« Je suis d'une naissance à laquelle la conduite... | L’Histoire en citations
Citation du jour

 

« Je suis d’une naissance à laquelle la conduite des Balafrés ne convient pas. »

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand CONDÉ (1621-1686) à de Retz

Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècles (1863), Henri d’Orléans, duc d’Aumale.

Quatrième prince de Condé, duc de Bourbon, duc d’Enghien, duc de Montmorency, duc de Châteauroux, duc de Bellegarde, duc de Fronsac, gouverneur du Berry, comte de Sancerre, comte de Charolais, pair de France, ce premier prince du sang a l’un de plus longs « CV » de l’histoire. Il est aussi l’un des meneurs de la Fronde des princes.

De Retz voudrait qu’il s’engage plus avant, devenant à la Fronde ce que le duc de Guise (surnommé le Balafré) fut à la Ligue, sous le règne d’Henri III qu’il a tenté de détrôner. Condé refuse, peu attiré par les frondeurs. Mais il se verrait bien Premier ministre à la place de Mazarin qu’il a servi, et n’aime guère – ce poste convoité lui semble bien mérité.

Condé se trouve ainsi dans le « parti des princes », aux côtés de Turenne (entraîné par amour de la duchesse de Longueville), La Rochefoucauld (même raison), l’inévitable Gaston d’Orléans (frère de Louis XIII et de tous les complots) et sa fille la Grande Mademoiselle (qui lui sert de conseillère), la duchesse de Chevreuse (celle qui « trahit avec volupté »), Anne de Gonzague, princesse Palatine (sortie du couvent par l’archevêque de Reims, Henri de Guise, épris d’elle) et quelques autres « Importants ». Tout ce beau monde intrigue pour évincer Mazarin. La réalité est aussi romanesque que les chefs-d’œuvre d’Alexandre Dumas ! Et le feuilleton continue !

« J’ai assez de la guerre des pots de chambre. »

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand CONDÉ (1621-1686), été 1651. Histoire de France au dix-septième siècle, Richelieu et la Fronde (1858), Jules Michelet

« L’intrigue de Paris, l’ennui du Parlement, ses duels ridicules avec le petit prêtre (de Retz), tout cela l’avait rendu malade. Il était réellement un sauvage officier de la guerre de Trente Ans, et il se fut déprincisé pour s’en aller […] avec une bonne bande de voleurs aguerris, batailler en Allemagne. »

Condé, qui s’est battu pour la régente et le petit roi, a changé de camp par haine de Mazarin. Ce qui lui valut un an de prison. Libéré, il a pris la tête de la Fronde des princes au printemps 1651, mais il est las des manières courtisanes – il faut « tenir le pot de chambre » aux gens influents.

Il va alors mener sa propre Fronde. L’anarchie dépasse l’imaginable ! Le bouillant vainqueur de Rocroi, entre autres titres gouverneur de Guyenne, prend les armes en septembre 1651, s’agite comme un furieux pour soulever sa province, s’appuie sur Bordeaux dominé par le mouvement populaire de l’Ormée (inspiré par la révolution anglaise), et s’allie avec Philippe IV d’Espagne – autrement dit, il trahit la France. Turenne, l’autre grand militaire, s’est mis du côté des frondeurs et trouve appui auprès des Espagnols, contre les troupes royales. Mais Mazarin réussit à le rallier, Turenne devient l’épée de la monarchie. Royalistes et « condéens » (partisans de Condé) vont s’affronter dans la guerre civile de l’année 1652.

« Ce sont des Mazarins, faites-en ce que vous voudrez ! »

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand CONDÉ (1621-1686) à ses soldats, 4 juillet 1652. Mémoires de Valentin Conrart (posthume, 1826)

C’est un contemporain qui témoigne, homme de lettres beaucoup plus discret que de Retz, se contentant d’être l’un des premiers Académiciens, et secrétaire perpétuel de 1635 à sa mort, en 1675. Parlement et bourgeois de Paris sont réticents, mais les partisans de Condé manoeuvrent les milieux populaires, exploitent leur haine contre Mazarin et entretiennent un climat de terreur, depuis quelques mois.

Le 2 juillet, Turenne bat de nouveau Condé, mais la Grande Mademoiselle le sauve en faisant tirer le canon de la Bastille sur les troupes royales et sur Turenne !

Une anarchie sanglante s’ensuit : le 4 juillet, Condé laisse massacrer les « Mazarins » (magistrats et bourgeois de Paris), tandis que l’incendie dévaste l’Hôtel de Ville et le palais Mazarin. C’est la « journée des Pailles ».

Mazarin fuit cette fois à Cologne. D’où il dirige la France, par lettres à la reine.

« Monseigneur, avez-vous jamais vu livrer une bataille ?
— Non, prince.
— Eh bien, vous allez en voir perdre une. »

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand CONDÉ (1621-1686) au jeune Henri, duc de Gloucester, avant la bataille des Dunes, 14 juin 1658. Histoire de la République d’Angleterre et de Cromwell (1854), François Guizot

Condé se bat aux côtés des Espagnols, avec Don Juan d’Autriche et le jeune Gloucester, fils de Charles Ier, avide à 18 ans de venger son père, contre les soldats de Cromwell qui a pris le pouvoir. Face à lui, Turenne se bat avec les Anglais, nouveaux alliés des Français contre les Espagnols (traité de Paris, mars 1657).

Condé a voulu éviter cette bataille qu’il sait perdue d’avance : ses troupes sont fatiguées, divisées, mal équipées, mal armées. Il voit aussi « le frivole aveuglement de l’orgueil espagnol ». Turenne, bien informé par ses éclaireurs, sera le plus fort, ou le plus malin sur ce terrain : il perd 400 à 500 hommes, et Condé dix fois plus (prisonniers compris).

Cette victoire décisive de la France met fin aux prolongations franco-espagnoles de la guerre de Trente Ans. On peut commencer à négocier le traité de paix, et le mariage espagnol.

« Le grand Condé, que le Dieu Mars fit naître
Pour être son second,
Aux Francs-Comtois, aujourd’hui fait connaître
Que son illustre nom,
Comme jadis, n’est pas un nom frivole.
Il prendrait Fontarabie
Comme il a pris Dôle. »

Sur la prise de la Franche-Comté (1668), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Condé est avec Turenne un héros de la guerre de Dévolution, et tous deux se rachètent ainsi de leur « légèreté » sous la Fronde – ils ont chacun son tour combattu avec l’Espagne contre les troupes royales.

Condé conquiert en deux semaines la Franche-Comté (capitale, Dôle), province espagnole convoitée par la France depuis Louis XI. Mais les Provinces-Unies (nord des Pays-Bas, dont la Hollande) s’inquiètent, ayant formé dès fin janvier 1668 la Triple Alliance de La Haye (protestante) avec la Suède et l’Angleterre.

Les trois pays proposent une médiation entre la France et l’Espagne. En fait, ils l’imposent. La guerre s’arrête (1668), mais la Franche-Comté est perdue – elle sera reconquise en 1674 – et Bossuet, dans un sermon, foudroie la « perfide Angleterre » qui deviendra plus tard « perfide Albion ».

« Un Prince [Condé] qui a honoré la Maison de France, tout le nom français, son siècle, et pour ainsi dire l’humanité tout entière. »

BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre de Louis de Bourbon (1686)

Ayant fini l’éducation du Dauphin (1670-1680), l’infatigable évêque a repris ses activités de prédication à Meaux. Il redevient grand orateur devant des auditoires mondains, en certaines occasions solennelles : la dernière sera la mort de son protecteur et ami, le prince de Condé.

On oublie sa Fronde et son alliance avec l’Espagne ennemie, pour ne plus rappeler que le jeune vainqueur de Rocroi et de Nördlingen avec Turenne, puis ses campagnes de Franche-Comté et d’Alsace au service de Louis XIV. Le Grand Condé, à l’inverse de Turenne mort à 65 ans au combat, acheva au même âge sa vie à Chantilly, entouré de poètes et d’écrivains (Boileau, Racine).

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire