L’Histoire en citations témoigne des espoirs déçus, avec l’humour au goût amer de Lamartine et Lamennais qui ont vraiment cru aux lendemains meilleurs. D’autres, plus philosophes, tirent les premières leçons politiques et économiques des événements.
« J’ai conspiré comme le paratonnerre conspire avec la foudre pour en dégager l’électricité ! »2166
(1790-1869), à qui l’accuse d’avoir été l’ami des agitateurs Blanqui et Raspail, Séance du 12 juin 1848
Histoire parlementaire de l’Assemblée nationale, volume II (1848), F. Wouters, A.J.C. Gendeblen.
Fidèle à l’idéal démocratique qui va le perdre, il refuse de jouer le rôle que l’assemblée conservatrice attend de lui et d’entrer en guerre ouverte contre le peuple de gauche.
Auteur d’une belle et édifiante Histoire des Girondins (1847) écrite pour donner à ce peuple « une haute leçon de moralité révolutionnaire, propre à l’instruire et à le contenir à la veille d’une révolution », Lamartine va se trouver dans la situation inconfortable de ces républicains de 1793, trop modérés pour les révolutionnaires et trop révolutionnaires pour les modérés. Mais il y a plus grave que ce destin personnel : « Le 15 mai [1848] fortifia dans la majorité la haine des manifestations ; il jeta les républicains modérés dans l’alliance avec les conservateurs contre les socialistes. Ce fut la rupture définitive entre l’Assemblée et le peuple de Paris » (Ernest Lavisse, Histoire de la France contemporaine).
Les journées de juin ont encore aggravé la situation qui tourne à la tragédie - quelque 4 000 morts chez les insurgés, 1 600 dans les forces de l’ordre.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. »2177
Félicité Robert de LAMENNAIS, Le Peuple Constituant, 11 juillet 1848. Derniers mots du 134e et dernier numéro
Le journal cesse de paraître en raison d’un cautionnement imposé à la presse. Prêtre en rupture d’Église, démocrate humaniste, député à l’Assemblée constituante et siégeant à l’extrême gauche, il se retire de la vie politique en mettant fin à son journal, né avec la Deuxième République. Sand, Michelet, Hugo diront ce qu’ils doivent à son courage militant.
« Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même. »2140
Comte de MONTALEMBERT, Discours, entretiens et autres sources
D’abord avec Lamennais dont il subit l’ascendant, il rompt avec l’insoumis. Nommé pair de France en 1835, il poursuit sa lutte pour la défense de l’Église et la conquête des libertés essentielles. Élu à l’Assemblée constituante en avril 1848, il se rallie à la politique du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte et poursuit sa carrière politique.
« L’État, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »2141
Frédéric BASTIAT, Harmonies économiques (1850)
Hostile au protectionnisme douanier de la bourgeoisie frileuse, comme au socialisme de Proudhon et plus encore au communisme de Marx, Bastiat est un libéral extrême qui croit en un ordre providentiel. Cet optimisme l’oppose aux grands économistes libéraux de l’époque, les Anglais Malthus et Ricardo.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.