Trois citations abordent avec humour trois questions majeures, la peine de mort, la colonisation, l’exploitation des travailleurs. Reste le fameux mot de Guizot, caricaturé à tort, exemple type de la citation tronquée et mal interprétée - une erreur que l’Histoire en citations se plaît à dénoncer et corriger.
« Si l’on veut abolir la peine de mort, en ce cas que MM. les assassins commencent : qu’ils ne tuent pas, on ne les tuera pas. »2103
(1808-1890), Les Guêpes (1840)
Romancier, journaliste, directeur du Figaro (né hebdomadaire parisien et satirique), il crée en 1839 la revue satirique mensuelle Les Guêpes dont les pamphlets visent le monde des arts, des lettres et de la politique, jusqu’en 1849.
Sous la Monarchie de Juillet, la presse ne souffre pas trop des lois répressives, profitant surtout de l’industrialisation et des conditions économiques. 1836 est une date importante : création de La Presse, quotidien à bon marché et gros tirages d’Émile de Girardin, qui se battra pour la liberté des journaux qu’il crée, gère et modernise en homme d’affaires.
Quant à la peine de mort, c’est une longue histoire qui commence au Moyen Âge. L’égalité devant la mort est acquise sous la Révolution, avec la guillotine - incontestable progrès au regard des supplices médiévaux. Au XIXe siècle, le plus célèbre adversaire de la peine de mort est Victor Hugo. L’abolition sera votée en 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, le plaidoyer de Robert Badinter, avocat et garde des Sceaux, et l’appui du président Mitterrand - malgré une opinion publique toujours partagée sur la question.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« [La colonisation ne se fait pas] dans des pots de fleurs sur les terrasses d’Alger. »2111
Thomas Robert BUGEAUD, Lettres inédites du Maréchal Bugeaud, duc d’Isly, 1808-1849 (posthume, 1922)
Avec son franc-parler militaire, il déplore le manque de moyens pour parachever la conquête de l’Algérie. Faute de crédits, Bugeaud, devenu maréchal, démissionnera de son poste de gouverneur en 1847. Rappelons que depuis le XVIe siècle, tout grand pays devait avoir un empire colonial, Espagne et Portugal, Angleterre et France.
« Je hais celui qui jamais ne travaille / Et s’enrichit dans un honteux repos […]
C’est notr’ sueur qui gagn’ sa boustifaille, / Voilà pourquoi j’aim’ pas les aristos. »2119Gustave LEROY, Les Aristos (1848), chanson
Auteur, compositeur, interprète, adoré du public des guinguettes. On reprend ses refrains dans les ateliers, dans la rue. Mais chez les ouvriers, la révolte gronde. La crise annonce le commencement de la fin d’un régime politique qui ne tient que par le progrès économique et la satisfaction matérielle des bourgeois.
« Enrichissez-vous. »2114
François GUIZOT, Chambre des députés, 1er mars 1843
Mot cité pour résumer l’esprit égoïstement bourgeois de la Monarchie. Guizot répondait aux attaques de l’opposition : « Fondez votre gouvernement, affermissez vos institutions, éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France. » Louis-Philippe approuve les idées de son ministre : « C’est ma bouche. »
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