La Révolution s’emballe. Les extrémistes l’emportent sur les modérés, jusqu’à la fin de la Terreur. Jamais l’opposition entre pauvres et riches n’aura été plus violente, dans les faits ! Après quoi, la pensée reprendra ses droits et le socialisme deviendra l’idée force du XIXe s.
« Quelle est ma loi ? demanderez-vous. Je réponds : la loi naturelle, celle qui dit : « Pauvres, allez chez les riches ; filles, allez avec les garçons ; obéissez à tous vos instincts ! » »1499
(1759-1794), Discours devant le Comité révolutionnaire de Castres, printemps 1793
Lasource, député à la Législative et à la Convention (1889), Camille Rabaud.
Conventionnel, capucin défroqué, coquin porté sur la bonne chère et la chair des jolies filles, et cependant évêque constitutionnel de Blois, auteur d’un Catéchisme des Sans-culottes, plus tard promoteur du culte de la déesse Raison.
La Révolution, c’est aussi ce genre de personnage et sa voix porte, dans le climat ultra-révolutionnaire du Paris des sans-culottes. Cet auditoire lui tient particulièrement à cœur, en vertu de sa métaphore christique d’ailleurs répandue sous la Révolution : « Le citoyen Jésus-Christ a été le premier sans-culotte du monde. » (Catéchisme des Sans-culottes).
D’autres révolutionnaires, moins folkloriques mais tout aussi éloquents et logiques, prêchent la guerre civile dans une surenchère tragique et un contexte de guerre étrangère qu’il ne faut jamais oublier, pour comprendre la Révolution dans tous ses excès - sans la justifier pour autant !
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« C’est ici la guerre ouverte des riches contre les pauvres ; ils veulent nous écraser ; eh bien ! il faut les prévenir et les écraser nous-mêmes ; nous avons la force en main. »1530
Pierre-Gaspard CHAUMETTE, 4 septembre 1793 à la Commune de Paris (Hôtel de Ville)
Extrémiste hébertiste, il revendique la pauvreté qu’il a vécue. La Terreur est mise à l’ordre du jour par décret de la Convention, le 5 septembre. Les sans-culottes veulent une répression expéditive des « méchants » : comploteurs, affameurs, traîtres à la patrie, contre-révolutionnaires et autres suspects.
« Disparaissez enfin, révoltantes distinctions de riches et de pauvres, de grands et de petits, de maîtres et de valets, de gouvernement et de gouvernés. »1661
Sylvain MARÉCHAL, Manifeste des Égaux, programme rédigé fin 1795, devenu la Charte de la conspiration des Égaux
Babeuf, Buonarroti et quelques conjurés forment un « Directoire secret » pour renverser l’autre, le vrai. L’âme en est Gracchus Babeuf, rescapé de la Terreur, « mélange de terrorisme et d’assistance sociale », selon Maxime Leroy (Histoire des idées sociales en France). Ces idées annoncent le communisme des deux siècles suivants.
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