« Il fallait, pour les écrivains, se soumettre à... | L’Histoire en citations
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« Il fallait, pour les écrivains, se soumettre à cette convention [la monarchie absolue] ou s’en aller écrire hors de France. – Les écrivains ont fini par rester ; et les rois absolus sont partis. »

Gérard de NERVAL (1808-1855), Faux saulniers (textes parus en feuilleton dans Le National à partir de 1850)

Tous les philosophes des Lumières sans exception ont dû ruser avec la censure. Tous ont recouru un jour ou l’autre aux pseudonymes ou à l’anonymat (sauf Rousseau, là encore exception à la règle). La proximité de la frontière suisse leur est commode pour fuir en cas d’alerte, mais la Bastille abrite pour un temps Voltaire et Diderot. Les auteurs échappent heureusement au feu, pas certaines de leurs œuvres. Et L’Encyclopédie est à plusieurs reprises interrompue, par suite de cabales et d’arrêts en Conseil d’État.

« Le fanatisme est une peste qui reproduit de temps en temps des germes capables d’infester la terre. »

DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Christianisme »

L’Encyclopédie est aussi hardie sur le plan religieux que prudente en politique, sauf quand Diderot prend la plume. Frère de Voltaire par la pensée, il écrit dans l’article Intolérance : « L’intolérant est un méchant homme, un mauvais chrétien, un sujet dangereux, un mauvais politique et un mauvais citoyen. »

« Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes, ou quand les philosophes seront rois ! »

Denis DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Philosophe »

Diderot cite ici l’empereur Antonin. Affichant son humanisme, il cite aussi (en latin) : « Je suis homme, et rien d’humain ne me paraît étranger. » Sa morale n’est plus individuelle, mais sociale : c’est la seule qui importe, qui contribue au bonheur de l’espèce, de « la grande famille humaine ».

Sa philosophie est devenue humaniste, et très moderne par son anarchie même. Diderot pose des antinomies : coeur et raison, individu et société. Il renonce à les résoudre et à forger des certitudes : la dignité de l’homme est dans la recherche plus que dans la découverte de la vérité.

« Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. »

DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Autorité politique »

Diderot, auteur de plus de mille articles, rédige le plus hardi en matière politique : c’est la condamnation de l’absolutisme, qui s’inspire de Locke et rejoint le Rousseau du Contrat social. Selon Diderot, la seule autorité établie par la nature est la puissance paternelle, limitée dans le temps. Toute autre autorité ne peut avoir que deux sources : « la force et la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat ».

« L’Encyclopédie fut bien plus qu’un livre. Ce fut une faction. À travers les persécutions, elle alla grossissant. L’Europe entière s’y mit. Belle conspiration générale qui devint celle de tout le monde. Troie entière s’embarqua elle-même dans le cheval de Troie. »

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France au dix-huitième siècle, Louis XV (1866)

L’affaire de l’Encyclopédie commence : le scepticisme de l’article « Certitude » alerte les jésuites, et les jansénistes se mettent pour une fois dans leur camp.

Le 7 février 1752, un arrêt du Conseil d’État interdit la vente et la détention des deux premiers tomes : l’Encyclopédie est accusée « d’élever les fondements de l’irréligion et de l’incrédulité […] d’insérer plusieurs maximes tendant à détruire l’autorité royale, à établir l’esprit d’indépendance et de révolte ».

Mme de Pompadour, par haine des jésuites, s’oppose à la persécution des Encyclopédistes, et Malesherbes, directeur de la librairie (chargé de surveiller la publication des livres et donc responsable de la censure), veut une politique libérale.

En mai 1752, le gouvernement prie Diderot et d’Alembert de se remettre à l’ouvrage. Mais la cabale continuera.

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