Second Empire
Armée impériale et politique extérieure : deux points forts du régime.
Napoléon III a le goût des armes - comme son illustre ancêtre - et tout semble lui réussir en politique extérieure. Mac-Mahon ayant pris la tour de Malakoff aux Russes (10 septembre 1855), la France sort gagnante de la guerre de Crimée. Elle devient puissance prépondérante en Europe et l’empereur, par conviction et/ou par raison, se pose en défenseur du principe des nationalités.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« L’armée est la véritable noblesse de notre pays. »2262
(1808-1873), Allocution à la garde impériale, 20 mars 1855
La Politique impériale exposée par les discours et proclamations de l’empereur Napoléon III (1868), Napoléon III.
L’armée doit être, avec l’Église, l’administration et la police, un appui pour l’empereur. Le 2 décembre 1851, elle n’a fait qu’obéir aux civils qui firent le coup d’État. Il va donc la mettre à l’honneur et la rendre bonapartiste, la mesure la plus notoire étant de rétablir la garde impériale, en 1854 (…) Les officiers resteront à leur place sans se mêler de politique et feront bien leur métier, dans les premières guerres du Second Empire et d’abord en Crimée.
« Il est impossible d’être plus beau sous le feu. »2263
PÉLISSIER (1794-1864), admirant Mac-Mahon, Fort de Malakoff, 8 septembre 1855
(…) Commandant l’armée de Crimée, il suit à la lorgnette les péripéties du combat de Mac-Mahon, à l’assaut du fort de Malakoff qui défend l’entrée de la ville de Sébastopol. Apprenant que la position est minée, il a ordonné à Mac-Mahon de renoncer, à cinq reprises. Mais le général s’obstine.
« J’y suis, j’y reste. »2264
MAC-MAHON (1808-1893), au fort de Malakoff, surplombant la citadelle de Sébastopol, 8 septembre 1855
Mot attribué au général qui a fini par prendre le fort de Malakoff et ne veut pas le rendre, les Russes annonçant qu’ils vont le faire sauter. Le siège de Sébastopol durait depuis 350 jours, quand Mac-Mahon prend la tête des colonnes d’assaut et part à l’attaque, entouré de ses zouaves (…) Pour ce mot et ce fait de guerre, il entre dans l’histoire – il aura d’autres occasions, comme président de la République sous le prochain régime.
« Napoléon III n’est qu’un aventurier heureux. »2265
Adolphe THIERS (1797-1877), quand les soldats reviennent de Crimée le 28 septembre 1855, vainqueurs après la chute de Sébastopol
La guerre de Crimée avait très mal commencé (…) Thiers ne croit pas au génie militaire de Napoléon III et l’armée française n’est pas si forte, ayant désappris depuis Napoléon Ier l’art et la science de la guerre. Mais les Russes sont encore moins forts et Napoléon III a gagné ce nouveau pari, en « aventurier heureux ».
« Réussissez, ma cousine, par les moyens qu’il vous plaira, mais réussissez ! »2266
Comte de CAVOUR (1810-1861). Le Grand siècle de Paris (1955), André Castelot
Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne surnommé « roi-gentilhomme » (re galantuomo) pour son courage face aux Autrichiens, veut faire l’unité italienne. Il faut l’aide diplomatique et militaire de la France (…) Son Premier ministre, Cavour, grand patriote italien, fait part du désir royal à sa cousine : il demande à la comtesse de Castiglione de persuader Napoléon III d’embrasser sa cause. La « divina contessa » va réussir, en choisissant le moyen le plus simple : séduire l’empereur (…)
« Je n’aime pas le cuisinier, mais je trouve sa cuisine excellente.
— Dites à Monsieur Thiers que je ne le prendrais pas pour marmiton, car il gâterait mes sauces. »2267NAPOLÉON III (1808-1873), apprenant le mot d’Adolphe Thiers (1797-1877) sur sa politique italienne, 1856
Républicain et opposant, Thiers approuve cependant l’empereur qui soutient le roi de Piémont-Sardaigne, face aux Autrichiens. Napoléon III a compris l’évolution du principe des nationalités, pour en faire une des bases de sa politique étrangère. Venger la honte des traités de 1815, c’est envisager une révision des frontières européennes, et l’évocation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes fournit une justification morale à son action.
« La France, sans froisser les droits de personne, a repris dans le monde la place qui lui convenait. »2268
Comte WALEWSKI (1810-1868), ministre des Affaires étrangères, présidant le Congrès de la paix qui s’ouvre à Paris, le 25 février 1856
Il parle au nom de l’empereur, dans le décor rouge et or d’un quai d’Orsay flambant neuf. Quarante ans après le Congrès de Vienne et au terme de la guerre de Crimée, c’est la revanche de la France et la défaite d’une Russie expansionniste (…) Victoire personnelle pour Napoléon III qui se pose et s’impose en défenseur du principe des nationalités.
« L’Empereur, vous n’avez rien de lui !
— Tu te trompes, mon cher, j’ai sa famille. »2269NAPOLÉON III (1808-1873) à son cousin germain Jérôme-Napoléon Bonaparte (1856)
Jérôme-Napoléon, dit Prince Napoléon, fils de Jérôme Bonaparte (frère de Napoléon Ier) et frère de la princesse Mathilde, mettait ainsi en doute l’ascendance paternelle de l’empereur. Sa mère, Hortense de Beauharnais (fille de Joséphine), avait eu avant sa naissance bien des amants (…) le doute devait empoisonner l’empereur. Sa famille n’était pas davantage un cadeau, surtout ce cousin germain, chef de la branche cadette, appelé Napoléon V et surnommé Plon-Plon (…)
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