’Pèr’ Lapoir’, ce grand citoyen, / Dit qu’il ne veut que notre bien […]
L’Pèr’ Lapoir’ se dit libéral, / C’est une farce de carnaval.
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment / L’pèr’ Lapoir est bon enfant. »2087Le Père LAPOIRE, chanson. Les Républicaines : chansons populaires des révolutions de 1789, 1792 et 1830 (1848), Pagnerre
L’opposition multiplie les attentats et les répressions suivent, d’où l’impopularité croissante du pouvoir. Massacre de la rue Transnonain (avril 1834), attentat Fieschi (juillet 1835), attentat du républicain Alibaud qui tire et rate le roi sortant des Tuileries (juin 1836), complot de Louis-Napoléon Bonaparte, coup de pistolet de Meunier (gracié par Louis-Philippe).
« Plus les ouvriers gagnent, plus ils peuvent aisément satisfaire leurs goûts de débauche. »2045
Louis-René VILLERMÉ, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (1840)
Chirurgien militaire, médecin dans le civil, il rédige des études savamment documentées. S’il reflète les préjugés des bourgeois de la Monarchie, le « bon docteur » reste surtout dans l’histoire pour avoir alerté l’Académie sur les conditions de travail des enfants dans les manufactures. Le Second Empire prendra enfin des lois qui s’imposent.
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