Chirac en rajoute. Il en fait un peu trop, mais il le fait si bien et il y prend, de fait, tant de plaisir ! De là à (presque) tout lui pardonner, surtout avec le recul du temps et la comparaison avec ses successeurs… L’Histoire en citations donne des leçons et avec l’humour, ça passe toujours.
« Si vous saviez le plaisir que j’ai pu éprouver à passer pour un blaireau, surtout au milieu de corniauds. »3321
(1932-2019), Dans la peau de Jacques Chirac (2006), Karl Zéro et Michel Royer
Trait de caractère original : aucun président de la République n’a pu tenir ce genre de propos, à l’humour assumé, rigolard et franchouillard.
« Moi, vous savez, je n’aime que deux choses : la trompette de cavalerie et les romans policiers. » Il cultive ce personnage popu, ça l’amuse et ça plaît, c’est bon pour sa cote de popularité… Mais Chirac est plus cultivé qu’il ne veut paraître, contrairement à tous ceux qui pratiquent la méthode inverse.
On apprend sa passion pour les arts premiers : spécialiste reconnu des civilisations dites (jadis) primitives, il voulait leur consacrer un musée, quand il était maire de Paris. Le Musée du quai Branly ouvre finalement, en 2006. C’est aussi un fan de sumo, sport traditionnel japonais, au rituel vieux de quinze siècles. En janvier 2004, Nicolas Sarkozy revient d’un voyage officiel en Asie. Devant les journalistes qui l’accompagnent, le ministre attaque le président : « Comment peut-on être fasciné par ces combats de types obèses au chignon gominé ? Ce n’est vraiment pas un sport d’intellectuel, le sumo ! » Déchaînement de la presse nipponne, incident diplomatique avec le Japon : Sarkozy doit présenter ses excuses à l’ambassadeur. Chirac a certainement apprécié.
Humour, encore et toujours : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » (Le Figaro Magazine, février 1993). Phrase empruntée à l’humoriste Pierre Dac, une bonne source. Et plus sérieusement : « Je simplifie, mais il faut toujours simplifier les choses pour mieux les comprendre » (Jacques Chirac, Portrait total). Napoléon et de Gaulle ont déjà dit ça, en d’autres mots.
Toutes les citations qui suivent
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« Buvons à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent. »3322
Jacques CHIRAC, cité dans Marianne n° 184 (mars 2012)
Politiquement incorrect, assez macho et un peu cavalier - la source est d’ailleurs dans la tradition de la cavalerie. Là encore, il n’y a que Chirac pour oser et afficher cette image. Sa cote de popularité connaît des hauts et des bas, mais sa liberté de ton et son côté bon vivant le rendent malgré tout sympathique. Karl Zéro, qui voulait démolir le personnage (Dans la peau de Jacques Chirac) en est finalement convenu. Et la marionnette des Guignols de l’Info, si caricaturale soit-elle, profitera au candidat !
« Pschitt. »3362
Jacques CHIRAC, une onomatopée, dans la traditionnelle interview du 14 juillet 2001
Mot le plus court de l’histoire (avec le « Merde » de Cambronne aux Anglais). Face à la presse, le président s’explique sur les accusations portées contre lui quelques jours plus tôt : « Ces polémiques sur les voyages présidentiels se dégonflent et font pschitt. » Dans tout autre pays démocratique, ce genre d’esquive souriante n’aurait pas suffi.
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