Cinquième République sous de Gaulle
Valéry Giscard d’Estaing, le dauphin
Valéry Giscard d’Estaing ne fait plus partie du gouvernement à partir de 1965, et il souhaite prendre la tête d’un mouvement politique capable de tenir tête à Charles de Gaulle. Avec son célèbre « oui mais… », il affirme son indépendance vis-à-vis de la majorité, tout en dénonçant l’exercice solitaire du pouvoir par le Président. À tel point que Françoise Giroud parle déjà de Giscard comme d’un dauphin.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il n’est plus ministre, il n’est plus député et c’est le moment où, en quarante-cinq minutes de télévision, M. Valéry Giscard d’Estaing a pris soudain la physionomie d’un homme politique […] Nous avons assisté mardi soir à la naissance d’un dauphin. »3030
(1916-2003), « Naissance d’un dauphin », L’Express, 21 février 1966
Séduite, à la suite de l’émission télévisée « Face a face » entre Giscard d’Estaing et quatre journalistes, la journaliste en tire une conclusion prophétique (…)
« Autant qu’à l’école, les masses ont droit au théâtre, au musée. Il faut faire pour la culture ce que Jules Ferry faisait pour l’instruction. »3031
André MALRAUX (1901-1976), Discours à l’Assemblée nationale, 27 octobre 1966. André Malraux, une vie dans le siècle (1973), Jean Lacouture
De Gaulle a créé le ministère de la Culture pour Malraux (…)
Ministre des Affaires culturelles de 1958 à 1968, chaque automne, lors de la discussion du budget, Malraux enchante députés et sénateurs par des interventions communément qualifiées d’éblouissantes sur les crédits de son département – en fait notoirement insuffisants au regard des ambitions proclamées pour une véritable culture de masse (…)
Malraux définit ici la mission des maisons de la Culture implantées dans les villes moyennes, lieux de rencontre, de création, de vie, chargées de donner à chacun les « clés du trésor » (…)
« La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. »3032
Charles de GAULLE (1890-1970), conférence de presse, 28 octobre 1966. Histoire de la France au XXe siècle : 1958-1974 (1999), Serge Berstein, Pierre Milza
Réponse un peu courte à la question : « Monsieur le président, a quoi attribuez-vous la baisse de la Bourse, alors qu’on dit que l’économie va bien ? — Je dirai un mot de la Bourse, puisque vous m’en parlez. En 1962, elle était exagérément bonne, en 1966, elle est exagérément mauvaise. Monsieur, vous savez, la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. » (…)
De 1954 à 1974, très précisément entre la fin de la reconstruction et le début de la crise pétrolière, le pouvoir d’achat des Français est multiplié par 2, la richesse nationale (PIB, produit intérieur brut) par 3 (…)
« “Oui” à la majorité, “mais” avec la ferme volonté de peser sur ses orientations. »3033
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), conférence de presse, 10 janvier 1967. Chronique des années soixante (1990), Michel Winock
Le fameux « Oui, mais… » précise le rôle des républicains indépendants (35 députés) au sein de la majorité, à l’occasion des élections législatives de mars 1967. « Notre mais n’est pas une contradiction, mais une addition […] dans trois directions : celle d’un fonctionnement plus libéral des institutions, celle de la mise en œuvre d’une véritable politique économique et sociale moderne, celle de la construction de l’Europe. »
« On ne gouverne pas avec des “mais”. »3034
Charles de GAULLE (1890-1970), riposte à Valéry Giscard d’Estaing, Conseil des ministres, 11 janvier 1967. Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques, n° 170 (1971)
La majorité sortante sera reconduite à l’Assemblée, mais d’extrême justesse, grâce aux voix d’outremer. Pompidou reste Premier ministre. Et le gouvernement va gouverner sans « mais », sans débats parlementaires, par ordonnances en matière économique et sociale (création de l’ANPE, intéressement des travailleurs, réforme de la Sécurité sociale) (…)
« Tant qu’il y aura des dictatures, je n’aurai pas le cœur à critiquer une démocratie. »3035
Jean ROSTAND (1894-1977), Inquiétudes d’un biologiste (1967)
Au-delà de débats politiques et constitutionnels parfois partisans, un grand savant sait replacer nos querelles franco-françaises à leur niveau.
« Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! »3036
Charles de GAULLE (1890-1970), Discours de Montréal, 24 juillet 1967. De Gaulle, volume III (1986), Jean Lacouture
(…) De Gaulle répondra, pour se justifier : « Il fallait bien que je parle aux Français du Canada. Nos rois les avaient abandonnés » – allusion à cette Nouvelle-France découverte sous François Ier, colonisée depuis Henri IV, avant que Louis XV ne cède les « quelques arpents de neige » du Canada à l’Angleterre (en 1763).
Il n’empêche, cette harangue déclenche une crise entre le Canada et la France, qui semble soutenir les indépendantistes québécois.
« Les Juifs […] étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur. »3037
Charles de GAULLE (1890-1970), conférence de presse, 27 novembre 1967. De Gaulle, volume III (1986), Jean Lacouture
La guerre des Six Jours a commencé a l’aube du 5 juin 1967 : attaque des Israéliens, fulgurante ; défaite des Arabes, humiliante.
L’opinion publique est divisée en France, au-delà des traditionnels clivages gauche-droite. La majorité gaulliste renâcle. Tandis que les intellectuels de gauche sont crucifiés : militants de la cause arabe et de l’anticolonialisme, ils ne peuvent trahir la solidarité sacrée avec le peuple juif victime du génocide et avec le petit État d’Israël (…)
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