Entre-deux-guerres
Le rassemblement des gauches annonce le Front populaire
Devant la montée des partis de droite, les partis de gauche ont déjà fait un pacte d’unité d’action socialo-communiste (signé le 27 juillet entre PC et SFIO) et tentent de grossir leurs troupes. Le parti communiste de Maurice Thorez, le parti socialiste de Léon Blum et, le parti radical-socialiste d’Édouard Daladier se rassemblent pour faire front face à la montée des périls dans un climat politique, social, idéologique et un contexte international de plus en plus difficiles.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Les paysannes restaient bouche bée quand je leur parlais du vote. Les ouvrières riaient, les commerçantes haussaient les épaules, les bourgeoises me repoussaient horrifiées. »2665
(1893-1983) évoquant une de ses conférences de 1934
Ce que femme veut (1946), Louise Weiss.
(…) Cette militante féministe et européenne sera témoin de tous les progrès dans la condition féminine.
Rappelons que le droit de vote est reconnu aux femmes par ordonnance du 5 octobre 1944, prise par le gouvernement (GPRF) du général de Gaulle.
« Pour le pain, pour la paix, pour la liberté ! »2666
Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 13 novembre 1934. Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, volume VI (1972), Institut Maurice Thorez
Député, secrétaire général du Parti communiste français, il lance ce mot d’ordre pour rallier les radicaux et les classes moyennes.
Devant la montée des partis de droite, les partis de gauche ont déjà fait un pacte d’unité d’action socialo-communiste (signé le 27 juillet entre PC et SFIO) et tentent de grossir leurs troupes (…)
« Pas un jour de plus pour le service militaire ! Pas un sou de plus pour la guerre ! »2667
Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 14 juin 1935. Notes et études documentaires, nos 4871 à 4873 (1988), Documentation française
Le secrétaire général du PCF tire les conséquences de la conclusion d’un pacte d’assistance mutuelle signé par Pierre Laval et Staline, le 2 mai 1935. Il reprend des thèses antimilitaristes, que le Parti abandonnera quelques semaines plus tard, à son congrès d’Ivry.
« On a ri longtemps de ce mélodrame où l’auteur faisait dire à des soldats de Bouvines : “Nous autres, chevaliers de la guerre de Cent Ans”. C’est fort bien fait, mais il faut donc rire de nous-mêmes : nos jeunes gens s’intitulaient “génération de l’entre-deux-guerres” quatre ans avant l’accord de Munich. »2668
Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Situations II (1948)
Munich, ce sera octobre 1938. Quatre ans plus tôt, l’Europe assiste à la montée au pouvoir d’Adolf Hitler (…) Plébiscité, promettant à son pays de le libérer du « Diktat » de Versailles, mais lui annonçant déjà de gros sacrifices en échange : « Des canons plutôt que du beurre. »
« Transformer le monde, a dit Marx. Changer la vie, a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. »2669
André BRETON (1896-1966), Position politique du surréalisme, Discours au Congrès des écrivains (1935)
La politisation du mouvement surréaliste est l’une des raisons de son éclatement. Le « pape » du mouvement, André Breton, au Parti communiste depuis 1927, a entraîné nombre de camarades, mais il rompt en 1935. À l’inverse, les poètes Paul Éluard et Louis Aragon demeurent fidèles à l’engagement et au communisme (…)
« Nous n’attendrons ni une semaine, ni trois jours, ni même une heure pour le répéter solennellement : nous ne subirons pas la loi de la spéculation internationale. »2670
Léon BLUM (1872-1950), annonçant le programme de la gauche unie, en mai 1935. Histoire de la France : les temps nouveaux, de 1852 à nos jours (1971), Georges Duby
« Nous », ce sont les trois grands partis de gauche qui ont conclu une alliance électorale : le Front populaire réunit le parti communiste de Maurice Thorez, le parti socialiste de Léon Blum et, plus près du centre, le parti radical-socialiste d’Édouard Daladier. Dans un an, ils seront au pouvoir.
« Donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et au monde la grande paix humaine. »2671
André CHAMSON (1900-1983), Jean GUÉHENNO (1890-1978), Jacques KAYSER (1900-1963), Serment de la gauche au vélodrome Buffalo à Montrouge, 14 juillet 1935. Socialistes à Paris : 1905-2005 (2005), Laurent Villate
Deux intellectuels de gauche et un journaliste radical signent ce Serment, et participent à ce grand rassemblement populaire. Face à la montée des périls (fascisme et nazisme), la « grande paix humaine » est bien menacée. Le Front populaire fait déjà front, dans un climat politique, social, idéologique et un contexte international de plus en plus difficiles (…)
« La fonction royale est plus un devoir qu’elle n’est un don. Un devoir constant, toujours pénible, quelquefois terrible. »2672
Léon DAUDET (1867-1942), au lendemain de la mort accidentelle de la reine Astrid de Belgique (29 août), L’Action française, 1er septembre 1935. Encyclopédie des citations (1959), P. Dupré
Le quotidien d’extrême droite fondé en 1908 et animé par Jacques Bainville, Léon Daudet et Charles Maurras, défend toujours le « nationalisme intégral » et la monarchie « héréditaire, antiparlementaire et décentralisée ».
Son audience est réduite après sa mise à l’Index par le pape, mais la droite ou plutôt les droites françaises multiplient les « ligues » et ne manquent pas une occasion de faire entendre leur voix (…)
« Nous ne sommes pas disposés à laisser placer Strasbourg sous le feu des canons allemands. »2673
Albert SARRAUT (1872-1962), à la radio, s’exprimant au nom de son gouvernement, 7 mars 1936. Les Accords de Munich et les origines de la guerre de 1939 (1988), François Paulhac
Président du Conseil, il s’adresse au pays, quand Hitler réoccupe la Rhénanie démilitarisée le 7 mars 1936, reniant ainsi les accords de Locarno.
Mais le gouvernement tergiverse. Il a de gros soucis de politique intérieure : montée du Front populaire, élections dans deux mois, suite et fin de l’affaire Stavisky (…)
« La dernière grande chance de porter un coup décisif au régime national-socialiste et de sauver la paix venait de nous échapper. »2674
Paul STEHLIN (1907-1975), Témoignage pour l’histoire (1938)
L’attaché militaire à l’ambassade de Berlin en 1936 a raison. On sait aujourd’hui qu’Hitler bluffait : l’armée du Reich n’était pas encore capable de résister à une attaque française. Deux ans plus tard, le rapport des forces sera inversé.
« Tout va très bien, Madame la marquise. »
« Y’a d’la joie ! »2675Ray VENTURA (1908-1979) et Charles TRENET (1913-2001), titres et refrains des deux succès de l’année 1936, chansons
Ray Ventura et ses Collégiens (aidé de ses paroliers, Paul Misraki, Bach et Henri Laverne) promoteur de l’orchestre à sketchs en France, et sur un tout autre registre, Charles Trenet, le « fou chantant », auteur-compositeur-interprète parti pour une très longue carrière, tentent de faire oublier aux Français la montée des périls (…)
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.