Henri IV a déjà sa place sur notre site (voir l’indexation). Le personnage vaut bien une seconde série de citations, sous forme de duos et duels historiques avec le peuple, Sully, sa femme, les femmes et les enfants.
Épisode 1, Henri IV et le peuple : duel autant que duo. On pense toujours à l’image du « bon roi » aimé du peuple et soucieux que le pauvre paysan ait sa poule au pot du dimanche… Mais rappelons d’abord les insurrections face au pouvoir qui s’affirme et les attentats répétés contre ce protestant devenu catholique, combattu par les deux partis et finalement assassiné.
Ce duo-duel permanent fait entrer Henri IV dans la légende, le jour même de sa mort.
« Un peuple, c’est une bête qui se laisse mener par le nez, principalement les Parisiens. »631
(1553-1610), septembre 1594
Histoire du roi Henri le Grand (1664), Hardouin de Péréfixe.
Henri IV, notre premier Bourbon (reconnaissable au fameux nez bourbonien sur tous ses portraits), fut un grand roi pour la France et reste le plus populaire de tous. C’est un meneur d’hommes - comme Napoléon, dans un autre genre. Il a un contact direct, simple et franc, avec les gens de toute condition.
Il n’empêche que la « bête » ne sera jamais complètement domestiquée par son maître et Paris se retrouvera souvent du côté des Ligueurs (catholiques ultra). Au siècle de Louis XIV, la Fronde parisienne mènera une autre guerre contre l’État. Par la suite, Paris ne cesse de s’opposer, d’étonner le monde (Hugo) et d’effrayer le pouvoir, entre révolte et révolution, manifestations et résistance : « Paris qui n’est Paris qu’arrachant ses pavés… » (Louis Aragon).
« Ventre Saint-Gris ! Comment ne pas être triste de voir un peuple si ingrat envers son roi, qui me dresse tous les jours de nouveaux attentats ! »632
HENRI IV (1553-1610), venant d’échapper à l’attentat de Jean Châtel, 27 décembre 1594
Le roi est chez sa maîtresse tant aimée, Gabrielle d’Estrées. Il manque de peu d’être poignardé au cou, mais se redresse juste à temps. La lame le blesse à la bouche, et lui fait perdre une dent.
Des moines irréductibles poussent au régicide. Ce coup-ci, le Parlement accuse les jésuites : Châtel fut leur élève au collège de Clermont. Les jésuites sont expulsés de France (jusqu’en 1603) et Châtel écartelé, tiré par quatre chevaux en place de Grève. Bien qu’aimé du peuple dont il se sent proche et auquel il parle familièrement comme jamais aucun roi avant ni après, Henri IV restera la cible de fanatiques plus ou moins manipulés par les « vrais » catholiques ou protestants, jusqu’à la fin des guerres de Religion - et même au-delà.
« Voilà de belles clefs ! Mais je préfère encore celles qui m’ouvrent le cœur des habitants ! »638
HENRI IV (1553-1610), au maire de Rennes qui lui remet les clefs de sa ville, 9 mai 1598
La pacification de la Bretagne s’achève devant Rennes, sans plus de résistance. Rappelons que le gouverneur de Bretagne, soutenu par le roi Philippe II d’Espagne, avait pris la tête des derniers ligueurs (catholiques) et jouait du particularisme breton resté très vif, pour tenter d’en faire une principauté indépendante.
Le roi veut en finir avec la guerre religieuse et c’est à Nantes que se tient, en 1598, l’assemblée générale des députés protestants, réunis sans autorisation. Minorité mal tolérée, agressée, donc agressive, les protestants n’ont que méfiance envers le roi renégat - né huguenot. Henri IV va négocier habilement avec quatre de leurs représentants et signe le célèbre édit de Nantes. Acte de tolérance unique en Europe, il met fin à trente-huit années de guerres de Religion en France. Mais il favorise l’existence d’un « État dans l’État », d’autant plus que certaines clauses secrètes renforcent les privilèges reconnus aux protestants – germe de résistance et de futures rébellions.
Ayant échappé à plus de vingt attentats et toujours contesté dans sa personne et sa politique, Henri IV meurt, assassiné.
« Ce n’est rien. »662
HENRI IV (1553-1610), mot de la fin, 14 mai 1610
Histoire du règne de Henri IV (1862), Auguste Poirson
Il vient juste d’être poignardé par Ravaillac : l’homme a sauté dans le carrosse bloqué par un encombrement, rue de la Ferronnerie, alors que le roi se rendait à l’Arsenal, chez Sully son ministre et ami, souffrant. Le blessé a tressailli sous le coup, et redit « Ce n’est rien », avant de mourir.
Le régicide sera écartelé, après avoir été torturé : il affirma avoir agi seul. Sully, dans ses Mémoires, n’y croit pas. Le mystère demeure, sur la mort d’Henri IV le Grand. C’est l’une des énigmes majeures de l’histoire de France.
Et le bon roi Henri IV entre aussitôt dans la légende, qui comporte une part de vérité.
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