« Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au prince, ou, s’ils ne peuvent l’être Tâchent au moins de le paraître : Peuple caméléon, peuple singe du maître. »
(1621-1695), Fables. Les Obsèques de la lionne (1678)
Né bourgeois, auteur à qui sa charge de « maître des Eaux et Forêts » laisse bien des loisirs pour fréquenter les salons, lire les Modernes, leur préférer d’ailleurs les Anciens, écrire enfin. Fouquet est son mécène et, à la chute du surintendant (1661), La Fontaine trouve d’autres riches protecteurs (et surtout protectrices, duchesse d’Orléans, Mme de la Sablière, Marie-Anne Mancini, etc.).
Courtisan à la cour, il est cependant épris de liberté et fort habile à la gérer, tout en ménageant son confort.
« Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »842Jean de LA FONTAINE (1621-1695), Fables, Les Animaux malades de la peste (1678)
La Fontaine se sert « d’animaux pour instruire les hommes », mais aussi pour faire une satire de son époque, comme Molière et La Bruyère. Nombre de proverbes restés célèbres sont copiés-collés des moralités de ses Fables :
- Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute (Le Corbeau et le Renard)
- La raison du plus fort est toujours la meilleure (Le Loup et l’Agneau)
- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. (ibidem)
- Je plie et ne romps pas. (Le Chêne et le Roseau)
- On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat)
- Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son père. (Le Meunier, son Fils et l’Âne)
- Ils sont trop verts et bons pour des goujats. (Le Renard et les Raisins)
- La méfiance est mère de la sûreté. (Le Chat et un vieux Rat)
- Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie (Le Petit Poisson et le Pêcheur)
- Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. (ibidem)
- Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue)
- Aide-toi, le Ciel t’aidera. (Le Chartier embourbé)
- Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et l’Huître)
- Amour, Amour, quand tu nous tiens / On peut bien dire : Adieu prudence. (Le Lion amoureux)
- Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué (L’Ours et les deux compagnons).
Cette liste (non exhaustive) fait de notre fabuliste national le plus grand auteur de proverbes… à ceci près qu’il les a presque tous empruntés à d’autres auteurs. Mais le « plagiat » était une pratique littéraire courante (et légale) : La Fontaine s’est souvent inspiré de ses confrères - Ésope, mais aussi Phèdre, Pline et autres modèles antiques - pour faire mieux encore. Là est tout son génie.
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