14 decembre 1789 : création des assignats
« Je ne vois plus dans l’État que de la misère, de l’orgueil et du papier. »
(1767-1794), Discours sur les subsistances, Convention, 29 novembre 1792
Œuvres de Saint-Just, représentant du peuple à la Convention nationale (posthume, 1834), Saint-Just.
Devant les mauvaises finances de cette jeune République, Saint-Just s’émeut non sans raison.
La guerre coûte cher à la nation, et l’assignat, monnaie de papier créée en septembre 1790, connaît une crise de confiance, jugée antipatriotique, mais réelle. Sa valeur chute à chaque nouvelle émission. L’économie a ses lois que l’idéologie ignore.
« Passé Sèvres, on ne trouverait pas un verre d’eau pour des assignats. »1653
Aphorisme qui a cours en 1795
Les rapports de police consignent ces propos tenus dans la rue sur l’assignat. Ils notent qu’une femme a tué deux de ses enfants, faute de pouvoir les nourrir, que propriétaires et rentiers cherchent leur nourriture dans des tas d’ordures, que des passants murmurent : « On vivait sous les rois, on meurt sous le gouvernement actuel. » Une affiche sur le boulevard de la Madeleine réjouit les badauds : « République à vendre, à bas prix, en numéraire ».
La chute de l’assignat s’accélère et la province refuse le papier. L’État devra recourir à la banqueroute des deux tiers, pudiquement déguisée en « tiers consolidé ».
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