Troisième République (1870-1940).
La France est à nouveau fière d’être française, à divers titres - économiques, patriotiques, civilisationnels. Elle est enfin républicaine, quoique toujours divisée sur divers sujets - politique coloniale, amputation de l’Alsace-Lorraine. Ajoutons qu’elle est majoritairement antisémite - l’Affaire Dreyfus, la plus grave crise de cette époque, aura des retombées jusqu’à la Seconde Guerre mondiale !
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« La France est un éblouissement pour le monde. »2460
Léon GAMBETTA (1838-1882), Inauguration de la troisième Exposition universelle de Paris, 1er mai 1878
Comme le Second Empire, la Troisième République est portée par la vague du progrès scientifique et technique et par l’avènement de la civilisation industrielle. Les deux autres Expositions universelles qui se tiendront à Paris avant 1914 (en 1889 et 1900) en témoigneront.
« Et la France dit à ses gouvernants […] : Quand me débarrasserez-vous de ce haillon de guerre civile ? »2469
Léon GAMBETTA (1838-1882), Discours et plaidoyers choisis. Sur l’amnistie des Communards (1880)
L’amnistie totale sera votée le 11 juillet 1880. Dès avril 1873, elle était au programme du député radical Barodet.
« Buvons à la France, mais à la France tout entière, Monsieur le ministre de Prusse ! »2471
Sarah BERNHARDT (1844-1923), en tournée au Danemark, automne 1880. Ma double vie, Mémoires de Sarah Bernhardt (1907)
Star du théâtre français, elle a fait preuve de son patriotisme pendant la guerre de 1870. Lors d’une triomphale tournée en Europe, elle entend le baron Magnus porter ce toast : « Je bois à la France qui nous donne de si grands artistes ! À la France, à la belle France que nous aimons tous. » D’où la cinglante réplique de la comédienne. L’orchestre fait éclater La Marseillaise (les Danois détestent les Allemands, à l’époque). Bismarck s’indigne et on frise l’incident diplomatique.
« Qui vive ? La France ! »2475
Paul DÉROULÉDE (1846-1914), devise et mot d’ordre de la Ligue des patriotes fondée en 1882
Volontaire de la guerre franco-allemande de 1870-1871, Déroulède incarne un patriotisme nationaliste et revanchard qui va faire beaucoup de bruit et déchaîner pas mal de fureurs, jusqu’à la prochaine guerre.
Mais l’homme est bien différent de la caricature qu’on en fit et il le confiera aux frères (Jérôme et Jean) Tharaud : « Je sais bien ce qu’on me reproche. On dit de moi : Déroulède c’est un exalté ou un simple. Je ne suis ni l’un ni l’autre ; je ne suis ni fou ni sot (…) En réalité, rien n’est plus simple, plus logique, plus sage que ma vie. Oui, j’ai voulu la guerre, la revanche. Mais avant de l’entreprendre, j’ai voulu que nous fussions prêts. »
« Mon patriotisme est en France ! »2478
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 30 mars 1885
Le « Tigre » fait bloc avec les adversaires de Jules Ferry (détesté aussi de la droite) et réplique au chef du gouvernement : « Nous ne vous connaissons plus, nous ne voulons plus vous connaître […] Ce ne sont plus des ministres que j’ai devant moi […] Ce sont des accusés de haute trahison (…) » Pour Clemenceau, la politique coloniale est « trahison », parce qu’elle détourne la France de « la ligne bleue des Vosges » et rend impossible la revanche. Le pays n’est pas assez riche en hommes et en crédits pour se battre sur deux fronts à la fois : l’Alsace-Lorraine et des terres lointaines. Le ministère Ferry est renversé (…) Ferry reste surtout comme un grand ministre de l’Instruction publique, promoteur de l’école laïque.
« Il reviendra quand le tambour battra,
Quand l’étranger m’naç’ra notre frontière
Il reviendra et chacun le suivra
Pour cortège il aura la France entière. »2485Refrain populaire en l’honneur du général Revanche (1887), chanson
8 juillet 1887, la foule se masse à la gare de Lyon, pour empêcher le départ de son idole. La popularité de Boulanger gêne les républicains qui ont par ailleurs jaugé le personnage, irresponsable et bien léger (…) Le voilà expédié à Clermont-Ferrand, pour commander le 13e corps d’armée. Mais le voilà aussi éligible. Quand survient une nouvelle crise.
« Un jour la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur. »2518
Émile ZOLA (1840-1902), La Vérité en marche, déclaration au jury. L’Aurore, 22 février 1898
Le procès Zola en cour d’assises (7-21 février 1898) fit connaître l’affaire Dreyfus au monde entier. Formidable tribune pour l’intellectuel converti aux doctrines socialistes et aux grandes idées humanitaires ! (…)
« La révision du procès de Dreyfus serait la fin de la France. »2520
Henri ROCHEFORT (1831-1913), 1er mai 1898
(…) Son journal, l’Intransigeant, dénonce le syndicat des dreyfusards et soutient le camp des antidreyfusards, très majoritaires, mais plus ou moins militants (…) Citons Charles Maurras, théoricien du « nationalisme intégral », La Ligue de la Patrie française, plus modérée, La Ligue des patriotes, créée par Paul Déroulède (…) Beaucoup d’officiers sont antidreyfusards par esprit de corps. Et trois hommes politiques célèbres se déclarent contre la révision du procès : Cavaignac, ministre de la Guerre, Félix Faure, président de la République, Jules Méline, président du Conseil (…) La révision aura lieu.
« Cela ne fait pas un homme de moins en France. Néanmoins, voici une belle place à prendre. »2523
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), L’Aurore, au lendemain de la mort de Félix Faure, fin février 1899
Ce mot cruel rappelle certaines sorties de scène historiques plus ou moins ratées, mais il faut dire que le bilan du président défunt est assez nul, et qu’il était notoirement antidreyfusard (…)
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