Le personnel politique est tenu pour globalement responsable et la politique politicienne commence à lasser, la presse d’opinion (très marquée, à droite ou à gauche) dénonçant le climat social et politique.
« La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »2875
(1884-1970), nouveau président du Conseil, septembre 1948
Évaluation et démocratie participative (2004), Jean-Claude Boval.
La formule lui est prêtée, reflétant une tendance très Quatrième République. Venu de la Troisième, ministre près de vingt fois avant 1940, Queuille a pour méthode de contourner les difficultés. « C’est le docteur tant mieux, le président pas de problème », selon Jacques Fauvet, journaliste du Monde. « C’est de l’immobilisme », dit Pleven qui, devenu président du Conseil, agira de même. Le premier cabinet Queuille (1948-1949) doit faire face à des grèves très dures et procéder à une dévaluation du franc. Après avoir tenu treize mois, il tombe, sa majorité étant trop composite. Il reviendra deux fois : « On prend les mêmes et on recommence. »
Le régime des partis voit s’affronter ceux de gauche (communistes, socialistes SFIO) contre ceux de droite (indépendants et modérés inorganisés, RPF gaulliste), et les centristes (MRP, radicaux, UDSR issue de la Résistance) qui tentent de former une Troisième Force avec divers ralliés, lesquels monnaient leur concours plus ou moins provisoire. De Gaulle s’exaspère : « Le régime des partis, c’est la pagaille. » Et l’impuissance. Cela va durer encore dix ans.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« L’ennui avec nos hommes politiques, c’est qu’on croit faire leur caricature, alors qu’on fait leur portrait. »2844
SENNEP, Potins de la Commère, France-Soir, 18 juin 1958
L’un des plus talentueux caricaturistes de la presse, résolument de droite (venu de l’Action française), mais gaulliste rallié en 1941, dessinateur attitré du Figaro. Il cible tout particulièrement les politiques, en forçant systématiquement le trait : les gros sont énormes, les maigres filiformes, parfois représentés sous forme d’animaux.
« [M. Schuman] entre dans l’hémicycle comme un religieux gagne sa stalle dans le chœur. À la tribune, il pèse longuement ses arguments comme un vieux pharmacien ses pilules. L’auditoire ne s’impatiente pas, il s’endort. »2871
Jacques FAUVET, Le Monde. La Quatrième République (1961), Jacques Fauvet
Président du Conseil élu par l’Assemblée (hormis les communistes) : « M. Schuman, en se gardant d’attaquer le général de Gaulle, en passant sous silence le problème que posait au régime l’essor du Rassemblement, en incarnant seulement l’anticommunisme, en laissant entrevoir la liquidation du dirigisme et la restauration du capitalisme français, répondait à l’attente générale des milieux bourgeois » (P.M. de la Gorce).
« Je vous avertis loyalement, je ne resterai pas cloîtré dans la maison où vous allez m’emmener. Ayant été en prison, je saurai faire des trous dans le mur. »2866
Vincent AURIOL, président de la République. Déclaration du 16 janvier 1947
Il s’exprime ainsi, le jour de son élection, faisant référence à son arrestation en septembre 1940. En toute occasion, il revendiquera l’importance de son rôle, « magistrature morale […] pouvoir de conseil, d’avertissement et de conciliation ». Bref : « Je ne serai ni un président soliveau, ni un président personnel. » Il n’en est pas moins la caution bourgeoise qui rassure.
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