XXe siècle. Le socialisme oppose toujours les riches et les pauvres. Il prend démocratiquement le pouvoir : Front populaire (1936) et deux septennats de Mitterrand (1981-1995).
Contesté, repensé en fonction du contexte socio-économique, il est balayé par l’union sacrée de « la patrie est en danger » : intervalles tragiques des deux guerres mondiales, exemplaires en cela. Pour conclure « pacifiquement », redonnons la parole à Hugo : dernière citation à méditer, peut-être la clé de la situation en 2017.
« Le socialiste par raison peut avoir tous les défauts du riche ; le socialiste par sentiment doit avoir toutes les vertus du pauvre. »2538
(1864-1910), Journal, 9 janvier 1905
L’humour ne nuit pas à certaines vérités. Cruel observateur de la société, l’auteur à succès n’épargne personne, ni le monde littéraire dont il fait partie en marginal, ni celui des ouvriers et de la misère, qu’il critique en connaissance de cause. Il a vécu pauvrement et n’est pas socialiste pour autant, ni par raison, ni par sentiment.
Le socialisme est le mouvement qui monte. Son problème ? Une extrême division entre courants, jusqu’en 1905. Son dilemme ? Celui de la participation aux gouvernements dits bourgeois. Jules Guesde, révolutionnaire marxiste, est contre, alors que Jean Jaurès, socialiste humaniste et pacifiste, est pour. Jaurès s’est incliné devant la majorité guesdiste. Au congrès de Paris (1905), il se rallie au nouveau parti socialiste, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Il met à son service L’Humanité, quotidien fondé pour défendre ses idées. De grandes signatures s’y côtoient : Jules Renard, Anatole France, Octave Mirbeau, Aristide Briand. Jaurès continue de se battre en député d’opposition, mais des hommes comme lui vont manquer à cette Troisième République radicale, dans les ministères où se succèdent des politiciens souvent médiocres ou discrédités.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
Faire payer les riches.3214
Slogan de la nouvelle majorité, été 1981
Après dissolution de l’Assemblée par Mitterrand, nouveau président, les législatives de juin 1981 consolident la victoire de la gauche. Le gouvernement Mauroy, profitant d’un « état de grâce », se lance dans une frénésie de réformes, structurelles (nationalisations, décentralisation) ou sociales. C’est l’« été fou ».
« L’inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches, est l’oxygène du système. Regardez-le qui s’époumone. »3235
François MITTERRAND, L’Abeille et l’Architecte (1978)
Après la folle générosité des lois sociales de 1981, le franc est attaqué de toutes parts, en 1982. C’est l’échec du Programme commun de la gauche, vaincu par la force des choses économiques. Le « socialisme à la française », idée chère à Mitterrand, ne s’en remettra pas.
« Des entrailles du peuple, comme des profondeurs de la petite et grande bourgeoisie, des milliers de jeunes gens, tous plus ardents les uns que les autres, quittant leur famille, sans faiblesse et sans hésitation, ont rallié leurs régiments, mettant leur vie au service de la Patrie en danger. »2584
L’Humanité, 10 août 1914
Début de la Grande Guerre. L’élan de patriotisme frappe tous les témoins. Même ce journal du Parti socialiste, hier encore champion du pacifisme à la Jaurès, s’en fait écho. L’union sacrée rassemble ainsi les Français à chaque épreuve - jusqu’aux attentats du XXIe siècle.
« On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. Le bourgeois, c’est l’homme qui a maintenant le temps de s’asseoir. Une chaise n’est pas une caste. »2052
Victor HUGO, Les Misérables (1862)
Voilà qui est dit. Au lecteur de méditer cette pensée du troisième auteur le plus cité dans notre Histoire en citations. Non sans raison !
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