Seconde Guerre Mondiale
L’Appel du 18 juin
Pétain, héros de la Première Guerre mondiale, aujourd’hui vieillard de 84 ans, devenu chef de gouvernement, appelle à cesser le combat le 17 juin. Mais l’Appel du 18 juin, lancé par le général de Gaulle sur la radio de Londres et plusieurs fois renouvelé, porte l’autre message : le combat continue, cette guerre est mondiale et la victoire est au bout.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Je m’apparaissais à moi-même, seul et démuni de tout, comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage. »2749
(1890-1970), Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)
Tel est son état d’esprit, juste avant l’Appel. Sous-secrétaire d’État à la Défense, il part le 16 juin demander à Londres des moyens de transport pour continuer la lutte en Afrique du Nord (française). À son retour, Pétain a remplacé Reynaud à la tête du gouvernement, et va demander l’armistice. De Gaulle reprend l’avion pour Londres (…)
« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. »2750
Philippe PÉTAIN (1856-1951), Allocution à la radio, 17 juin 1940. De la chute à la libération de Paris (1965), Emmanuel d’Astier
Nommé président du Conseil des ministres par le président de la République Albert Lebrun, le vieil homme rallie à sa personne – et au symbole qu’elle incarne – l’immense majorité du pays. Celui qui a sauvé la France à Verdun n’est-il pas le seul recours pouvant lui éviter à présent le pire ? (…)
« La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. »2751
Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)
Idée fixe, idée folle, idée simple : la France ne peut pas être la vaincue de l’Histoire (…)
« C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. »2752
Philippe PÉTAIN (1856-1951), Allocution à la radio, 17 juin 1940. La Deuxième Guerre mondiale (2010), André Kaspi, Ralph Schor, Nicole Pietri
Le chef du gouvernement de la France s’adresse ici aux troupes, du moins à ce qu’il en reste, et fait transmettre à Hitler une demande d’armistice : Pétain est persuadé que l’Angleterre ne va pas s’obstiner dans un vain combat, que la paix est proche et lui permettra de restaurer l’ordre.
Mais l’armistice n’est pas encore signé, la guerre se poursuit, et ce discours a un effet catastrophique sur les soldats français, qui seront massivement fait prisonniers.
« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. »2753
Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle
Premier appel radiodiffusé vers 20 heures par la BBC, radio de Londres qui donnera la parole aux Français résistants. Cette voix va devenir célèbre, mais ce jour-là, ses mots ne sont entendus de presque personne. Aucun enregistrement n’existe (il y a parfois confusion avec le discours du 22 juin). L’Appel (du 18 juin) reste l’un des textes les plus célèbres de l’histoire de France, par sa qualité d’écriture et par ses conséquences.
« Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. »2754
Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle
L’Appel du 18 juin et ses arguments simples et forts seront repris. Ils marquent l’acte de naissance de la France libre (et bientôt combattante) qui, à côté de l’autre France envahie et vaincue, incarnée par le Maréchal, va renaître, et d’abord dans les terres lointaines de son empire colonial, en Afrique équatoriale.
« Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. »2755
Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle
De Gaulle a prévu, en bon stratège, que les blindés feraient la différence entre des armées par ailleurs égales. Il sait l’efficacité des Panzerdivisionen dont le nombre augmente. La formidable puissance de l’économie américaine fera bientôt des États-Unis l’« arsenal des démocraties », selon le vœu du président Roosevelt.
Mais les États clients (notamment la Grande-Bretagne) doivent d’abord payer comptant et transporter eux-mêmes leurs marchandises : clause cash and carry (…)
« Devant la confusion des âmes françaises, devant la liquéfaction d’un gouvernement tombé sous la servitude ennemie, devant l’impossibilité de faire jouer nos institutions, moi, général de Gaulle, soldat et chef français, j’ai conscience de parler au nom de la France. »2756
Charles de GAULLE (1890-1970), Appel à la BBC, 19 juin 1940. De Gaulle (1964), François Mauriac
La voix reparle à la radio.
Le célèbre Appel du 18 juin est suivi de bien d’autres qui vont toucher des Français de plus en plus nombreux à se vouloir libres (…)
Le gouvernement légal ne va pas longtemps tolérer cette « voix de la France » qui lui dispute sa légitimité.
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