Les jeux politico-politiciens continuent dans les coulisses et les couloirs du pouvoir, alors que l’extrême-droite se donne des armes et des hommes, les incidents diplomatiques se multiplient, la course aux armements mène droit à la guerre - malgré la victoire de la gauche (1914) et la campagne pacifique de Jaurès.
« La place n’est pas mauvaise, mais il n’y a pas d’avancement. »2561
(1841-1931), à Raymond Poincaré reçu à l’Élysée, 17 janvier 1913
Commémoration du centenaire de l’élection d’Armand Fallières à la présidence de la République (2006), Christian Poncelet, président du Sénat.
Fallières, huitième président de la Troisième, fit une carrière politique classique : maire, député, sénateur, plusieurs fois ministre, président du Conseil. Il a le physique de l’emploi : la barbe et la moustache, le ventre, une assurance tranquille. De son septennat, retenons la réintégration de Dreyfus dans l’armée et la création de l’isoloir pour assurer le secret des votes. Le septuagénaire choisit de ne pas se représenter.
Clemenceau, d’ailleurs candidat à « la place » après la guerre, ironisait sur le magistrat suprême qui est surtout en place pour inaugurer les chrysanthèmes : « Il y a deux organes inutiles : la prostate et le président de la République. » Le Tigre a tenté de barrer la route à Poincaré, son ennemi politique, mais Poincaré est élu, avec une carrière et un physique comparables à Fallières. Son premier septennat sera bouleversé par la plus grande tragédie du siècle.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je vote pour Pams parce que c’est le plus bête ! »2560
Georges CLEMENCEAU, La Légende du siècle : l’Est républicain, 1889-1989 (1989), Michel Caffier
L’argument avait déjà servi contre, ou plutôt pour un autre président, Sadi Carnot, élu en 1887. Jules Pams (encore un Jules !), ministre de l’Agriculture, radical-socialiste, homme aimable, très riche et inoffensif, était proposé par les groupes de gauche. Cette fois, ça n’a pas marché.
« Vive les camelots du roi, ma mère ! / Vive les camelots du roi.
Ce sont des gens qui s’foutent des lois, / Vive les camelots du roi !
Refrain. Et vive le roi, à bas la république ! / Et vive le roi, la gueuse, on la pendra ! »2552Maxime BRIENNE, paroles et René de BUXEUIL, musique, Chanson des camelots du roi
La droite monarchiste a son grand homme, Charles Maurras. « Les Camelots du Roi » se recrutent parmi ses disciples, pour vendre son journal L’Action Française. Ils se feront bientôt commandos défendant le « nationalisme intégral ». Le mouvement touche les milieux intellectuels et catholiques parisiens, où libéralisme et socialisme sont en perte de vitesse.
« Depuis quelque temps, c’est du délire !
En Europe, il se fait un boucan !
Ça n’est pas très drôle et je peux dire
Que nous dansons sur un volcan. »2567Victor TOURTAL, Le Conflit européen, chanson, 1914
Titre de chanson et de journal. Les sujets de discorde s’accumulent. La France veut prendre sa revanche et récupérer l’Alsace et la Lorraine. L’Allemagne effraie par son pangermanisme et ses ambitions coloniales. Russie et Autriche-Hongrie s’opposent sur les Balkans. L’attentat de Sarajevo (assassinat de l’archiduc d’Autriche, 28 juin 1914) met le feu à la poudrière européenne.
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