« L’Allemagne paiera. »
Axiome lancé après la Grande Guerre
Histoire de l’Europe au XXe siècle : de 1918 à 1945 (1995), Jean Guiffan, Jean Ruhlmann.
Le Bloc national a fondé sa campagne sur ce slogan, pour les élections législatives du 16 novembre 1919. C’est aussi la réponse de Clemenceau, chef du gouvernement, interpellé sur les difficultés de la reconstruction. Et la confirmation de Klotz, son ministre des Finances : « L’Allemagne paiera. » « Et jusqu’au dernier penny ! », renchérit Lloyd George, le Premier ministre anglais, poussé par son opinion publique.
L’Allemagne paiera, oui, mais mal : le paiement de la dette est un long et décevant feuilleton. En 1921, le montant des réparations, après discussions, est fixé à 85,8 milliards de francs (pour la France). L’Allemagne ne paiera que 5 milliards – étalés dans le temps. Le président Hoover impose un moratoire de la dette allemande en 1932, soucieux de sauvegarder le pouvoir d’achat d’un bon client, et de prévenir toute tentation communiste de sa part.
Mais l’axiome va justifier les prodigalités financières du Bloc national issu des élections. Comptant sur ces réparations, l’État multiplie les dépenses publiques, et les finance par l’emprunt au lieu de l’impôt. L’accroissement considérable de la dette publique et de la monnaie en circulation engendre l’inflation : prix multipliés par 6,5 de 1914 à 1928 ! Le franc Poincaré sauvera heureusement les finances, et l’économie française.
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