Jeanne d’Arc arrive au pire moment de la guerre de Cent Ans, quand tout semble perdu pour la France. En moins de trois ans, elle va « faire miracle », devenant l’héroïne la plus populaire de notre histoire, célébrée nationalement, mais aussi récupérée politiquement. L’épisode vaut s’être conté, entre légende et vérité.
« Une enfant de douze ans, une toute jeune fille, confondant la voix du cœur et la voix du ciel, conçoit l’idée étrange, improbable, absurde si l’on veut, d’exécuter la chose que les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son pays. »334
(1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)
Le personnage inspire ses plus belles pages à l’historien du XIXe s. : « Née sous les murs mêmes de l’église, bercée du son des cloches et nourrie de légendes, elle fut une légende elle-même, rapide et pure, de la naissance à la mort. »
D’autres historiens font de Jeanne une bâtarde de sang royal, fille de la reine Isabeau de Bavière (notoirement débauchée, détestée du peuple) et de son beau-frère Louis d’Orléans, ce qui ferait d’elle la demi-sœur de Charles VII.
Mais princesse ou bergère, c’est bien un personnage providentiel qui va galvaniser les énergies et rendre l’espoir à tout un peuple – à commencer par son roi.
« En nom Dieu, je ne crains pas les gens d’armes, car ma voie est ouverte ! Et s’il y en a sur ma route, Dieu Messire me fraiera la voie jusqu’au gentil Dauphin. Car c’est pour cela que je suis née. »335
JEANNE d’ARC (1412-1431), quittant Vaucouleurs, fin février 1429
Déjà le sens d’un destin national, comme tous les « grands hommes » ! Elle répond à ceux qui s’effraient, car elle va devoir traverser la France occupée par l’ennemi, infestée d’Anglais et de Bourguignons. À 17 ans, Jeanne parvient à persuader le sire de Baudricourt (capitaine de Vaucouleurs) de lui donner une escorte et se met en route pour Chinon, où se trouve le dauphin.
Son père Charles VI le Fou, mais aussi le Bien aimé du peuple, est mort il y a sept ans. Charles VII, qui n’a pas encore été sacré roi comme le veut la coutume, garde le titre de dauphin. Jeanne fera alterner les deux titres, roi et dauphin.
« Je viens de la part du roi des Cieux pour faire lever le siège d’Orléans et pour conduire le roi à Reims pour son couronnement et son sacre. »336
JEANNE d’ARC (1412-1431), Château de Chinon, 7 mars 1429
Jeanne d’Arc (1860), Henri Wallon
Telle est sa réponse aux conseillers de Charles VII, qui lui demandent la raison de sa venue. Curieusement, ses mots ne semblent pas les surprendre. Le lendemain, on la conduit dans la salle du trône, au château de Chinon.
« Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle […] Mettez-moi en besogne et le pays sera bientôt soulagé. Vous recouvrerez votre royaume avec l’aide de Dieu et par mon labeur. »337
JEANNE d’ARC (1412-1431), château de Chinon, 8 mars 1429
Jeanne d’Arc, la Pucelle (1988), marquis de la Franquerie
Croyant à une farce, le dauphin s’est caché parmi ses partisans et le comte de Clermont a pris place près du trône. Au lieu de se diriger vers le comte, Jeanne va directement vers Charles et lui parle ainsi, à la stupeur des témoins. Leur entretien dure une heure et restera secret, hormis la dernière phrase dont elle fit état plus tard à son confesseur : « Je vous dis, de la part de Messire, que vous êtes vrai héritier de France et fils du roi. »
Jeanne a rendu doublement confiance à Charles : il est bien le roi légitime de France et le fils également légitime de son père, lui qu’on traite toujours de bâtard, à commencer par sa propre mère, la reine Isabeau de Bavière.
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