Question religieuse, récurrente et clivante. Un thème passionnel, politiquement hypersensible jusqu’en 1905 (loi de séparation des Églises et de l’État) et au-delà. Au XXIe siècle, les religions font débat dans le monde, au même titre que la tolérance, la démocratie, la République… « Gloire aux pays où l’on parle… » dira Clemenceau.
« Je sens une odeur de sacristie qui monte. »2433
(1804-1876), Lettre à Flaubert (1873)
Cent Ans de République (1970), Jacques Chastenet.
Le régime d’attente et de conservatisme fait l’objet de très vives attaques. Les républicains, en province, agitent devant les paysans l’épouvantail d’une restauration qui, en même temps qu’un roi, risque de ramener la dîme et les privilèges nobiliaires - « fake news », rumeurs et autres formes de désinformation aussi vieilles que l’Histoire ! Les bonapartistes, souvent anticléricaux eux aussi, mènent à nouveau campagne et vont connaître un regain de popularité aux élections partielles - les Français ont la mémoire courte.
La correspondance entre Sand et Flaubert est un dialogue pris sur le vif signé de ces deux « vieux troubadours » autoproclamés. Entre humour mordant et confidence émue, on traite des amis écrivains, de la littérature florissante, des affres de la création, des êtres chers, mais aussi de politique au jour le jour. Comme Lamartine, Dumas, Hugo, Baudelaire et bien d’autres auteurs témoins, parfois acteurs et le plus souvent enthousiastes, ils ont le cœur à gauche et vibrent passionnément, conscients de vivre une époque formidable à tous les sens du mot.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le duc de Broglie caresse la France, mais c’est à rebrousse-poil ! »2430
Edmond ABOUT, Cent ans de République (1970), Jacques Chastenet
Écrivain et journaliste politique, cet anticlérical déplore les mesures prises par le nouveau ministère. L’« ordre moral », c’est d’abord le renforcement de la puissance de l’Église catholique et de son ascendant sur les masses pratiquantes.
« La République, en France, a ceci de particulier que personne n’en veut et que tout le monde y tient. »2388
Comte de GOBINEAU, La Troisième République française et ce qu’elle vaut (1873)
Écrivain et diplomate, il exprime parfaitement la situation. Le pays est à l’image de l’Assemblée en majorité monarchiste (400 royalistes, 150 républicains modérés et radicaux, 80 « centristes », 15 bonapartistes). Rappelons qu’à l’époque, il n’existe pas encore de grande nation républicaine en Europe - et la République fait peur.
« Républicains. – Les républicains ne sont pas tous des voleurs, mais les voleurs sont tous républicains. »2389
Gustave FLAUBERT, Dictionnaire des idées reçues (posthume, 1913)
C’est à peine une caricature des préjugés bourgeois, dans les années 1870. La Commune insurrectionnelle de Paris a terrifié la France monarchiste et paysanne, ravivant le souvenir pas si lointain de la Deuxième République et des émeutes de juin 1848, sans parler de la Terreur de 1793 sous la Révolution, notre « Première République ».
« Radicalisme. – D’autant plus dangereux qu’il est latent. La république nous mène au radicalisme. »2532
Gustave FLAUBERT, Dictionnaire des idées reçues (posthume, 1913)
Vrai et faux, comme tant d’idées reçues. La République a bien mené au radicalisme, mais parvenu au pouvoir en 1899, le parti radical n’a plus le même sens et ne fait plus peur, même si une minorité conservatrice l’a toujours en horreur.
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