Le socialisme qui s’impose au XIXe siècle prend diverses formes, du catholicisme social à l’anarchisme révolutionnaire. Le marxisme (communiste) reste la doctrine la plus cohérente, la plus séduisante et la plus destructrice au siècle suivant. Prophète et grande voix du siècle, Hugo nous met déjà en garde contre cette lutte des classes - les riches contre les pauvres.
« Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »2139
(1802-1861), Sermon à la chaire de Notre-Dame (1848)
Conférences de Notre-Dame de Paris, 1835-1851 (1855), Henri Lacordaire.
Ami de Lamennais, venu du catholicisme social et libéral avant 1840, dominicain depuis, il travaille avec éloquence et générosité à réconcilier l’Église et le monde moderne. Vaste programme, toujours à suivre…
Il rompt avec l’éternel insoumis, Lamennais. Nommé pair de France en 1835, il poursuit sa lutte pour la défense de l’Église et la conquête des libertés essentielles. Élu à l’Assemblée constituante en avril 1848, sous la Deuxième République, il se rallie à la politique du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte et fait ensuite partie du Corps législatif jusqu’en 1857.
Ce joli mot explique son parcours : « Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même. »
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. »2177
LAMENNAIS, Le Peuple Constituant, 11 juillet 1848
Derniers mots du dernier numéro du journal, suite au cautionnement imposé à la presse. Prêtre en rupture d’Église, démocrate humaniste, député d’extrême-gauche à l’Assemblée constituante de 1848, il se retire de la vie politique. Sa dernière volonté, que son corps soit conduit au Père-Lachaise, pour être enterré « au milieu des pauvres et comme le sont les pauvres. » (1854). George Sand, Michelet, Hugo ont dit ce qu’ils doivent à Lamennais, à son cœur, ses idées, son courage militants.
« Puissent les classes dirigeantes trembler à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »2136
Karl MARX et Friedrich ENGELS, Manifeste du parti communiste (1848)
Derniers mots du célèbre Manifeste. Les classes dirigeantes - mais aussi une partie des classes populaires bientôt reprises en main par les notables - vont si bien trembler que les prolétaires perdront de nouveau ce combat social, sous la Deuxième République. Ce n’est qu’un épisode de la lutte des classes : le Manifeste en donne une théorie qui va marquer le monde et changer le cours de l’histoire.
« Le vrai socialisme, ce n’est pas le dépouillement d’une classe par l’autre, c’est-à-dire le haillon pour tous, c’est l’accroissement, au profit de tous, de la richesse publique […] Quant au communisme, je n’ai jamais eu pour idéal un damier. Je veux l’infinie variété humaine. »2138
Victor HUGO, Avant l’exil (discours 1841-1851)
Le plus brillant député de cette brève (Deuxième) République, « écho sonore » de son siècle, successivement libéral, monarchiste, partisan du prince Louis-Napoléon et son plus talentueux opposant, quand il voit poindre le dictateur. Mais Hugo demeure fidèle à un idéal humanitaire, luttant contre la misère du peuple, l’injustice sociale, la peine de mort, les restrictions à la liberté de la presse, d’où ses 19 ans d’exil.
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