Henri IV multiplie les femmes et les enfants. Duos et duels.
Deux mariages malheureux ont poussé ce grand amoureux dans les bras de maîtresses de plus en plus jeunes - la dernière a 15 ans, il en a 56. Une vie qui fait le bonheur des gazettes et renforce sa réputation de Vert Galant, Gascon et bon vivant.
« Charmante Gabrielle, / Percé de mille dards
Quand la gloire m’appelle / Sous les drapeaux de Mars
Cruelle départie / Malheureux jour
Que ne suis-je sans vie / Ou sans amour ! »608HENRI IV (1553-1610), Chanson
Leçons et modèles de littérature française (1836), P.-F. Tissot
Cette chanson royale n’est pas un modèle de littérature française - Henri IV ne se pose pas en grand rimeur, le mécénat artistique sous son règne étant plutôt le fait de Marie de Médicis, reine venue d’Italie.
La charmante Gabrielle (d’Estrées) est et restera la plus aimée de ses maîtresses. Il lui fait trois enfants (légitimés) et songe même à l’épouser, quand elle meurt subitement, en 1599, peut-être empoisonnée.
Le roi si mal marié avec Marie de Médicis (après annulation de son premier mariage pas vraiment heureux avec la reine Margot) aura bien d’autres femmes : Françoise de Montmorency, Jacqueline de Bueil, Charlotte des Essarts, Henriette d’Entragues parmi les plus célèbres.
« La racine de mon cœur est morte et ne rejettera [repoussera] plus ! »648
(1553-1610), inconsolable à la mort de Gabrielle d’Estrées, 1599
Lettres inédites d’Henri IV et de plusieurs personnages célèbres (1802), préface de A.Sérieys.
Favorite d’Henri IV, de ses 20 ans jusqu’à son décès, Gabrielle d’Estrées rêva de devenir reine de France, en lieu et place de Marguerite de Valois. Elle donne trois enfants à Henri IV, dont César, duc de Vendôme, légitimé.
Le pape ayant annulé le mariage d’Henri IV et de la « reine Margot », les noces avec la belle Gabrielle, la « presque reine… blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante » (Mlle de Guise) sont prévues pour le 10 avril 1599. Elle est alors enceinte de six mois. Dans la nuit du 9 au 10 avril, après avoir bu une citronnade, prise de convulsions, elle meurt quelques heures plus tard. On soupçonne un empoisonnement, l’apoplexie foudroyante restant l’hypothèse la plus probable.
Certains affirment qu’elle fut étranglée par le diable, tant son agonie est atroce et son apparence physique épouvantable. Les témoins décrivent son visage révulsé, qui noircit au point de la rendre méconnaissable. On arrête le roi à Villejuif, alors qu’il accourt pour la voir de Fontainebleau où il séjourne, afin de lui éviter un spectacle si horrible.
Au lendemain de sa mort, Henri IV écrit : « Mon affliction est aussi incomparable que l’était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m’accompagneront jusqu’au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus… » La favorite a droit à des funérailles royales.
« Hâtez-vous de me faire ce fils, de sorte que je puisse vous faire une fille. »651
HENRI IV (1553-1610), Lettre à Henriette d’Entragues, marquise de Verneuil, 1601
Henri IV (1933), Georges Slocombe
À la mort brutale de Gabrielle d’Estrées, il s’est dit inconsolable. Trois mois après, il tombe fou de la nouvelle favorite et lui écrit une promesse de mariage fort bien libellée, car il va se séparer de Margot, toujours sans enfant.
Ce que roi veut… Henriette accouche de ce fils et, deux ans après, d’une fille.
Entre-temps et pour raison d’État, le roi a épousé « la grosse banquière », Marie de Médicis, fille du grand-duc de Toscane, François de Médicis – grande famille patricienne de Florence, banquier de l’Europe depuis la Renaissance italienne du XVe siècle.
« Monsieur l’Ambassadeur, avez-vous des enfants ? »658
HENRI IV (1553-1610)
Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères (1872), Victor Fournel
Le dialogue est banal, mais l’image frappe, souvent reproduite dans les livres d’histoire, perpétuant dans la mémoire des écoliers le personnage du bon roi, dans le rôle de père de famille : l’ambassadeur d’Espagne ouvre une porte et tombe sur Sa Majesté, marchant à quatre pattes, portant son fils (le Dauphin Louis) sur son dos. « Monsieur l’Ambassadeur, avez-vous des enfants ? — Oui, Sire. — En ce cas, je peux achever le tour de la chambre. »
Le non-formalisme de la cour est typique de ce règne. On imagine mal Henri III dans cette situation, non plus que Louis XIII ou Louis XIV ! La présence des enfants à la cour est tout aussi remarquable. D’habitude, on les cache, ou on les déguise en petits adultes.
Outre ses nombreux bâtards, dont certains légitimés (pour la première fois dans notre histoire), Henri IV eut six enfants en dix ans de mariage avec la reine Marie de Médicis : le Dauphin, futur Louis XIII, trois filles qui épouseront chacune un roi, un petit Nicolas de France mort à quatre ans, et Gaston d’Orléans, le frère redoutablement comploteur du futur roi.
« Je voudrais n’être point roi et que mon frère le fût plutôt : car j’ai peur qu’on me tue, comme on a fait du roi mon père. »663
LOUIS XIII (1601-1643), le soir du 14 mai 1610
Journal pour le règne de Henri IV et le début du règne de Louis XIII (posthume, 1960), Pierre de L’Estoile
Henri IV vient d’être poignardé dans la rue par Ravaillac. Le corps est ramené au Louvre, la reine Marie de Médicis se lamente bien fort et les conseillers la prient instamment d’agir « en homme et en roi ».
L’enfant qui n’a pas neuf ans restera traumatisé à jamais par ce drame, où sa mère est sans doute compromise.
La présence des enfants à la cour d’Henri IV est remarquable. D’habitude, on les cache, ou on les déguise en petits adultes… Un roi à l’image de bon père de famille à retrouver dans le tome 2 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
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