Au fil des siècles, les mères se trouvent présentes dans l’Histoire en citations à divers titres, sous la plume de noms plus ou moins célèbres. Voici quelques exemples.
« Rien n’est plus négligé que l’éducation des filles. La coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout. »905
(1651-1715), Traité de l’Éducation des filles (1687)
Traité écrit quelques années avant sa publication pour la duchesse de Beauvilliers, fille de Colbert dont il est le directeur spirituel. Fénelon professe déjà des idées pédagogiques d’avant-garde, même par rapport au siècle des Lumières et à Rousseau qui aura peu d’égard pour les filles : « On suppose qu’on doit donner à ce sexe peu d’instruction. L’éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public. »
Théologien, archevêque de Cambrai, Fénelon est surtout précepteur de Louis de France, duc de Bourgogne et fils du Grand Dauphin (destiné à régner, mais mort avant le roi). Il compose à son intention Les Aventures de Télémaque (1699), œuvre édifiante qui apporte plus qu’une nuance à la notion de monarchie absolue. Ses vues politiques hardies vont déplaire à Louis XIV qui l’exilera dans son diocèse - son conflit avec Bossuet est une autre raison à sa disgrâce.
Il représente un courant d’opinion et d’opposition qui se dessine dans la seconde partie du règne, avec les ducs de Saint-Simon, Beauvillier, Chevreuse. Et annonce la philosophie des Lumières.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Proposez ce qui est faisable, ne cesse-t-on de me répéter. C’est comme si l’on me disait : proposez de faire ce que l’on fait […] Pères, mères, ce qui est faisable est ce que vous voulez faire. »1052
ROUSSEAU, L’Émile ou De l’Éducation (1762)
Pionnier des idées nouvelles en matière d’éducation, mais… « La femme est faite pour céder à l’homme et pour supporter même son injustice. » La petite Sophie n’aura pas les mêmes chances qu’Émile dans la vie. Quant aux cinq enfants de Rousseau et Thérèse Levasseur, ils sont abandonnés aux Enfants trouvés.
« Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher. »1106
MARIE LECZINSKA, femme de Louis XV, en 1737. Les Rois qui ont fait la France, Louis XV le Bien-Aimé (1982), Georges Bordonove
Mère de dix enfants (dont sept filles) en dix ans de mariage. Dernière grossesse difficile, elle doit se refuser à son époux, il s’en offusque et s’éloigne d’elle. Toujours amoureuse, elle sera malheureuse - l’une des reines les plus ouvertement trompées.
« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère. »2000
Mgr Hyacinthe-Louis de QUÉLEN, 125e archevêque de Paris (de 1821 à sa mort)
Restauration. Très en cour auprès de Louis XVIII et Charles X, élu à l’Académie française, il attribua cet honneur à la religion et non à ses titres académiques. Membre de la Chambre des Pairs, il lâcha cette célèbre formule en plein sermon. Une perle rare, dans le genre.
« J’aime la France comme ma mère, mais ma mère ne voudrait pas que je meure, fût-ce pour elle. »2700
Henri JEANSON, Dictionnaire des citations de l’histoire de France (1990), Michèle Ressi
Troisième République, entre-deux-guerres. Mot d’un des plus fameux scénaristes-dialoguistes de films, munichois de gauche comme il y en eut beaucoup. Toutes les familles, tous les partis politiques se divisent entre pacifistes et bellicistes.
« Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »2913
CAMUS, à Stockholm, 5 octobre 1957. Réponse à un étudiant algérien, partisan du FLN, qui l’interpelle à sa remise du prix Nobel
Mot retourné contre son auteur, non sans injustice. Sa mère (qui vit à Alger en guerre), à moitié sourde et analphabète, est l’objet d’un culte et d’une tendresse infinie. Mais la justice est une valeur essentielle, défendue par l’auteur des Justes.
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