2. Guerres de Religion (1559-1589)
Après l’accident de tournoi fatal à Henri II, la France va vivre trente-huit année de luttes fratricides et huit « guerres de Religion » déclarées (entre 1562 et 1589), aggravées de conflits d’ambitions, alliances avec l’ennemi anglais ou espagnol, rivalités de famille (les Condé contre les Guise) et coteries auprès de rois trop jeunes ou incapables de gouverner.
La guerre civile était inévitable et le pire déjà annoncé. Pourtant, la régente Catherine de Médicis et son chancelier Michel de l’Hospital parient encore sur la tolérance et la paix.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il n’était fils de bonne mère qui n’en voulût goûter. »493
(1502-1577), Commentaires (posthume)
Soldat à 16 ans sous les ordres du chevalier Bayard, servant quatre rois successifs avec sa fière devise (« Dieu pour chef, le fer pour compagnon »), maréchal de France à 72 ans, couvert de gloire et de blessures, il reste fidèle à la religion catholique et s’indigne en 1559 de voir les seigneurs de France embrasser le calvinisme (…)
« Fille pire que sa mère, qui avait gâté son mari et infesté toute la maison de Vendôme. »494
PAUL IV (1476-1559), peu avant sa mort. Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret (1882), baron Alphonse de Ruble
Le pape parle de Jeanne d’Albret, fille de Marguerite de Navarre – sœur de François Ier, qui protégea les artistes, les humanistes et les protestants. La nouvelle reine de Navarre entraîne son époux, le très indécis Antoine de Bourbon (duc de Vendôme) et son royaume de Navarre à suivre Calvin. Elle professe publiquement la nouvelle religion (…)
« Ils ont décapité la France, les bourreaux ! »495
Jean d’AUBIGNÉ (??-1563), à son fils, devant le château d’Amboise, mars 1560 (…)
Enfant de 8 ans, Agrippa d’Aubigné sera marqué à vie par la vue des conjurés protestants pendus sur la terrasse du château, épilogue de la conjuration d’Amboise (…) Les chefs protestants (Condé, Coligny, Henri de Bourbon) voulaient exprimer leurs doléances et d’abord soustraire le jeune roi François II à l’influence de ses oncles, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, catholiques responsables de la répression religieuse. Mais ils refusent la violence, et l’enlèvement est organisé par d’autres gentilshommes, dont Jean d’Aubigné. Le complot échoue et le « tumulte » d’Amboise est noyé dans le sang.
« Dieu qui avait frappé le père à l’œil a frappé le fils à l’oreille. »496
Jean CALVIN (1509-1564). Charles IX (1986), Emmanuel Bourassin
Le « pape de Genève » fait en ces termes l’oraison funèbre de François II, mort à 16 ans d’une infection à l’oreille – un an et demi après Henri II, mort d’un œil crevé dans un tournoi. Charles IX lui succède à 10 ans et Catherine de Médicis se retrouve régente. Protestants et catholiques semblent d’accord pour regretter que le pouvoir échappe aux hommes (…)
« Adieu, charmant pays de France, / Que je dois tant chérir ;
Berceau de mon heureuse enfance, / Adieu ! Te quitter, c’est mourir. »497BÉRANGER (1780-1857), Chansons, Adieux de Marie Stuart
Ce poète et chansonnier, trois siècles plus tard, célèbre l’infortunée reine d’Écosse et de France, héroïne d’un drame en vers de Schiller, en 1800. Fiancée à François II quand il n’est que dauphin, élevée en France, elle devient l’une des princesses les plus cultivées du siècle, reine de France en 1559. Veuve à 18 ans, elle doit regagner l’Écosse (…)
« Divide ut regnes. » « Divise, afin de régner. »498
CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), maxime politique
Cette maxime énoncée par Machiavel fut celle du Sénat romain, mais aussi de Louis XI et de la nouvelle régente en 1560. Après presque trente années d’effacement derrière le roi, les favorites et les conseillers, elle va gouverner la France pendant près de trente autres années, marquées par les guerres de Religion.
« Dieu m’a laissée avec trois enfants petits et un royaume tout divisé, n’y ayant aucun à qui je puisse entièrement me fier. »499
CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), Lettre à sa fille Élisabeth, janvier 1561 (…)
Seule ambition : assurer le règne de ses fils dont la santé, minée par la tuberculose, justifiera de sombres prédictions. Elle va manœuvrer entre les partis, intriguer avec les intrigants contre d’autres intrigants : « Divide ut regnes. » (…) Michel de L’Hospital, promu chancelier, sera son principal ministre. Vraie religion de ce grand juriste : la tolérance.
« Qu’y a-t-il besoin de tant de bûchers et de tortures ? C’est avec les armes de la charité qu’il faut aller à tel combat. Le couteau vaut peu contre l’esprit. »500
Michel de l’HOSPITAL (vers 1504-1573), Assemblée de Fontainebleau, 21 août 1560 (…)
Le chancelier de France parlera ce langage aussi longtemps qu’il sera au pouvoir. Catherine de Médicis va le maintenir sept ans à ses côtés et l’histoire est donc injuste avec elle, ne retenant que sa responsabilité dans le massacre de la Saint-Barthélemy.
« Il nous faut dorénavant […] les assaillir [les protestants] avec les armes de la charité, prières, persuasions, paroles de Dieu, qui sont propres à de tels combats […] Ôtons ces mots diaboliques : luthériens, huguenots, papistes ; ne changeons le nom de chrétiens. »501
Michel de l’HOSPITAL (vers 1504-1573), Harangue à l’ouverture des États généraux, 13 décembre 1560 (…)
Le chancelier exprime à nouveau la politique de conciliation menée avec la régente, Catherine de Médicis. Cependant, rien ne s’arrange en France : les États généraux refusent tout subside au roi, le tiers et la noblesse voulant que le clergé participe aux dépenses royales, alors qu’il s’y refuse. Mais le pouvoir persévère dans sa politique de détente.
« Il faut rétablir l’ordre et l’unité par la douceur ; pour le royaume, la paix est plus importante que le dogme. »502
Michel de l’HOSPITAL (vers 1504-1573), colloque de Poissy, septembre 1561 (…)
Le colloque permet aux protestants d’exposer durant près d’un mois leur doctrine, devant l’assemblée générale du clergé de France : 40 prélats siègent (…) La délégation protestante, conduite par Théodore de Bèze, comprend 12 participants. Le chancelier Michel de L’Hospital expose la volonté du roi (et de sa mère). Ce message de tolérance n’est pas compris des théologiens. Et De Bèze nie la présence réelle du Christ dans le pain et le vin de la communion : le corps du Christ « est éloigné du pain et du vin autant que le plus haut ciel est éloigné de la terre ». Nul accord ne peut être trouvé. Le colloque se solde par un échec.
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