« La fureur de la plupart des Français, c’est d’avoir de l’esprit, et la fureur de ceux qui veulent avoir de l’esprit, c’est de faire des livres. »979
(1689-1755), Lettres Persanes (1721)
Deux pseudo-Persans débarquent à Paris et découvrent un monde étonnant pour des musulmans. L’auteur de ce roman épistolaire et plein d’esprit séduit la bonne société et devient célèbre. Il écrira plus tard l’Esprit des lois.
Cette caractéristique du XVIIIe français, dit siècle des Lumières, ne fera que se renforcer jusqu’à la Révolution de 1789. C’est devenu un trait de caractère national, qui s’exerce sur le terrain littéraire et/ou politique.
Tous nos présidents de la Ve République ont écrit, à commencer par de Gaulle, dont les Mémoires en trois tomes ont les honneurs de la Pléiade. Pompidou a publié une anthologie poétique et nombre d’essais, Giscard une quinzaine de titres, dont un roman… Mitterrand plus de 20 livres politiques et polémiques, dont un pamphlet contre de Gaulle, le Coup d’état permanent. Chirac a fait ses Mémoires à l’âge où il perdait la sienne, Sarkozy s’exprime (sans plus de littérature) à chaque tournant de sa trajectoire politique. Déjà auteur de quelques essais souvent co-écrits et de nombreuses préfaces, on attend Hollande, avant ou après la prochaine présidentielle, gagnant ou perdant.
Mais tous les politiques d’aujourd’hui prennent la plume, ou du moins signent des témoignages, programmes, prophéties, confessions, professions de foi, etc. Dernière en date, Christiane Taubira et ses Murmures à la jeunesse font la une, après sa démission du gouvernement.
« Parler est bien, écrire est mieux ; imprimer est une excellente chose. »1898
Paul-Louis COURIER (1772-1825), Pamphlet des pamphlets (1824)
La Restauration qui succède à l’Empire est, malgré la censure, une période de grande activité intellectuelle : des sciences exactes aux courants politiques, en passant par la poésie, la littérature, le théâtre.
En 1825, l’édition française publie 14 millions de volumes – pour 30 millions de Français, dont les trois quarts sont illettrés. On a recensé 2 278 titres de journaux et périodiques, durables ou éphémères.
Au XXe s, l’édition est concurrencée par tous les autres médias et au XXIe s, la voilà menacée par la révolution numérique. Qu’importe la « crise du livre », il faut toujours passer par le papier ! D’où les bouquins qui s’empilent, font parler d’eux et se vendent ou pas.
« Depuis l’Évangile jusqu’au Contrat social, ce sont les livres qui ont fait les révolutions. »1000
Vicomte Louis de BONALD (1754-1840), Mélanges littéraires, politiques et philosophiques, « Sur les éloges historiques de MM. Séguier et de Malesherbes »
C’est accorder au livre un bien grand rôle et cela explique « la fureur » d’écrire, propre aux Français. Aucun pays ne rivalise avec nous dans cette forme d’expression culturelle.
Pour en revenir au XVIIIe et aux fameuses « Lumières » qui ont éclairé le monde et souvent effrayé les souverains au pouvoir, les philosophes n’étaient pas révolutionnaires, mais leur pensée le devint, diffusée par leurs livres. En schématisant : à Voltaire le temps de la pré-Révolution ; Montesquieu triomphe sous la Constituante où Diderot aussi a son heure ; puis Législative et Convention s’inscrivent sous le signe de Rousseau, qui inspire les discours jacobins. Le communisme en découlera aux XIXe et XXe s. Cependant que la démocratie libérale contestée, mais bien vivante, se réfère naturellement à Voltaire et Montesquieu.
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