Cinquième République sous de Gaulle
Le putsch des généraux
À Alger, un « quarteron de généraux » se rebelle le 22 avril 1961 : Challe, Zeller, Jouhaud et Salan obtiennent de nombreux ralliements. Mais l’autorité du Général de Gaulle écarte le danger de guerre civile.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« La République algérienne existera un jour. »2996
(1890-1970), Conférence télévisée, 4 novembre 1960
La Guerre d’Algérie et les intellectuels français (1991), Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli.
Alors que la guerre s’éternise, le président relance la politique algérienne, annonçant un référendum sur l’autodétermination, parlant pour la première fois de « République algérienne », fustigeant les « deux meutes ennemies, celle de l’immobilisme stérile et celle de l’abandon vulgaire » (…)
« Françaises, Français […] j’ai besoin de savoir ce qu’il en est dans les esprits et dans les cœurs, c’est pourquoi je me tourne vers vous par-dessus tous les intermédiaires. En vérité, qui ne le sait, l’affaire est entre chacune de vous, chacun de vous et moi-même. »2997
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 6 janvier 1961. L’Année politique, économique, sociale et diplomatique en France (1962)
Dernière apparition présidentielle, avant le référendum du 8 janvier qui demande au peuple français d’approuver le principe de l’autodétermination du peuple algérien.
« Oui » : plus de 75 % des suffrages exprimés. Les électeurs n’ont pas suivi les consignes des partis politiques et, comme de Gaulle, ont négligé ces intermédiaires.
Le choc est dur, chez les Européens d’Algérie (…)
L’OAS frappe où elle veut, quand elle veut, comme elle veut.2998
Slogan de la nouvelle « Organisation Armée secrète ». L’OAS et la fin de la guerre d’Algérie (1985), M’Hamed Yousfi. Premiers tracts lancés début février 1961
(…) Les Européens d’Algérie vivent dans la terreur de la négociation, qui conduira inévitablement à l’indépendance. Et l’OAS, choisissant la politique du désespoir, recourt également aux attentats. Ainsi, le maire d’Évian, Camille Blanc, tué par une charge de plastic le 31 mars, assassiné uniquement parce que sa ville est choisie pour accueillir les négociations. Cela n’infléchit en rien la politique du président.
« Cet État sera ce que les Algériens voudront. Pour ma part, je suis persuadé qu’il sera souverain au-dedans et au-dehors. Et, encore une fois, la France n’y fait aucun obstacle. »2999
Charles de GAULLE (1890-1970), Conférence de presse, 11 avril 1961. L’Année politique, économique, sociale et diplomatique en France (1962)
De Gaulle annonce qu’il envisage l’indépendance de l’Algérie « avec un cœur parfaitement tranquille ».
Onze jours plus tard, c’est le putsch, dans la nuit du 21 au 22 avril.
« Ce qui est grave dans cette affaire, Messieurs, c’est qu’elle n’est pas sérieuse. »3000
Charles de GAULLE (1890-1970), Conseil des ministres extraordinaire, réuni à 17 heures, le 22 avril 1961. La Fronde des généraux (1961), Jacques Fauvet, Jean Planchais
La population d’Alger a été réveillée à 7 heures du matin, par ce message lu à la radio : « L’armée a pris le contrôle de l’Algérie et du Sahara. »
Les généraux rebelles font arrêter le délégué général du gouvernement, et un certain nombre d’autorités civiles et militaires. Quelques régiments se rallient aux rebelles. La population européenne, qui se sent abandonnée par la métropole, est avec eux (…)
Le directoire militaire a quand même pris le pouvoir à Alger. Les ralliements se multiplient derrière les quatre généraux, Challe, Zeller, Jouhaud et Salan, qui dénoncent la « trahison » du général de Gaulle (…)
Le coup d’État semble réussi. De Gaulle reparaît et va trouver les mots qui tuent.
« Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. »3001
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 23 avril 1961. Algérie 1962, la guerre est finie (2002), Jean Lacouture
Revêtu de sa tenue de général, c’est le de Gaulle des grandes heures : « Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-la, en attendant de les réduire. » Il demande que s’applique l’article 16 de la Constitution (pouvoirs spéciaux) : c’est une « dictature républicaine », justifiée par la situation.
Tous les bidasses entendent cette voix de la France sur leur transistor. Le contingent refuse de suivre le quarteron de généraux (…)
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