France/Angleterre. Quelle histoire ! La guerre fait rage au Moyen Âge. Un duc de Normandie franchit la Manche, passe à l’attaque et prend la couronne d’Angleterre. Jeu inversé dans la guerre de Cent Ans : le roi d’Angleterre veut les deux couronnes. Jeanne d’Arc va s’illustrer dans cet épisode héroïque.
« Par les splendeurs de Dieu ! Cette terre, voilà que je l’ai saisie dans mes mains. Elle ne nous échappera plus ! »162
(vers 1027-1087), débarquant en Angleterre, 29 septembre 1066
Histoire de Guillaume le Conquérant (biographie inachevée), Guillaume de Poitiers, historien contemporain.
Son cheval trébuchant sur le rivage anglais, tombé sur le sable, il veut ainsi conjurer le mauvais sort. Guillaume de Normandie, dit le Bâtard, devient Guillaume le Conquérant, à Hastings (14 octobre) et continue l’aventure. Le voilà Guillaume Ier roi d’Angleterre, sacré dans l’abbaye de Westminster, à Noël - 25 décembre 1066. Il guerroie encore dix ans pour s’imposer aux seigneurs saxons et constituer un État anglo-normand. Mais sa puissance porte ombrage au roi de France, Philippe Ier : dix ans de lutte, ça finit avec la mort de Guillaume devant Mantes (1087).
Ses trois fils se partagent son royaume, la Normandie change souvent de maître. Province reconquise par la France en 1204, l’Angleterre y renonce officiellement au traité de Paris (1259).
« Le roi d’Angleterre n’a nul droit de contester mon héritage. J’en suis en possession et défendrai mon droit de tout mon pouvoir contre tout homme. »280
PHILIPPE VI DE VALOIS (1294-1350), 24 mai 1337
Histoire de France racontée par les contemporains (1880), Achille Luchaire
Édouard III d’Angleterre peut juridiquement prétendre à la succession (comme petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle de France), mais le sentiment national l’a emporté et l’assemblée des barons a choisi le Français, Philippe. Les relations se tendent entre les deux pays. La guerre larvée va devenir guerre ouverte : une guerre dynastique de cent ans !
« Nous conquerrons par notre puissance notre héritage de France, et, de ce jour, nous vous défions et vous tenons pour ennemi et adversaire. » Édouard III à Philippe VI, 19 octobre 1337. Cette « lettre de défi » vaut déclaration de guerre. En 1340, Édouard III se proclame « roi de France et d’Angleterre ». Les Anglais débarquent dans le Cotentin, remontent la Somme et arrivent presque aux portes de Paris, à Crécy.
« Ces bombardes menaient si grand bruit qu’il semblait que Dieu tonnât, avec grand massacre de gens et renversement de chevaux. »283
Jean FROISSART (vers 1337-vers 1400), Chroniques, bataille de Crécy, 26 août 1346
Les canons anglais, même rudimentaires et tirant au jugé, impressionnent les troupes françaises, avec leurs boulets de pierre. L’artillerie anglaise, jointe à la piétaille des archers gallois, décime notre cavalerie réputée la meilleure du monde, mais trop pesamment cuirassée pour lutter contre ces armes nouvelles. À cela s’ajoutent un manque d’organisation total, l’incohérence dans le commandement, la panique dans les rangs.
C’est la fin de la chevalerie en tant qu’ordre militaire. C’est aussi une révolution dans l’art de combattre. Par malheur, les Français n’ont pas compris la leçon. Les chevaliers français, empêtrés dans des armures pesant plus de 20 kg, sont une fois encore décimés par les archers anglais à la bataille d’Azincourt (25 octobre 1415).
« Roi d’Angleterre et vous, duc de Bedford, rendez à la Pucelle qui est ici envoyée par le roi du Ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France. »340
JEANNE d’ARC (1412-1431), Lettre au roi d’Angleterre et au duc de Bedford, 22 mars 1429
Le duc de Bedford est régent, le roi d’Angleterre n’ayant que huit ans. Par le (honteux) traité de Troyes (1420), il cumule les deux couronnes, de France et d’Angleterre.
La chevauchée fantastique de Jeanne et ses compagnons remonte la Loire, pour entrer par le fleuve dans Orléans assiégée par l’ennemi anglais, le 29 avril. Nouvelle victoire à Patay, 18 juin : défaite des fameux archers anglais et revanche de la cavalerie française. L’épopée finit mal pour Jeanne - devenue notre première héroïne nationale.
Les Français ont repris confiance en leurs armes, Charles VII a reconquis la « France anglaise » occupée (le Nord et le Centre), puis Paris et la Normandie. La reconquête de la Guyenne (Aquitaine) est plus difficile, les Bordelais étant attachés à l’Angleterre par des liens séculaires et commerciaux. La victoire de Castillon (17 juillet 1453) est la véritable revanche d’Azincourt. Bordeaux capitule le 19 octobre 1453. Ainsi finit la « guerre de Cent Ans » – nom donné par les historiens du XIXe siècle.
Notre série de citations sur les relations franco-anglaises :
- Voltaire : « Il en a coûté sans doute pour établir la liberté en Angleterre… »
- Louis-Philippe : « La sincère amitié qui m’unit à la reine de la Grande-Bretagne… »
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.