Cinquième République sous de Gaulle
Personnage de Charles de Gaulle
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« Le plus illustre des Français […] celui qui, aux années les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l’unanimité nationale, refusa la dictature pour rétablir la République. »2971
(1882-1962), président de la République, Message aux Chambres, 29 mai 1958
Histoire : l’Europe et le monde depuis 1945 (2006), L. Bernlochner, P. Geiss, G. Le Quintrec.
Ainsi définit-il le général de Gaulle, personnage historique. Il fait appel à lui au plus fort de la crise algérienne, alors que plane une menace de guerre civile en France, déchirée par la question algérienne.
« En vertu du mandat que le peuple m’a donné et de la légitimité nationale que j’incarne depuis vingt ans, je demande à tous et à toutes de me soutenir quoi qu’il arrive. »2972
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 29 janvier 1960. Discours et messages, volume III (1970), Charles de Gaulle
Vingt ans après – après le fameux Appel du 18 juin 1940 –, lui-même se pose en personnage historique et s’impose à un autre moment crucial de l’histoire de France – les barricades d’Alger.
« Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France. »2973
Charles de GAULLE (1890-1970), Interview radiotélévisée, 15 décembre 1965. De Gaulle vous parle (1967), Charles de Gaulle
Incarner la France, l’assumer, s’identifier à elle, c’est aussi pour le général de Gaulle une façon de s’opposer aux partis qu’il méprise. Il n’est pas centriste, il n’est pas à côté des partis, il est au dessus.
« Il n’y a eu de France que grâce à l’État. La France ne peut se maintenir que par lui. Rien n’est capital que la légitimité, les institutions et le fonctionnement de l’État. »2974
Charles de GAULLE (1890-1970), Conseil d’État, 28 février 1960. Essai sur la pratique de la Ve République : bilan d’un septennat (1968), Jean Gicquel
Parole de crise, certes (au lendemain des barricades d’Alger), mais idée chère à de Gaulle, grand admirateur de Richelieu qui fit de la France un État moderne. La légitimité était déjà un thème récurrent, durant sa Résistance (…)
« Le président de la République est atteint d’une hypertrophie maladive du moi ; ses intuitions politiques, souvent justes à l’origine, apparaissent vite dénaturées par une large surestimation du rôle et des possibilités de la France. » 2975
Hubert BEUVE-MÉRY (alias SIRIUS) (1902-1989), Le Monde, 1er août 1967. Onze ans de règne : 1958-1969 (1974), Hubert Beuve-Méry
Critique habituelle chez les adversaires de De Gaulle, y compris à l’étranger ou sa forte personnalité servait dans le même temps le prestige de la France (…)
« Le général de Gaulle se tient sous le regard du général de Gaulle qui l’observe, qui le juge, qui l’admire d’être si différent de tous les autres hommes. »2976
François MAURIAC (1885-1970), De Gaulle (1964)
Le romancier témoin de son temps est redevenu un fervent gaulliste depuis 1958, sans être jamais du style « godillot », ni dans le fond, ni dans la forme : « Que de Gaulle se voie lui-même comme un personnage de Shakespeare et comme le héros d’une grande histoire, cela se manifeste clairement chaque fois (et c’est souvent) qu’il parle de lui à la troisième personne. » (…)
« Je quitte, par intervalles, le cortège officiel afin d’aborder la foule et de m’enfoncer dans ses rangs. »2977
Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires de guerre, tome III, Le Salut, 1944-1946 (1959)
(…) Dans ses Mémoires, il parle ainsi de ses relations de toujours avec le peuple français : « Serrant les mains, écoutant les cris, je tâche que ce contact soit un échange de pensées. Me voila, tel que Dieu m’a fait ! Voudrais je faire entendre à ceux qui m’entourent. Comme vous voyez, je suis votre frère, chez lui au milieu des siens. »
« La conférence de presse du général de Gaulle est une œuvre d’art. L’orateur survole la planète, rappelle le passé et jette des rayons de lumière sur l’avenir. Il distribue blâmes ou éloges aux uns et aux autres, il couvre de mépris ses adversaires et il ne dissimule pas la satisfaction que lui inspire la France qu’il façonne. »2978
Raymond ARON (1905-1983), Le Figaro, 25 janvier 1963. La Vie politique en France depuis 1940 (1979), Jacques Chapsal, Alain Lancelot
La conférence de presse, comme le bain de foule, est une institution du nouveau régime. Cet « exercice de haute voltige politico-historique » a fasciné bien des témoins (…)
« Le caractère, c’est d’abord de négliger d’être outragé ou abandonné par les siens. »2979
Charles de GAULLE (1890-1970). Les Chênes qu’on abat (1979), André Malraux
Le président ressentira dramatiquement l’échec de son référendum en 1969. Il démissionne et s’en retourne dans sa retraite de Colombey-les-Deux-Églises, pour écrire des mémoires qui resteront inachevés.
« À la fin, il n’y a que la mort qui gagne. »2980
Charles de GAULLE (1890-1970), citant volontiers ce mot de Staline dans ses Mémoires de guerre
Malraux reprend cette phrase dans ses Antimémoires : le Miroir des limbes. La mort fut certainement omniprésente dans ce dialogue au sommet de l’intelligence, qui réunit les deux hommes. Jusqu’à la mort du général de Gaulle.
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