La Cinquième République « du général de Gaulle » (1958-1969).
Ramené au pouvoir en octobre 1958 par la guerre d’Algérie, le général s’identifie naturellement à la France pendant dix ans et gouverne en militaire. L’Économie et la Politique relèvent aussi du chef de l’État. Ce régime présidentiel s’impose, compte tenu de la situation et du personnage, dernier grand chef d’État français et star de l’Histoire en citations (après Napoléon et avant Victor Hugo).
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il faut que la défense de la France soit française […] Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre. Il faut que son effort soit son effort. »2938
(1890-1970), Discours au Centre des hautes études militaires, 3 novembre 1959
Discours et messages : avec le renouveau, mai 1958-juillet 1962 (1970), Charles de Gaulle.
(…) Pendant sa guerre de Résistance, il a dû se battre pour être reconnu du grand allié américain. Un peu plus tard, face aux USA, il affirmera : « Il est intolérable à un grand État que son destin soit laissé aux décisions et à l’action d’un autre État quelque amical qu’il puisse être. »
Le premier essai nucléaire français en 1960 marque la naissance de la force de frappe atomique française. Clé de voûte du système de défense, combattue du vivant du général de Gaulle, mais populaire dans l’opinion, sera développée par tous ses successeurs. Au XXIe siècle, hors tout contexte de guerre froide, la force de dissuasion nationale n’est pas vraiment remise en question.
« Quand le franc s’enfièvre, c’est la France qui est malade. »2944
François MITTERRAND (1916-1996), L’Abeille et l’Architecte (1978)
L’inflation, un mal typiquement national, contribua à faire de la France « l’homme malade de l’Europe » sous la Quatrième République. Quand le phénomène devient mondial, il touche davantage certains pays, dont le nôtre. L’inflation « à deux chiffres » a commencé avec le premier choc pétrolier en 1974 : 15,2 %. Elle a varié entre 9 % et 14 % jusqu’en 1983. L’inflation rend la France d’autant plus malade dans les années 1970 qu’elle n’est plus associée à la croissance : de 1974 à 1982 sévit la « stagflation » (stagnation + inflation) qui accroît le chômage.
« Il n’y a eu de France que grâce à l’État. La France ne peut se maintenir que par lui. Rien n’est capital que la légitimité, les institutions et le fonctionnement de l’État. »2974
Charles de GAULLE (1890-1970), Conseil d’État, 28 février 1960
Parole de crise, certes (au lendemain des barricades d’Alger), mais idée chère à de Gaulle, grand admirateur de Richelieu qui fit de la France un État moderne. La légitimité était déjà un thème récurrent, durant sa Résistance.
L’action et le verbe gaulliens se ramènent à quelques idées-forces, régulièrement martelées par le général s’adressant au peuple ou à ses représentants. Dans Les Chênes qu’on abat, Malraux le cite : « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples. »
« La conférence de presse du général de Gaulle est une œuvre d’art. L’orateur survole la planète, rappelle le passé et jette des rayons de lumière sur l’avenir. Il distribue blâmes ou éloges aux uns et aux autres, il couvre de mépris ses adversaires et il ne dissimule pas la satisfaction que lui inspire la France qu’il façonne. »2978
Raymond ARON (1905-1983), Le Figaro, 25 janvier 1963
La conférence de presse, comme le bain de foule, est une institution du nouveau régime. Cet « exercice de haute voltige politico-historique » a fasciné les témoins, dont Jean Lacouture, un de ses biographes : « Toujours derrière un pupitre, sur une chaire, pour nous enseigner sa leçon unique : que, sans la France, le monde n’est pas digne de vivre. Que, sans de Gaulle, la France n’est pas apte à survivre. »
« Guide de la France, et chef de l’État républicain, j’exercerai le pouvoir suprême dans toute l’étendue qu’il comporte désormais. »2982
Charles de GAULLE (1890-1970), Déclaration radiotélévisée, 28 décembre 1958
Il vient d’être élu président de la République, le 21 décembre. La nouvelle Constitution, ratifiée par référendum le 28 septembre avec près de 80 % de oui et promulguée le 4 octobre, fonde le nouveau régime (présidentiel) de la Cinquième République, confiant au chef de l’État les quatre attributions fondamentales, sans aucune obligation de contreseing ministériel : la nomination du Premier ministre, la dissolution de l’Assemblée nationale, le recours au référendum et la mise en jeu des pouvoirs spéciaux en cas de crise. « Chèque en blanc », titre Le Monde.
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