Beaucoup d’animaux au rendez-vous de l’histoire, mais sans doute moins d’humour au XXe siècle, le plus tragique de tous. Le chien est gagnant. Mais le coq (gaulois) résiste, comme le renard.
« L’armistice vient d’être signé par Lloyd George qui ressemble à un caniche, par Wilson qui ressemble à un colley et par Clemenceau qui ressemble à un dogue. »2614
(1882-1944), Suzanne et le Pacifique (1921)
Fin de la Première Guerre mondiale. Un vrai chenil politique au rendez-vous de la victoire.
Diplomate et romancier, puis auteur dramatique, Giraudoux fait carrière aux Affaires étrangères de 1910 à 1940. L’armistice est signé le 11 novembre 1918, dans un wagon-salon près de la gare de Rethondes. Il impose à l’Allemagne l’évacuation des territoires envahis, de la rive gauche du Rhin, ainsi que d’une zone de 10 km sur la rive droite ; la livraison de matériel de guerre (canons, mitrailleuses, sous-marins, navires) pour prévenir toute reprise des hostilités ; la restitution immédiate des prisonniers de guerre.
« Ami, entends-tu / Le vol noir / Des corbeaux / Sur nos plaines ?
Ami, entends-tu / Ces cris sourds / Du pays / Qu’on enchaîne ? »2798Joseph KESSEL (1898-1979) et Maurice DRUON (1918-2009), neveu de Kessel, paroles, et Anna MARLY (1917-2006), musique, Le Chant des partisans (1943)
Seconde Guerre mondiale. Oiseaux de malheur, les corbeaux sont de retour dans cette marche au rythme lancinant : « Ohé Partisans / Ouvriers / Et paysans / C’est l’alarme / Ce soir l’ennemi / Connaîtra / Le prix du sang / Et des larmes… » La Résistance, devenue un phénomène national, mêle tous les milieux, tous les courants d’opinion, toutes les régions, recréant une union sacrée contre l’ennemi dont la présence se fait insupportable.
« Notre système, précisément parce qu’il est bâtard, est peut-être plus souple qu’un système logique. Les “corniauds” sont souvent plus intelligents que les chiens de race. »2935
Georges POMPIDOU (1911-1974), Le Nœud gordien (1974)
Témoignage de président de la République, Premier ministre sous de Gaulle, père de la Ve et conscient de cette particularité institutionnelle : « Notre Constitution est à la fois parlementaire et présidentielle, à la mesure de ce que nous commandent à la fois les besoins de notre équilibre et les traits de notre caractère. » Conférence de presse, 11 avril 1961. Réponse à qui reproche au nouveau régime de n’être ni parlementaire – type IIIe ou IVe République – ni présidentielle comme aux États-Unis. Quant aux chiens, ils reviennent fidèlement dans notre histoire.
« Le coq gaulois faisait l’autruche. »3167
Olivier CHEVRILLON (né en 1929), Le Point, 14 avril 1980
L’autruche fait une apparition, associée au coq national. Le journaliste dénonce l’insouciance du gouvernement après le premier choc pétrolier de 1973 et sa volonté de sauver à tout prix le pouvoir d’achat, ce qui coûte cher à l’économie nationale : « Spirale suicidaire : gonflement des salaires nominaux, laminage des profits (donc des capacités de reconversion), déficit du commerce extérieur, effondrement certain, à terme, du niveau de vie. »
« La liberté de la droite, c’est en réalité celle du renard dans le poulailler. »3242
Pierre MAUROY (1928-2013), Congrès du PS à Bourg-en-Bresse, 29-30 octobre 1983
Pour la gauche revenue au pouvoir en 1981, le temps est venu de la rigueur. Il faut galvaniser les troupes sur un sujet porteur : la liberté de la presse. Le groupe Hersant est visé. Dès fin novembre, le Conseil des ministres adopte un projet de « loi antitrust pour assurer le pluralisme et la transparence de la presse ». L’opposition flaire une loi scélérate et liberticide. L’Assemblée connaît à nouveau des débats passionnés.
« Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et, finalement, sa vie. »3306
François MITTERRAND (1916-1996), Discours aux funérailles de Pierre Bérégovoy, 4 mai 1993
Le président défend la mémoire de son ex-Premier ministre et ami : Bérégovoy s’est tiré une balle dans la tête le 1er mai, après un acharnement médiatique injuste. La presse reprochait à cet homme honnête, luttant contre la corruption et les corrompus, un prêt sans intérêt, pour une somme relativement modeste (un million de francs). Cet ancien militant, fidèle à ses convictions comme à ses amis, mais attaqué, puis lâché par les siens et notoirement déprimé, se reprochait surtout la défaite de la gauche, aux législatives de mars 1993.
Feuilletez les 20 premières pages
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.