« J’ai jugé nécessaire de supprimer et d’éteindre le titre et les fonctions de Premier ministre. »
(1710-1774), Déclaration au Conseil, 11 juin 1726
La France sous Louis XV (1864), Alphonse Jobez.
Véritable révolution de palais : la disgrâce du duc de Bourbon et de sa maîtresse Mme de Prie envoie en exil le couple et leurs partisans, dont les frères Pâris, financiers jadis hostiles à Law.
Joie populaire – le lieutenant de police a grand peine à empêcher les illuminations à Paris – plus grande encore du fait que le bien-aimé roi, âgé de 16 ans, dit vouloir gouverner seul. On se croit revenu en 1661, à la prise du pouvoir par Louis XIV
« Je vous prie, Madame, et s’il le faut, je vous l’ordonne, de faire tout ce que l’évêque de Fréjus [Fleury] vous dira de ma part, comme si c’était moi-même. Signé, Louis. »992
LOUIS XV (1710-1774), lettre à sa femme, la reine
Marie Leczinska est seule à regretter l’ex-Premier ministre et sa maîtresse à qui elle doit, certes, son mariage inespéré. Pendant dix-sept ans, Louis XV va laisser son ex-précepteur (alors âgé de 73 ans) gouverner la France, Premier ministre sans en avoir jamais le titre. Quand il reçoit la barrette de cardinal en août 1726, une épigramme circule sur la pauvre France malade, qui depuis cent ans a été traitée par trois médecins de rouge vêtus : le premier (Richelieu) l’a saignée ; le second (Mazarin) l’a purgée ; le troisième (Fleury) l’a mise à la diète.
En fait, la France sera heureuse, et fort bien gouvernée par le cardinal Fleury.
« M. le cardinal de Fleury mourut enfin hier à midi. On n’avait jamais vu d’agonie si comique, par toutes les chansons, épigrammes et démonstrations. »992
Marquis d’ARGENSON (1694-1757), 30 janvier 1743
Mort à 90 ans, le vieux cardinal ne fut jamais populaire. Sa politique prudente passait pour sans grandeur et la guerre de Succession d’Autriche voulue par le pays fut déclarée contre son avis.
Mais le roi rend un juste hommage à son précepteur. Il lui a laissé tout pouvoir depuis 1726 et lui est resté tendrement attaché : « Ayant eu le malheur de perdre mes père et mère avant que j’eusse connaissance, je l’ai toujours regardé comme tel, ce qui rend sa perte plus douloureuse » (Lettre à Philippe V d’Espagne).
Louis XV, 33 ans, va désormais gouverner seul. Le souverain n’est pas préparé à cette tâche et son indolence naturelle est un autre handicap. Ses amours seront toujours plus commentées que sa politique, pour le meilleur et pour le pire.
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