Les années Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand
Personnage de Valéry Giscard d’Estaing
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« La France souhaite être gouvernée au centre. »3088
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Discours de Charenton, 8 octobre 1972
Idée-force, idée simple, mais paradoxe apparent, dans un pays fortement bipolarisé, gauche contre droite et vice versa. Giscard d’Estaing, seul président centriste, déclinera ce thème tout au long du septennat : La France souhaite, veut, doit être, sera… gouvernée au centre (…)
« Je ne veux pas être le diviseur des Français. »3089
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), interview à La Croix, 25 novembre 1979
(…) Le président prêche la « décrispation », multiplie les contacts avec les dirigeants syndicaux et politiques, les apparitions a la télévision en renouvelant le style « causeries au coin du feu », les déplacements en province, et ne manque pas une occasion de se présenter comme l’homme en charge de la France, au-dessus des partis. En avril 1979 : « Le président de la République ne se mêle pas au tohu-bohu des discussions politiques. »
« Pour définir mon attitude, je dirai que je suis un traditionaliste réformateur. »3090
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Deux Français sur trois (1984)
(…) Au-delà des réformes purement formelles et médiatiques, même les observateurs les plus critiques doivent reconnaître les vraies réformes de société dans les deux premières années du septennat : dépénalisation de l’avortement et loi sur l’IVG, majorité civique a 18 ans, divorce par consentement mutuel : « Je suis un libéral inguérissable », dit-il en remettant le prix Tocqueville à un sociologue américain, le 5 décembre 1980 (…)
« Trop sûr de soi, trop haut de ton, trop intelligent, trop riche, trop cérébral, trop loin d’électeurs qui souhaitent d’abord que le président soit proche de leurs problèmes, tous ces “trop” devaient nuire à Giscard dans l’esprit d’un peuple qui désire que Poulidor ait sa chance et qu’agace, après l’avoir séduit en 1974, une supériorité trop constamment affichée sans qu’elle se soit traduite, dans leur vie quotidienne, par de mirobolants résultats. »3091
Henri AMOUROUX (1920-2007), Ce que vivent les roses (1983)
(…) De Gaulle aurait dit jadis : « Giscard, ce qui lui manque, c’est le peuple ! » Le Monde a titré sur ce « fils du château parvenu au palais », et selon Serge July, patron de Libération : « Giscard est un politicien de laboratoire. »
Ses efforts médiatiques ne changeront pas vraiment cette image : le président invitant les éboueurs au petit-déjeuner à Noël ou se faisant inviter à dîner une fois par mois chez des Français moyens pour y manger des œufs brouillés comme tout le monde (…)
« Il avait une très haute conception de la fonction présidentielle et l’assuma avec la plus grande conscience. Il était par-dessus tout soucieux de l’unité des Français et de leur bonheur […] Il veilla à ce que notre pays s’adaptât au nouvel état du monde et demeurât dans le peloton de tête des nations. Justice à cet égard lui sera rendue. »3092
Raymond BARRE (1924-2007), Questions de confiance. Entretiens avec Jean-Marie Colombani (1988)
(…) A la décharge du président, Barre plaide la conjoncture défavorable, une crise qui met fin aux Trente glorieuses : « Il souffrait de ne pouvoir faire le bonheur des Français, alors que l’économie française était soumise à de grands bouleversements : disparition du système monétaire international, premier puis deuxième choc pétrolier. »
« Ne nous laissons pas accabler par les rhumatismes de l’histoire. »3093
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), vœux télévisés du 31 décembre 1976
De tous les présidents de la Cinquième République, le seul à avoir explicitement considéré le passé comme un poids dont il faut se libérer. Pour preuve, en 1975, il supprime la commémoration du 8 mai 1945 (rétablie par son successeur, Mitterrand, des 1981).
Giscard d’Estaing, président le plus jeune (élu a 48 ans), se veut moderne et sensible au désir de changement dans le pays (…)
« Le drame de Giscard est qu’il ne sait pas que l’histoire est tragique. »3094
Raymond ARON (1905-1983). Le Pharaon (1983), Jean Bothorel
Le 26 juin 1979, Aron s’est rendu a l’Élysée avec Sartre, son ami ennemi de toujours, et quelques camarades, pour sensibiliser le président a la situation d’extrême péril des « boat people » vietnamiens : réfugiés fuyant le régime communiste d’Hanoi par la mer, victimes des gardes-côtes, des pirates, ou tombant des embarcations surchargées. Au total, quelque 200 000 morts, hommes, femmes et enfants, en quatre ans.
C’est à l’occasion de ce rendez-vous que Raymond Aron, journaliste engagé, fait cette remarque. Et le président promet d’accorder les visas aux réfugiés du bateau français Île de Lumière, affrété par Bernard Kouchner et Médecins sans Frontière (…)
« Aucun roi de France n’aurait été réélu au bout de sept ans. »3095
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), à ses fidèles, confidence citée dans Le Nouvel Observateur (1984)
Inconsolable de ce septennat non renouvelé, il en parle et se confie à la télévision : « On ne guérit pas les plaies en les léchant avec une langue de bois » (…)
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