Napoléon et les femmes.
Filon du sexisme, source inépuisable d’humour au fil de l’Histoire en citations. En réaction contre le XVIIIe siècle relativement émancipateur et une idéologie révolutionnaire démocratique, Napoléon se surpasse dans le genre, volontairement ou parfois inconsciemment.
« Eh bien ! duchesse, aimez-vous toujours autant les hommes ? — Oui Sire, quand ils sont polis. »1778
(1769-1820), répondant librement à (1769-1821), vers 1806
Revue politique et littéraire : revue bleue, volume I (1875).
La duchesse reste dans l’histoire sous le nom d’Aimée de Coigny - qui inspira le poème de La Jeune Captive à André Chénier. Elle écrira bientôt ses Mémoires, comme tant de gens lettrés à l’époque.
Quant à l’empereur, sa goujaterie est proverbiale. Dans les salons, il ne se gêne pas pour apostropher une dame en ces termes : « Cette robe est sale, vous n’en changez donc jamais ? » ou encore : « Quelle déception ! On m’avait assuré que vous étiez jolie ». Personne n’ose répliquer à l’empereur, hormis la duchesse de Fleury, revenue d’émigration avec une réputation de galanterie.
Seul être féminin qui trouve grâce à ses yeux : Madame mère. Marie Letizia Ramolino a eu treize enfants, huit ont survécu, élevés à la dure. Une femme de tête, entrée dans la résistance corse contre l’annexion de la France, en même temps que son mari ! Elle refusa de participer au couronnement de l’empereur et de se soumettre à l’étiquette imposée par son fils, qui exige qu’on lui baise la main. Napoléon aura beau tempêter, trépigner : « Mais je suis l’empereur ! », il se verra répondre : « Oui, mais vous êtes mon fils. » Elle figure toutefois, en bonne place, dans Le Sacre peint par David.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien […] Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants […] Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. »1823
NAPOLÉON Ier, Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby
Créant la maison d’éducation des jeunes filles de la Légion d’honneur d’Écouen (15 mai 1807), il précise : « Élevez-nous des croyantes et non pas des raisonneuses. » Sa misogynie apparaît clairement dans le Code civil de 1804 (par ailleurs remarquable) : « La femme doit obéissance à son mari. »
« J’écris au ministre de la Police d’en finir avec cette folle de Mme de Staël, et de ne pas souffrir qu’elle sorte de Genève, à moins qu’elle ne veuille aller à l’étranger faire des libelles. »1822
NAPOLÉON Ier à Regnault de Saint-Jean-d’Angély, procureur général de la Haute Cour, 20 avril 1807
L’empereur est de plus en plus irrité par cette femme intelligente, courageuse et cultivée, qui le défie et le déteste d’autant plus qu’elle voulut se faire aimer de lui, jadis. Certainement pas le genre de maîtresse qu’il recherchait !
« Je me donne des ancêtres. »1844
NAPOLÉON Ier, château de Compiègne, 27 mars 1810. Metternich (1965), Henry Vallotton
« Ivre d’impatience, ivre de félicité », il apprend la valse (viennoise) et attend sa femme, archiduchesse d’Autriche, descendante de Charles Quint, petite-nièce de Marie-Antoinette. Il évoque volontiers « ma malheureuse tante Marie-Antoinette » et « mon pauvre oncle Louis XVI ».
« C’est un ventre que j’épouse. »1846
NAPOLÉON Ier, Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot
Séparé de Joséphine, pour assurer sa succession, il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage, le 1er avril 1810. Marie-Louise a 18 ans, il vit trois semaines de lune de miel, elle lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome.
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »1845
Prince de LIGNE, L’Europe et la Révolution française (1904), Albert Sorel
Il commente le mariage impérial, en authentique et vieux prince autrichien, avec des références mythologiques familières à son temps. Mais qui pense à l’humiliation du père de la mariée, François Ier d’Autriche, empereur romain germanique ?
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