Pavie, désastre historique ! 1525. Dix ans après la mémorable victoire de Marignan.
Là encore, tout s’explique en quelques citations ! Dont la première n’est que trop connue, mais résonne fièrement. D’où sans doute sa popularité.
« Tout est perdu, fors l’honneur. »453
(1494-1547), Lettre à Louise de Savoie après la bataille de Pavie, 25 février 1525
Histoire de François Ier et de la Renaissance (1878), Eugène de la Gournerie.
L’histoire a retenu cette citation « incontournable ». L’idée est juste, la forme exacte est : « Madame, pour vous avertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne m’est demeuré que l’honneur et la vie qui est sauve. »
À chaque grande bataille, le roi écrit à sa mère, présentement régente et toujours fière de son « César triomphant ». Mais cette fois, c’est une défaite, et même le pire désastre militaire du règne. Le roi, assiégeur devenu assiégé, donc piégé, est passé à l’assaut, courageux, mais brouillon, et contre l’avis des vétérans qui l’entouraient. Piètre stratège, il a placé son artillerie, l’une des meilleures d’Europe, derrière sa cavalerie, lui ôtant toute efficacité.
La sixième guerre d’Italie tourne à la catastrophe : le Milanais est reperdu, le duc de Bourbon, ex-connétable de France passé du côté de Charles Quint, a attaqué la Provence, bombardé Marseille, pris Aix. Et le roi est fait prisonnier à Pavie, où de grands capitaines sont tués, tels La Trémoille, La Palice.
« Hélas, La Palice est mort / Il est mort devant Pavie
Hélas ! s’il n’était pas mort / Il serait encore en vie. »454La Mort de La Palice, chanson de 1525
Cette chanson populaire a une longue histoire. À l’origine, elle célèbre la vaillance de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, chambellan du roi, maréchal de France, héros de toutes les grandes batailles des guerres d’Italie avec Charles VIII. Parcours comparable à celui de Bayard (héros de Marignan, 1515), mort un an plus tôt, couvrant la retraite de l’armée française, honoré et pleuré même par ses ennemis.
Bravoure égale de La Palice, chantée par les Français : « Un quart d’heure avant sa mort / Il faisait encore envie », ou bien, autre version : « Un quart d’heure avant sa mort / Il était encore en vie », c’est-à-dire plein de courage, jusqu’à sa dernière heure. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’on déforme le sens de ces vers, pour n’en retenir que la naïveté et en faire une « lapalissade », injustement associée au nom du seigneur de La Palice.
« Peut-être que l’heure du royaume de France est venue. »455
Martin LUTHER (1483-1546), à la nouvelle du désastre de Pavie, fin février 1525
Allemand et protestant, le père de la Réforme manifeste sa haine de la France catholique. Et Henri VIII, le roi d’Angleterre, pleure de joie devant le corps diplomatique, cependant que Londres illumine pour fêter la nouvelle.
« Pour mon honneur et celui de ma nation, je choisirai plutôt honnête prison que honteuse fuite. »456
François Ier (1494-1547), Lettre aux Grands du Royaume et aux Compagnies souveraines, 1525
Après la défaite de Pavie, le roi reste prisonnier près d’un an à Madrid (Charles Quint est aussi roi d’Espagne). Louise de Savoie assure la régence. Le peuple en mal de son roi chante : « Quand le roi partit de France / À la malheur il partit. » Et François se fait poète, après Pavie : « Vaincu je fus et rendu prisonnier. / Parmi le camp en tous lieux fus mené. / Pour me montrer, ça et là promené. »
Pour se libérer, François laisse en otage ses deux fils (ce n’est pas un mauvais père, la pratique est assez courante) et se décide à signer l’inacceptable traité de Madrid, imposé par l’empereur Charles Quint. Libéré, il ne respectera pas les clauses (pratique encore plus courante). La troisième guerre contre Charles Quint commence. Milanais reconquis, reperdu. La paix de Cambrai (ou paix des Dames) ne sera qu’un compromis (1529) avant la prochaine guerre. Le roi conserve la Bourgogne, récupère ses fils sur la Bidassoa (1530), mais ne peut renoncer à l’Italie qui le fascine.
Pavie fut un désastre aussi mémorable et historique que Marignan, une victoire.
Notre portrait de François Ier en citations :
- François Ier : « Car tel est notre plaisir. »
- François Ier : « Je suis délibéré de vivre et mourir avec vous. »
- Rabelais : « Les nerfs des batailles sont les pécunes. »
- François Ier : « Le soleil chauffe pour moi comme pour les autres… »
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