Règne personnel de Louis XIV.
Personnage de Louis XIV.
Déjà présent dans le prologue, on va le retrouver tout au long de la Chronique. Le Roi de droit divin incarne son règne absolument, idéalement et jusqu’à la caricature, dans une France très majoritairement monarchique et catholique, mais le pouvoir et la censure n’excluent pas la critique.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Il y a en lui de l’étoffe de quoi faire quatre rois et un honnête homme. »845
(1602-1661) à propos de Louis XIV
Mémoires du maréchal de Gramont (posthume, 1827).
Ministre tout-puissant, il initie le jeune roi aux affaires après sa majorité (13 ans), d’où une solide formation politique, plus pratique que livresque. Le maître a le temps d’apprécier son royal élève qui aura le plus long règne de l’histoire de France : de 5 à 77 ans (…) Le « siècle de Louis XIV » commence vraiment avec le règne personnel qui durera 54 ans.
« Aussitôt qu’un roi se relâche sur ce qu’il a commandé, l’autorité périt, et le repos avec elle. »846
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Leçon de Mazarin maintes fois répétée et héritée de Richelieu, souvenirs de la Fronde et d’une France en proie à l’anarchie, caractère autoritaire et goût du pouvoir mêlés à un orgueil inné : tout concourt pour faire de Louis XIV un monarque absolu. Il fera régner l’ordre et les Français lui en sont reconnaissants, dans leur immense majorité.
« Les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la rigueur, par la vigilance et par le travail. »847
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
(…) Pendant plus de cinquante ans, Louis XIV travaille douze heures par jour à son métier de roi, accomplissant un labeur écrasant, doublé d’une vie en perpétuelle représentation à la cour. Il bénéficie longtemps d’une robuste santé, doublée d’un grand équilibre moral, avec une intelligence moyenne, mais très méthodique.
« J’ai failli attendre. »848
LOUIS XIV (1638-1715). Dictionnaire de français Larousse, au mot « attendre »
On lui prête ce mot, souvent cité, jamais « sourcé ». La duchesse d’Orléans, dans ses Mémoires, rapporte seulement que le roi ne peut souffrir qu’on le fasse attendre. Ce qui est assez normal pour un homme si occupé, si minuté dans l’emploi de son temps, et roi, de surcroît.
« Avec un almanach et une montre, on pouvait, à trois cents lieues de lui, dire avec justesse ce qu’il faisait. »849
Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)
Contraste frappant, paradoxe apparent, le roi si occupé se plaît à réduire tous les Grands à une inactivité dorée, mais forcée. Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, resté dans l’histoire pour ses Mémoires (posthumes), fut un éternel frustré, n’ayant jamais le rôle politique qu’il rêvait de jouer.
« S’il arrive que nous tombions malgré nous dans ses égarements [de l’amour], il faut du moins observer deux précautions […] : la première, que le temps que nous donnons à notre amour ne soit jamais pris au préjudice de nos affaires, la seconde […] il faut demeurer maître absolu de notre esprit. »850
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
D’une grande sensualité, il trompa sa femme, tout en lui manifestant son respect et en lui faisant six enfants. Il en fait beaucoup d’autres à beaucoup de femmes. Ses maîtresses n’ont pas d’influence politique (…) La raison d’État et le métier de roi gardent la priorité (…) Il est aidé en cela par un remarquable contrôle de soi-même (…) et un égoïsme foncier, aussi royal que masculin.
« L’amour de la gloire a les mêmes délicatesses et, si j’ose dire, les mêmes timidités que les plus tendres passions. »851
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Le personnage se livre rarement, quoique pudiquement, comme dans cet autoportrait où le roi et l’homme se révèlent si semblables : même désir de plaire, identique besoin de conquérir.
« Les louanges, disons mieux, la flatterie, lui plaisaient à tel point que les plus grossières étaient bien reçues, les plus basses encore mieux savourées. »852
Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)
Une des faiblesses de cet homme fort, et un des petits côtés du grand homme que cette mauvaise langue de Saint-Simon se plaît à relever. L’orgueil inné en est la cause, la fonction royale développe ce penchant, l’attitude de la cour et des courtisans aggrave le cas.
« Nec pluribus impar. » / « Supérieur à tous. »853
LOUIS XIV (1638-1715), sa devise
« Non inférieur (ou inégal) à plusieurs (ou au plus grand nombre) » – c’est littéralement intraduisible (…) La devise latine accompagne l’emblème choisi lors de la fête du Carrousel, en juin 1662 : le Soleil. Ainsi se développe une mystique d’origine divine, mais en réalité bien païenne, du « Roi-Soleil » (…) Culte à son apogée avec l’installation de Louis XIV à Versailles, en 1682.
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