Moyen Âge (fin)
3. Premiers Valois (régence de Philippe de Valois, 2 février 1328 - mort de Louis XI, 30 août 1483).
Les Anglais occupent un tiers du territoire pendant la « Guerre de Cent Ans » et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons aggrave la situation. Jeanne d’Arc surgit à temps pour redonner confiance au Dauphin Charles, enfin sacré roi Charles VII. Son fils Louis XI va triompher des grands féodaux et renforcer la France, enfin prête à la Renaissance.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
Prologue
« Le roi doit seigneurier au commun profit du peuple. »263
CHARLES V le Sage (1338-1380). Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby
Son règne marque un temps de répit relatif (…) Souverain plus intellectuel que guerrier, il exprime l’un des aspects fondamentaux de la fonction royale : l’exercice de l’autorité est subordonné à l’intérêt de la communauté publique (…)
« Temps de douleur et de tentation. / Âge de pleur, d’envie et de tourment.
Temps de langueur et de damnation. / Âge mineur, près du définement. »264Eustache DESCHAMPS (vers 1346-vers 1406). Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (…)
Écuyer, magistrat, diplomate et poète (…) il évoque les horreurs de cette « guerre de Cent Ans » qui va ravager la France, à partir de 1337 et pendant plus d’un siècle. Une des périodes les plus sombres de l’histoire. La guerre n’est pas seule en cause (…) épidémies mortelles (diphtérie, oreillons, scarlatine), disettes ou famines (…) Et la peste noire (…)
« Les villes et les châteaux étaient entrelacés les uns dans les autres, les uns aux Anglais, les autres aux Français, qui couraient, rançonnaient, et pillaient sans relâche. Le fort y foulait le faible. »265
Jean FROISSART (vers 1337-vers 1400), Chroniques
(…) La guerre de Cent Ans oppose d’abord les Français aux Anglais, dans ce qu’on appellera la France anglaise (Aquitaine et Normandie). Mais tout le pays se retrouve déchiré, quand les bandes mercenaires, entre deux combats, pillent et rançonnent les populations - une pratique courante, à l’époque.
« Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne doit la priser. »266Charles d’ORLÉANS (1394-1465), Ballade, vers 1430 (…)
Petit-fils de Charles V et père du futur Louis XII, prisonnier à Azincourt (1415), ce prince demeura vingt-cinq ans captif en Angleterre, faute de pouvoir payer sa rançon (…) Ce désir de paix se trouve dans les deux camps (…)
« À nul n’appartient d’empêcher les droits du roi. »267
François HALLE (seconde moitié du XVe siècle), précepte daté de 1480 (…)
Avocat général au Parlement, président de l’Échiquier de Normandie, archevêque de Narbonne, il proclame les droits du roi auquel il doit beaucoup (Louis XI) face aux Grands jadis rebelles (…)
« À déshonneur meurt à bon droit qui n’aime livre. »268
Proverbe du Moyen Âge, tiré du Roman de Renart
C’est dire la place primordiale réservée au savoir ! Paris s’enorgueillit du fait que les étudiants forment plus de la moitié de la population, à l’époque des règnes de Jean II le Bon et Charles V le Sage (entre 1350 et 1380)
« L’existence de la plupart des femmes est plus dure que celles d’esclaves entre les Sarrasins. »269
Christine de PISAN (vers 1364-vers 1430)
Une des premières femmes de lettres françaises (née en Italie), une des premières féministes de l’histoire. En cette sombre période du Moyen Âge, le culte de l’amour courtois est en déclin (…) La condition des femmes du peuple s’aggrave (…)
« Aventurer ses armes, c’est mettre en aventure la parure de ses enfants et de son lignage. »270
Olivier de LA MARCHE (1426-1502), Mémoires
Chroniqueur et poète, il se plaît à rapporter les exploits des chevaliers dans les joutes et tournois. La coutume veut que le tournoyeur ne porte pas sur lui les armes de sa famille, mais des armes de fantaisie, pour ne pas compromettre l’honneur des siens en cas de défaite (…)
« La féodalité, ce vieux tyran caduc, gagna fort à mourir de la main d’un tyran. »271
Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, Le Moyen Âge, tome VI
Le tyran est Louis XI. L’historien n’aime guère ce grand roi plein de petitesses (…) avant l’explosion heureuse de la Renaissance (…) La féodalité est également très attaquée par le peuple, comme en témoigne le chroniqueur Froissart (…)
Personnage de Louis XI
« Il fut contraint de plaire à ceux dont il avait besoin : voilà ce que lui apprit l’adversité, et ce n’est pas mince avantage. »272
Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)
Diplomate de carrière (…) et véritable historien de référence, auteur de huit livres de Mémoires, sur les règnes de Louis XI et de Charles VIII. Commynes parle ici du futur Louis XI, encore dauphin et impatient de régner (…)
« Notre roi s’habillait fort court et si mal que pis ne pouvait, et assez mauvais drap portait toujours, et un mauvais chapeau, différent des autres, et une image de plomb dessus. »273
Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)
Tel est le roi âgé de 38 ans, à son avènement en 1461 (…) Le peuple de Paris s’étonne de l’allure si peu royale de son roi, comme le rapporte le chroniqueur flamand Georges Chastellain : « Notre roi qui ne se vêt que d’une pauvre robe grise avec un méchant chapelet, et ne hait rien que joie. »
« Est-il possible […] de tenir un roi en plus étroite prison qu’il ne se tenait lui-même ? […] Ce roi qui s’enfermait et se faisait garder de la sorte, qui craignait ses enfants et tous ses proches parents, qui changeait et remplaçait chaque jour ses serviteurs et commensaux, lesquels ne tenaient biens et honneurs que de lui, qui n’osait se fier à aucun d’eux et s’enchaînait lui-même en des chaînes et clôtures extraordinaires ? »274
Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)
Peur de la mort, duplicité allant jusqu’à la perfidie, art pour nouer des intrigues ou dénouer des situations parfois compromises par sa propre rouerie, cruauté allant jusqu’à la névrose, quelques traits du sombre caractère prêté au roi.
« Divide ut regnes. » « Divise afin de régner. » « Diviser pour régner. »275
Maxime de LOUIS XI (1423-1483). Fleurs latines des dames et des gens du monde ou clef des citations latines (1850) Larousse
Maxime énoncée par Machiavel et reprise par Catherine de Médicis. Avec « Qui nescit dissimulare, nescit regnare » (« Celui qui ne sait pas dissimuler, ne sait pas régner »), on a la clé de toute la politique du personnage réaliste et rusé (…)
« Louis XI, gagne-petit, je t’aime, curieux homme.
Cher marchand de marrons, que tu sus bien tirer les marrons de Bourgogne. »276Paul FORT (1872-1960), Ballades françaises (1898)
Raccourci des relations entre Louis XI et son cousin le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire : à sa mort, il rattachera son duché à la couronne de France. Le duc détestait ce roi qu’il surnomma l’« universelle aragne » (araignée).
« Qui s’y frotte, s’y pique. »277
LOUIS XI (1423-1483), devise
Louis XII prendra la même devise, mais associée au porc-épic (…) Louis XI se fait craindre et se soucie peu de se faire aimer, à l’image du chardon (…) Il passe pour égoïste et parcimonieux, voire avare, indifférent à ses deux femmes (…) détesté des grands féodaux, avec qui il a d’ailleurs comploté contre son père (…)
« Il était par nature ami des gens de condition moyenne et ennemi de tous les Grands qui pouvaient se passer de lui. Personne ne prêta jamais autant l’oreille aux gens, ne s’informa d’autant de choses que lui, et ne désira connaître autant de gens. »278
Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)
(…) Plutôt populaire auprès des petites gens, comme plus tard Henri IV, écartant du pouvoir tous les Grands, il s’entoure de conseillers de basse extraction, compères dont il s’entiche, souvent médiocres, sinon suspects (…)
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