Directoire
Chronique (1795-1799)
Un régime de transition qui se cherche… avant de trouver Bonaparte.
Cinq Directeurs exercent le pouvoir exécutif, mais se disputent, notamment Carnot et Barras. Le pays, toujours en guerre (post-révolutionnaire), est en pleine crise financière, économique, sociale et politique, Jacobins contre Royalistes. Les spéculateurs s’enrichissent, la bonne société mène une vie mondaine, fastueuse et dissolue. Les émigrés commencent à rentrer.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Je jure sur ma parole d’honneur que cela n’est pas vrai ! — Ne lève pas la main, il en dégoutterait du sang. »1650
(1755-1829), répondant à (1753-1823), première séance du Directoire, début novembre 1795
Mémoires du prince de Talleyrand (posthume, 1891).
Le Grand Carnot fut l’« Organisateur de la victoire » sous la Révolution, mais il siégea avec Robespierre au Comité de salut public, responsable de la Terreur. Le passé de Barras est plus chargé : conventionnel régicide, célèbre par sa cruauté, débauché, sans scrupule (« le roi des pourris », selon Bonaparte), il va devenir le premier personnage de l’État durant cinq ans (…)
« Là où il n’y a point de finances, il n’y a pas besoin de ministre. »1651
Martin Michel Charles GAUDIN (1756-1841), refusant le ministère des Finances. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Financier d’expérience, il refuse ce cadeau empoisonné aux Directeurs qui forment le gouvernement, le 8 novembre 1795. Le régime vivra une crise à la fois économique, financière et sociale. Quand Napoléon Bonaparte fera appel à cet « homme tout d’une pièce, une forteresse inattaquable pour la corruption », Gaudin reviendra aux affaires en 1799 – après le coup d’État de Brumaire qui met fin au Directoire.
« Au sein de l’abondance
Le Directoire dépense
Plus que jamais en France
Prince ne dépensa. »1652L’Intérieur du Directoire, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier
Encore une chanson qui a valeur de gazette. La France va mal. Le pays est en guerre, les Directeurs se disputent, les Jacobins s’opposent aux royalistes et les spéculateurs s’enrichissent.
« Passé Sèvres, on ne trouverait pas un verre d’eau pour des assignats. »1653
Aphorisme qui a cours en 1795. Le Franc : histoire d’une monnaie des origines à nos jours (1953), René Sédillot
Les rapports de police consignent ces propos tenus dans la rue sur l’assignat (…) Des passants murmurent : « On vivait sous les rois, on meurt sous le gouvernement actuel. » Une affiche, boulevard de la Madeleine, réjouit les badauds : « République à vendre, à bas prix, en numéraire ». La chute de l’assignat s’accélère et la province refuse le papier. L’État devra recourir à la banqueroute des deux tiers (…)
« La propriété est odieuse dans son principe et meurtrière dans ses effets […] Les fruits de la terre sont à tous et la terre n’est à personne. »1654
Gracchus BABEUF (1760-1797), Le Tribun du Peuple, décembre 1795
Babeuf ne se contente pas d’exposer ses théories communistes, il est au centre d’un complot qui se trame contre le régime : la conspiration des Égaux.
« La mode est maintenant de rentrer, comme jadis de sortir. »1655
Comte de NEUILLY (1777-1863), Dix années d’émigration, Souvenirs et correspondance (posthume, 1865)
La loi punissant de mort les émigrés est encore en vigueur, mais une circulaire du 30 pluviôse an VI (février 1796) permet à ceux qui en font la demande d’être radiés de la fameuse liste (…) Le mouvement de retour va s’amplifier, désapprouvé par une minorité d’ultras. Mais comment résister à cette douceur de vivre en France, à ce souvenir de l’Ancien Régime paré de vertus qu’il n’avait peut-être pas (…)
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.