Les Surnoms - jeu de mots entre petite et grande Histoire (Seconde Guerre Mondiale, Quatrième et Cinquième Républiques avec de Gaulle) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Les surnoms

X. Seconde Guerre Mondiale, Quatrième et Cinquième Républiques avec de Gaulle.

Période paradoxale, proche et déjà lointaine. Les surnoms de la guerre appartiennent aux grandes époques du passé, entre panache, héroïsme et infamie. La République de retour nous renvoie au quotidien, avec des personnages originaux et à croquer en quelques mots.

SECONDE GUERRE MONDIALE

Charles de Gaulle : le Général, l’Homme du 18 juin, le Général micro, le Grand Charles, le Connétable de France

« Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »2709

François MAURIAC (1885-1970). Encyclopædia Universalis, article « France »

Simple général de brigade à titre temporaire, Charles de Gaulle en 1940, absolument seul et contre le destin, refuse la défaite entérinée par le gouvernement légal de la France face à l’Allemagne nazie, continue la lutte dans l’Angleterre toujours en guerre, mobilise des résistants, combattants français de plus en plus nombreux à entendre cette autre voix de la France parlant espoir et grandeur, se fait reconnaître non sans peine des Alliés, déchaîne des haines et des passions également inconditionnelles, et permet enfin à la France d’être présente au jour de la victoire finale.

L’Histoire en citations rend compte de ce personnage aussi doué pour le Verbe que pour l’Action en 109 citations, tandis que l’encyclopédie Wikipédia cite les cinq surnoms les plus connus et conformes à ce destin. Ils ne concernent que le général acteur principal de la Seconde Guerre mondiale.
(Nous le retrouverons, créateur de la Cinquième République et « omni-président » bien avant Sarkozy, maîtrisant la télévision aussi bien que le micro comme instrument de communication).

« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. »2753

Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle

Premier appel radiodiffusé vers 20 heures par la BBC, radio de Londres qui donnera la parole aux Français résistants. Cette voix du « Général Micro » devenu en même temps l’Homme du 18 juin va devenir célèbre. Mais ce jour-là, ses mots ne sont entendus de presque personne. Aucun enregistrement n’existe (il y a parfois confusion avec le discours du 22 juin). L’Appel (du 18 juin) reste l’un des textes les plus célèbres de l’histoire de France par sa qualité d’écriture et ses conséquences.

« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »2767

Charles de GAULLE (1890-1970), Affiche placardée sur les murs de Londres le 3 août 1940. La France n’a pas perdu la guerre : discours et messages (1944), Charles de Gaulle

Contrairement à ce l’on dit souvent, cette phrase ne figure pas dans l’Appel du 18 juin. C’est l’attaque d’une proclamation affichée plus tard dans la capitale du seul pays qui continue la lutte. Ce nouvel appel s’adresse « À tous les Français », militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine sociale, et où qu’ils se trouvent.

« Le Général » ne va plus quitter la scène, le Grand Charles (au propre comme au figuré) va s’imposer jusqu’à la victoire finale et mériter cet autre surnom de Connétable de France, autrement dit commandant en chef de l’armée après le roi (étymologiquement « comte des étables » au Moyen Âge où la cavalerie est essentielle dans l’armée).

Maréchal Pétain : le Vainqueur de Verdun, le maréchal Pétoche 

« Courage ! On les aura ! »2597

Général PÉTAIN (1856-1951), derniers mots de l’Ordre du jour rédigé le 10 avril 1916. Verdun, 1914-1918 (1996), Alain Denizot

Première Guerre mondiale : commandant de la IIe armée, Pétain prend la direction des opérations après l’offensive allemande, réorganise le commandement et le ravitaillement des troupes par la Voie sacrée (reliant Verdun à Bar-le-Duc). L’équilibre des forces est rétabli et la brèche colmatée. Il redonne confiance aux « poilus ».

Dix mois de batailles de tranchées, chaque jour 500 000 obus de la Ve armée allemande pour « saigner à blanc l’armée française », 80 % des pertes venant de l’artillerie. Chaque unité perdra plus de la moitié de ses effectifs – 162 000 morts et 216 000 blessés, côté français. La saignée est comparable, chez l’ennemi. Dans l’« enfer de Verdun », la résistance française devient aux yeux du monde un exemple d’héroïsme et de ténacité, demeurant une page de l’histoire de France et un symbole pour des générations. Cependant que Pétain reste comme « le vainqueur de Verdun ».

« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur […] C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. »2750 et 2752

Maréchal PÉTAIN (1856-1951), Allocution à la radio, 17 juin 1940. De la chute à la libération de Paris (1965), Emmanuel d’Astier

Nommé président du Conseil des ministres par le président de la République Albert Lebrun (totalement dépassé), le vieil homme rallie à sa personne et au symbole historique qu’elle incarne l’immense majorité du pays. Celui qui a sauvé la France à Verdun semble le seul recours pour éviter le pire, à l’inverse de la résistance incarnée par de Gaulle.

Le chef de l’État s’adresse aux troupes, du moins à ce qu’il en reste, et fait transmettre à Hitler une demande d’armistice.

« Vous avez souffert. Vous souffrirez encore […] Votre vie sera dure. Ce n’est pas moi qui vous bercerai de paroles trompeuses. »2759

Maréchal PÉTAIN (1856-1951), Discours du 25 juin 1940. Histoire de Vichy, 1940-1944 (1959), Robert Aron, Georgette Elgey

Il va annoncer les conditions de l’armistice signé le 22 juin, prenant effet ce jour même. De fait, la vie sera dure pour les Français. Leur pays est divisé en une zone occupée par les Allemands et une zone dite libre, administrée par le maréchal Pétain. Ils doivent payer une somme très exagérée pour l’« entretien des troupes d’occupation » (400 millions de francs par jour). L’armée est démobilisée et livre tout son matériel, seule demeure une « armée d’armistice », en fait la police chargée de l’ordre en zone libre. Les prisonniers ne seront pas libérés avant la signature de la paix.

Une partie des Français imaginaient que le héros de la Grande Guerre avait un plan secret pour tromper l’ennemi. Leur espoir s’effondre en même temps que leur foi en Pétain devenu « le maréchal Pétoche ». Louis Aragon popularisera l’expression, la reprenant dans son poème engagé, le Musée Grévin : « J’écris dans un pays dévasté par la peste […] / Un pays pantelant sous le pied des fantoches / Labouré jusqu’au cœur par l’ornière des roues / Mis en coupe réglée au nom du Roi Pétoche / Un pays de frayeur en proie aux loups garous. »

Édouard Herriot : Fühmeur

« Autour de M. le maréchal Pétain, dans la vénération que son nom inspire à tous, notre nation est groupée dans sa détresse. Prenons garde de ne pas troubler l’accord qui s’est ainsi établi sous son autorité. »2764

Édouard HERRIOT (1872-1957), Assemblée nationale, Casino de Vichy, 10 juillet 1940. Pétain, face à l’histoire (2000), Jacques Le Groignec

Le caricaturiste de presse Sennep croque Herriot avec sa pipe : c’est le Fühmeur si proche du Führer Hitler. « On ne se relève pas d’un dessin de Sennep », dit-on. Il y aura bien d’autres victimes à son actif.

Président de la Chambre des députés, Herriot parle solennellement devant l’Assemblée nationale (Chambre et Sénat réunis). La révision de la Constitution est votée par 569 voix contre 80 et 18 abstentions. En fait, on liquide la Troisième République pour donner les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs au maréchal Pétain. Comme en 1815, comme en 1871, la défaite a entraîné l’écroulement du régime. Pétain constitue son ministère le 12 juillet, avec Laval vice-président du Conseil et secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Une Cour suprême de justice, instituée le 30, s’empresse de condamner à mort de Gaulle par contumace, le 2 août.

Winston Churchill : le Vieux lion

« Je n’ai rien à offrir que du sang, de la sueur et des larmes. »2739

Winston CHURCHILL (1874-1965), Chambre des Communes, 13 mai 1940. Du sang, de la sueur et des larmes (posthume), Discours de Winston Churchill

Premier discours du nouveau Premier ministre anglais : le 10 mai, il a pris la tête d’un vrai gouvernement de coalition (conservateurs, libéraux et travaillistes). Il témoigne d’une volonté de fer conforme à son caractère, sa réputation et son surnom. Le Vieux lion, heureusement pour la France et la suite de l’histoire, ne faiblira jamais.

De Gaulle a vite et bien jugé l’homme certes pas facile qui sera son allié numéro un : « Winston Churchill m’apparut, d’un bout à l’autre du drame, comme le grand champion d’une grande entreprise et le grand artiste d’une grande Histoire » (Mémoires de guerre, L’Appel).

Maurice Schumann : la Voix de la France, le Parachutiste 

« Pour les Français qui sont morts en criant : Vive de Gaulle !, le gaullisme n’était pas l’attachement inconditionnel à un homme que la plupart d’entre eux n’avaient jamais vu, mais l’expression parfaite de leur propre liberté. Un nom symbolisait pour eux le refus de la servitude et l’acceptation du sacrifice. »

Maurice SCHUMANN (1911-1998), « Le gaullisme ? Le contraire d’une dictature », Paris-Presse, 9 juin 1959

Fils d’un industriel du textile, élève aux lycées Janson de Sailly et Henri IV,  étudiant à la Faculté des lettres de Paris et licencié de philosophie, il opte pour le journalisme et devient chef adjoint de grand reportage à l’agence Havas de Londres, puis de Paris, également éditorialiste de politique étrangère dans diverses revues.

Engagé volontaire en 1939, il sert comme agent de liaison en qualité d’officier interprète auprès du Corps Expéditionnaire britannique. En juin 1940, il répond à l’appel du général de Gaulle, rejoint les Forces françaises libres (FFL) et devient le porte-parole de la France libre, puis combattante. Animateur de l’émission « Honneur et Patrie » de la BBC, il intervient plus de mille fois, entre le 17 juillet 1940 et le 30 mai 1944. Il est littéralement « la Voix de la France ».

En juin 1944, il quitte la radio britannique pour participer à la bataille de France. Le capitaine Schumann débarque en Normandie avec les troupes d’assaut, chargé d’assurer les liaisons avec les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Volontaire pour les missions dangereuses, il participe à l’avancée sur Paris et à la Libération, le 25 août. Mais en 1946, le colonel Passy chef du BCRA (les services secrets de la France libre) auprès du général de Gaulle ternit cette image, accusant Schumann de ne pas avoir osé sauter en parachute lors d’une mission. Ulcéré, il demanda au général de lui donner « un signe de sympathie ». De Gaulle lui répondit sèchement par lettre qu’il accordait trop d’importance à l’affaire. « On a vu des gens très braves au feu qui reculaient au moment de sauter en parachute. Vous avez eu tort de vous mettre en avant pour cette mission de Bretagne, car, pendant quatre ans, vous n’avez pas bougé. » Mais l’affaire s’ébruite (avec le Canard enchaîné, souvent bien informé), d’où le second surnom moqueur : le Parachutiste.

Après la guerre, gaulliste fidèle, démocrate-chrétien et européen convaincu, c’est l’un des fondateurs et le premier président du Mouvement républicain populaire (MRP). Député pendant trente ans, puis sénateur pendant quinze ans, plusieurs fois ministre d’État dans les gouvernements de Georges Pompidou, il conclut son parcours gouvernemental comme ministre des Affaires Étrangères (1969-1973). Réputé « le plus européen des gaullistes et le plus gaulliste des Européens », favorable à l’Europe des nations contre l’Europe fédérale, il s’opposera au traité de Maastricht en 1992.

Jean Moulin : MAX, REX, le Grand Patron

« Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger. »

Jean MOULIN (1899-1943), Lettre à sa mère et à sa sœur, 15 juin 1940. Vies et morts de Jean Moulin (1998), Pierre Péan

Sous-préfet à 27 ans, chargé en 1936 d’acheminer vers l’Espagne républicaine le matériel de guerre soviétique, il est préfet d’Eure-et-Loir et refusera, le 17 juin, de signer une déclaration accusant de crimes de guerre les troupes coloniales engagées dans le secteur de Chartres. Révoqué comme franc-maçon par le gouvernement de Vichy en juillet, il rejoindra de Gaulle.

« La mort ? Dès le début de la guerre, comme des milliers de Français, je l’ai acceptée. Depuis, je l’ai vue de près bien des fois, elle ne me fait pas peur. »2785

Jean MOULIN (1899-1943). Vies et morts de Jean Moulin (1998), Pierre Péan

Ayant refusé la politique de Vichy et rejoint Londres à l’automne 1940, parachuté en France dans les Alpilles le 1er janvier 1942 comme « représentant du général de Gaulle », il a pour mission d’unifier les trois grands réseaux de résistants de la zone sud (Combat, Libération, Franc-Tireur). Rôle difficile, vue l’extrême diversité des sensibilités, tendances et courants ; action à haut risque qu’il paiera bientôt de sa vie. Pierre Brossolette qui agit dans la zone nord, lui aussi arrêté, se suicidera pour ne pas livrer de secrets sous la torture.

En plus des divers pseudonymes « de combat » qu’il s’est choisis pour tromper les Allemands - Caporal Mercier, Jacques Martel, Régis, Romanin, Joseph Marchand, Alix, etc. -, il semble que MAX et REX aient été aussi de véritables surnoms rendant hommage au courage du Grand Patron.

Léon Blum : l’Homme le plus insulté de France

« Messieurs, l’intention éclate : on cherche à faire rejaillir sur le Front populaire […] la responsabilité de la défaite militaire que la France a subie. »2786

Léon BLUM (1872-1950), Procès de Riom (15 février-11 avril 1942). Léon Blum devant la cour de Riom (1945), Léon Blum

Avant même d’accède à la présidence du Conseil sous le Front national en mai 1936, Blum méritait déjà son surnom d’Homme le plus insulté de France par la droite : pour ses origines sémites, ses engagements politiques et sociaux, la liberté de mœurs prônée pour les femmes comme pour les hommes… Dans la France occupée par les Allemands, la situation ne pouvait qu’empirer !

Ce procès de 1942 est l’aboutissement logique de la propagande du gouvernement de Vichy, stigmatisant l’ancien régime déchu avec les mauvais républicains d’où vint tout le mal, et d’abord la guerre et la défaite. Hommes politiques et hauts fonctionnaires sont mis en accusation : Blum, Daladier, Reynaud, Gamelin, Jacomet (contrôleur général des armées). « Le procès de Riom n’a pas traité des vraies responsabilités de la défaite. Comme dans tous les procès politiques, celui de Jeanne d’Arc, de Louis XVI, de Bazaine ou, dans une certaine mesure, celui de Pétain, on y dit une vérité d’occasion favorable à un régime donné. Tous les procès jugés par des tribunaux d’exception sont en général des procès truqués. » (Frédéric Pottecher, Le Procès de la défaite, 1989).               

Antoine de Saint-Exupéry : Pique-la-lune

« La guerre, ce n’est pas l’acceptation du risque. Ce n’est pas l’acceptation du combat. C’est, à certaines heures, pour le combattant, l’acceptation pure et simple de la mort. »2715

Antoine de SAINT-EXUPÉRY (1900-1944), Pilote de guerre (1942)

Pilote de ligne qui traça l’un des premiers la liaison France-Amérique, pilote d’essai et de raid alors même que le succès littéraire lui vint au début des années 1930 – Courrier du Sud, Vol de nuit –, journaliste de grands reportages, combattant en 1939-1940, il rejoint les Forces françaises libres et meurt en 1944, pilote volontaire pour une mission de guerre.

L’humanisme, le lyrisme, la façon simple et courageuse de faire ce métier d’aventurier, et cette fin à 44 ans, feront de « Saint-Ex » un héros et un écrivain très aimés, notamment de la jeunesse. Son Petit Prince reste un best-seller mondial –livre le plus traduit après la Bible, avec 1 300 éditions et 145 millions d’exemplaires vendus.

« Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications. »

Antoine de SAINT-EXUPERY (1900-1944), Le Petit Prince (1943)

Le Petit Prince venu d’une planète minuscule a fait d’étonnantes rencontres avant d’arriver sur la Terre.  Il les conte à l’aviateur perdu dans le désert, suite à une panne de moteur. Ainsi, le renard. « Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. »

Le 29 juin 1900, Antoine de Saint-Exupéry naissait à Lyon. 43 ans plus tard, il publiait à New York son conte philosophique le Petit Prince. Tendre et universel, il connaît un succès mondial au fil des années, adapté au cinéma, enregistré, redessiné ou simplement parlé (voix inoubliable de Gérard Philipe), la magie opère toujours. Plus qu’un livre pour enfants, c’est une fable initiatique et poétique dont les leçons valent lignes de vie : « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. Mais peu d’entre elles s’en souviennent. » Et c’est dommage.

Parfois, une photo est plus éloquente qu’un texte si génial soit-il. Regarder le visage de Saint-Ex quadragénaire renvoie à l’enfant qu’il est resté, donnant la clé de son surnom. Virgil Tanase, son biographe, raconte comment ses camarades se moquaient de Pique-la-lune, « de son caractère lunatique et de son petit nez retroussé ». Ils demeurent chez l’homme qui fait si bien parler le Petit Prince : « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. »

François Mauriac : Saint-François des Assises, Coco-bel-œil

« Les soussignés, se rappelant que le lieutenant Brasillach, père de Robert Brasillach, est mort pour la Patrie le 13 novembre 1914 demandent respectueusement au général de Gaulle, chef du Gouvernement, de considérer avec faveur le recours en grâce que lui a adressé Robert Brasillach, condamné à mort le 19 janvier 1945. »

François MAURIAC, Paul VALÉRY, Georges DUHAMEL, Henry BORDEAUX, Jérôme THARAUD, Louis MADELIN, Paul CLAUDEL, Émile HENNOT, André CHEVRILLON, Roland DORGELES, Jean ANOUILH, Jean-Louis BARRAULT, Claude FARRÈRE, Jean-Jacques BERNARD, Jean COCTEAU, Max FAVALELLI, André BILLY, Vladimir d’ORMESSON, Marcel ACHARD, Albert CAMUS, André OBEY, Arthur HONEGGER, DANIEL-ROPS, Maurice de VLAMINCK, Marcel AYMÉ, COLETTE, André BARSACQ, Gabriel MARCEL, André DERAIN (entre autres)

À la Libération, Mauriac signe la pétition des écrivains (et autres artistes) demandant la grâce de Brasillach. Cet engagement ardent, comme tous ceux qui feront partie de la vie de ce grand mystique, lui vaut le surnom de « Saint-François-des-Assises », sobriquet lancé par le Canard enchaîné toujours en verve.

Il existe un autre Mauriac, plus ou moins réputé dans le landernau littéraire pour son homosexualité qui renvoie au second  surnom un tantinet suranné de Coco-bel-œil, « l’œil lointain, l’air préoccupé, les paupières palpitantes ». Personnalité complexe et torturée, double, voire triple et plus encore… Mais dans un tout autre genre, l’on pourrait dire la même chose de Brasillach !

« Dans les lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilité. »2821

Charles de GAULLE (1890-1970), refusant la grâce de Robert Brasillach. Mémoires de Guerre, tome III, Le Salut, 1944-1946 (1959), Charles de Gaulle

Sur 2 071 recours présentés, de Gaulle en acceptera 1 303. Brasillach n’en fait pas partie.

Condamné à mort pour intelligence avec les Allemands, il est fusillé le 6 février 1945. Ses convictions hitlériennes ne font aucun doute et son journal (Je suis partout) en témoigne abondamment. Le procès est bâclé, des confrères de renom tentent de le sauver. Mais le PC voulait la tête de l’homme responsable de la mort de nombreux camarades et de Gaulle ne lui pardonnait pas celle de Georges Mandel, résistant exécuté par la Milice après les appels au meurtre signés, entre autres, par Brasillach.

Fallait-il châtier, fallait-il pardonner ? Éternel cas de conscience historique et humain. D’octobre 1944 à janvier 1945, Albert Camus dans Combat s’oppose à François Mauriac dans le Figaro. Le thème de leur controverse engage tous les intellectuels. Camus veut une justice réparatrice « sans haine mais sans pitié », Mauriac redoutant qu’elle ne dérive vers une terreur révolutionnaire aveugle, semblable à celle qui ensanglanta la France de 1793.

En janvier 1945, le procès de Brasillach radicalisa les positions, devenant le symbole du châtiment des écrivains collaborateurs. Son parcours d’intellectuel brillant et d’auteur au talent indéniable reste indissociable de ses choix politiques d’extrême droite. Céline sera dans le même cas, mais il n’en mourra pas.

QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

Vincent Auriol : le globe-trotter

« Je vous avertis loyalement, je ne resterai pas cloîtré dans la maison où vous allez m’emmener. Ayant été en prison, je saurai faire des trous dans le mur. »2866

Vincent AURIOL (1884-1966), président de la République. Déclaration du 16 janvier 1947. La France de Vincent Auriol, 1947-1953 (1968), Gilbert Guilleminault

Il s’exprime ainsi, le jour même de son élection. En maintes occasions, il revendiquera l’importance de son rôle, « magistrature morale […] pouvoir de conseil, d’avertissement et de conciliation ». Bref : « Je ne serai ni un président soliveau, ni un président personnel. » De fait, le « globe-trotter » laissera le souvenir d’un président toujours en déplacement !

Jean-Paul Sartre : l’agité du bocal

« L’existentialisme est un humanisme. »2859

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Salle des Centraux, 29 octobre 1945. L’Existentialisme est un humanisme (1948), Jean-Paul Sartre

Thème de sa conférence et titre de l’essai qui résume sa philosophie.

Moraliste confronté aux problèmes de l’après-guerre, attaqué par les communistes et par certains catholiques, il fait scandale, il fait salle comble. Toute une génération va vivre à l’heure des engagements sartriens plus ou moins bien compris, à l’ombre du clocher de la « cathédrale de Sartre », dans ce Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre, qui est aussi celui des caves, du jazz, de Boris Vian et de Juliette Gréco – une façon de revivre et d’être libre.

Le surnom aussi pertinent qu’impertinent donné à Sartre est signé de Céline, dans un court pamphlet titré « La Lettre de Céline sur Sartre et l’existentialisme » publié en novembre 1948. Il répond à un article de décembre 1945, « Portrait d’un antisémite » où Sartre déclare que « Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des nazis c’est qu’il était payé. » Entre temps, Céline avait fui la France, passé 18 mois en prison, vécu en exil avec sa femme Lucette et son chat Bébert.

« L’internationalisme qui fut un beau rêve n’est plus que l’illusion têtue de quelques trotskistes. »2833

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Situations III (1949)

Pendant dix ans, de la Libération aux événements de Budapest, c’est l’époque des maîtres à penser et des engagements impératifs. Sartre règne en maître contestataire et d’ailleurs contesté. Le communisme séduit encore nombre d’intellectuels, même s’il faut renoncer à l’union des peuples, au-delà des frontières.

Simone de Beauvoir : Notre-Dame de Sartre, la Grande Sartreuse, le Castor

« La vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. »2834

Simone de BEAUVOIR (1908-1986). Les Temps modernes, nos 109 à 115 (1955), Jean-Paul Sartre

Ces mots datent de 1955, belle époque du terrorisme intellectuel entretenu par Sartre. Le sectarisme de la gauche communiste sévit naturellement contre la droite, mais se déchaîne aussi en guerre des gauches. Il faudra attendre les années 1980 – démobilisation, désillusion, dépolitisation – pour voir le déclin de tous les « ismes ».

« Le présent enveloppe le passé et dans le passé toute l’Histoire a été faite par des mâles. »2854

Simone de BEAUVOIR (1908-1986), Le Deuxième Sexe (1949)

Livre événement dans l’histoire du féminisme, mouvement qui ne s’est pas arrêté au vote attribué aux femmes, après la Libération. Une femme est ministre (éphémère) pour la première fois en 1947 : Germaine Poinso-Chapuis (à la Santé publique, dans le gouvernement Schuman). Mais c’est la Cinquième République qui, dans les années 1970, verra aboutir l’essentiel des luttes au féminin, d’où une égalité de droit, sinon de fait.

Beauvoir vit une union très libre avec Sartre, mais l’engagement intellectuel demeure inconditionnel entre ces deux compagnons de route à la vie à la mort. Notons que la Grande Sartreuse n’a pas d’équivalent chez l’homme, son aîné admiré qui semble toujours lui montrer le droit chemin.

« À moitié victimes, à moitié complices, comme tout le monde. »2876

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), cité en exergue par Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)

Romancière existentialiste dont toutes les œuvres se veulent « signifiantes », « Notre-Dame de Sartre » fait scandale avec ce livre. Elle démontre que la femme est à l’homme ce que le Nègre est au Blanc, un Autre infériorisé, irresponsable. Mais les femmes, à l’inverse des autres exploités de la terre, colonisés ou prolétaires, sont restées soumises, complices des structures qui les oppriment, tombant dans les pièges du mariage et de la maternité.

Message prémonitoire : la génération suivante remettra en question le mariage traditionnel, cependant que par la contraception et l’IVG, la femme pour la première fois dans l’Histoire, aura le droit d’avoir des enfants comme et quand elle le veut.

« Castor » est le petit nom que René Maheu, professeur de philosophie et attaché culturel à Londres, donna à son amie Simone en 1929 : beaver, castor en anglais, se prononce presque comme Beauvoir. Surnom repris et popularisé par Sartre, lequel disait son estime pour les castors « qui vont en bande et qui ont l’esprit constructeur ». Les surnoms nous font parfois entrer dans l’intimité des grands Noms.

Elsa Triolet et Louis Aragon : Triolette et Larangon, l’Aragonzesse

« L’écriture est la plus noble conquête de l’homme. »/

Elsa TRIOLET (1896-1970) La Mise en mots (1969)

Cette nouvelle et trois autres sont réunies sous le titre Le Premier accroc coûte deux cents francs (phrase qui annonçait le débarquement en Provence). Le livre obtient le prix Goncourt 1945 au titre de l’année 1944. Elsa Triolet devient alors la  première femme à obtenir cette reconnaissance littéraire très enviée. 

L’Aragonzesse (telle que la surnomme Malraux qui ne l’apprécie guère) vit avec Aragon une belle et longue histoire amoureuse, poétique et politique.

« L’avenir de l’homme, c’est la femme.
Elle est la couleur de son âme. »

Louis ARAGON (1897-1982), Le Fou d’Elsa (1964)

La rencontre d’Aragon avec Elsa Triolet date du 6 novembre 1928 à la brasserie La Coupole. C’est la sœur de Lili Brik, ex muse de Vladimir Maïakovski qui se suicidera en 1930, ayant vécu une relation « impossible » avec la Révolution russe. L’engagement d’Aragon et sa relation avec le parti communiste existaient avant sa rencontre avec Elsa qui ayant vécu en URSS ne partage pas son inconditionnalité ! Mais Elsa est définitivement « entrée dans le poème ».

Il épousera sa compagne le 28 février 1939 et vivra avec sa muse jusqu’à sa mort en 1970. Ils forment un couple fascinant et mythique, « Triolette et Larangon » - Aragon révèlera ensuite son attirance pour les hommes.

La poésie d’Aragon est largement inspirée de l’amour portée à sa femme dans le « cycle d’Elsa » (Cantique à Elsa, Les Yeux d’Elsa, Le Fou d’Elsa). D’autres recueils poétiques lui sont dédiés et ses œuvres font souvent référence à ses écrits. Le couple ne cessera de s’engager pour une cause : la Résistance, le communisme, la décolonisation, la littérature, le féminisme… En cela, on peut les comparer à Yves Montand et Simone Signoret, très représentatifs de cette époque tourmentée, politiquement passionnée, où l’engagement semblait indissociable de la vie, chez les « intellectuels » et nombres d’artistes.

« Le poète a toujours raison / Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume / Face à notre génération
Je déclare avec Aragon  / La femme est l’avenir de l’homme. »

Jean FERRAT (1930-2010), La femme est l’avenir de l’homme

Un vers du Fou d’Elsa fait le titre d’une chanson résolument optimiste (et féministe) de ce grand auteur compositeur interprète (ACI) qui participe de la belle époque de la chanson française, mais sans jamais rien sacrifier au système du show biz. Comme le couple Aragon-Triolet, Ferrat sait marier la vie amoureuse (avec la chanteuse Christine Sèvres), artistique et politique, pour dire cet amour de la femme qui anime ses vers en même temps que l’engagement politique (naturellement de gauche).

Robert Schuman : le Père de l’Europe, Gandhi chrétien

« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. »

Robert SCHUMAN (1886-1963), Déclaration du 9 mai 1950 sur l’Europe

En 1950, les pays européens peinent encore à effacer les ravages de la dernière Guerre mondiale. Pour empêcher un autre conflit aussi dévastateur, les gouvernements font le pari qu’avec la mise en commun des productions de charbon et d’acier, toute guerre entre la France et l’Allemagne, historiquement rivales, deviendra  « non seulement impensable, mais matériellement impossible » selon Schuman. La réunion des intérêts économiques contribuera aussi à relever les niveaux de vie et à initier une Europe plus unie.

Ce discours est considéré comme le texte fondateur de l’Europe, le nom de Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, restant attaché à la première institution européenne créée en 1951 : la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), première des institutions supranationales européennes qui donneront naissance à l’Union européenne.

« [M. Schuman] entre dans l’hémicycle comme un religieux gagne sa stalle dans le chœur. À la tribune, il pèse longuement ses arguments comme un vieux pharmacien ses pilules. L’auditoire ne s’impatiente pas, il s’endort. »2871

Jacques FAUVET (1914-2002), Le Monde. La Quatrième République (1961), Jacques Fauvet

Le nouveau président du Conseil reçoit de l’Assemblée la quasi-totalité des suffrages non communistes, le 24 novembre 1947. « M. Schuman, en se gardant d’attaquer le général de Gaulle, en incarnant seulement l’anticommunisme, en laissant entrevoir la liquidation du dirigisme et la restauration du capitalisme français, répondait à l’attente générale des milieux bourgeois » (P.M. de la Gorce, De Gaulle entre deux mondes).

Ce ministre atypique étonne dans le milieu, prenant les transports en commun, quitte à voyager debout. Il commençait sa journée par la messe avant de gagner le ministère et le soir en partant, il prenait le temps d’éteindre les lumières. Député, il était toujours respectueux de ses adversaires à l’Assemblée, alors que gaullistes et communistes avaient la dent dure contre ce « Boche » né allemand - en 1886, l’Alsace-Lorraine était bien malgré elle allemande.

Alsacien d’origine juive, Schuman se convertit au catholicisme en 1942. Le pape François doit le déclarer bientôt « vénérable », reconnaissant l’« héroïcité des vertus » de l’homme politique et sa spiritualité franciscaine. Première étape vers la béatification, puis la canonisation, cette reconnaissance par l’Église suppose l’examen approfondi de sa vie et de ses écrits par des historiens et des théologiens. Le travail a commencé en 1990, au sein du diocèse de Metz où il vécut.

Selon  le père Cédric Burgun chargé de l’enquête, « il a su être prophétique et a tenté de faire coïncider sa mission politique avec les paroles des Évangiles : le pardon des ennemis. Il l’a appliquée aux relations franco-allemandes de son temps. Ce qu’il a fait pour la réconciliation franco-allemande est un signe incroyable d’espérance en termes de politique. Il a marché vers de vrais chemins de réconciliation. » D’où son double surnom de Gandhi chrétien et Père de l’Europe. Mais il partage ce dernier avec six autres personnalités.

Robert Schuman et Jean Monnet (France), Konrad Adenauer (Allemagne), Paul-Henri Spaak (Belgique), Joseph Bech (Luxembourg), Johan Willem Beyen (Pays-Bas), Alcide de Gasperi (Italie) : « Pères de l’Europe » ou « Pères fondateurs de l’Union européenne »

Surnom officiel donné par analogie avec les « Pères fondateurs des États-Unis d’Amérique » à un groupe de sept personnalités politiques européennes, promoteurs de la construction européenne au XXe siècle avec les traités de libre-échange créant la CECA et la CEE, à l’origine de l’actuelle Union européenne.

Antoine Pinay : le Sage de Saint-Chamond

« Jamais la marge n’a été aussi étroite entre l’abandon et le salut. Jamais l’abîme n’a côtoyé de plus près le chemin du redressement. »2880

Antoine PINAY (1891-1994), Discours d’investiture, Assemblée Nationale, 6 mars 1952. Histoire de la IVe République : la République des contradictions, 1951-1954 (1968), Georgette Elgey

Investiture obtenue de justesse (324 voix contre 206 et 89 abstentions) : c’est le retour aux responsabilités politiques de la droite, écartée du pouvoir depuis la Libération, en raison de son attitude plus ou moins « collaborationniste » face aux Allemands. Mais le nouveau président du Conseil refuse toute étiquette, prend le portefeuille des Finances dont personne ne voulait… et présente son programme de redressement économique et financier : maîtrise de l’inflation et défense du franc, échelle mobile des salaires (qui rassure les syndicats), avec réduction des dépenses de l’État et emprunt Pinay. Pari réussi – aidé il est vrai par une baisse mondiale des prix.

« Tenez bon, Monsieur Pinay ! »2881

Cris de la foule à la foire de Lyon, avril 1952. La France de la IVe République (1980), Jean-Pierre Rioux

Le Sage de Saint-Chamond (sa commune de naissance dans le département de la Loire) bénéficie d’une immense popularité, à la fois immédiate et durable. Un « Français moyen », un provincial, honnête homme devenu quasiment un mythe, a su rencontrer les Français et les rassurer sur un point éminemment sensible : sondés par l’IFOP en novembre 1951, ils font passer les problèmes de prix et du niveau de vie bien avant la paix ou la CED… et en novembre 1958, bien avant l’Algérie devenue le drame national numéro un.

Quand le gouvernement Pinay tombe en décembre 1952 (sur des problèmes extérieurs, armée européenne et Union française), 56 % des Français le regrettent – fait unique dans les annales de la popularité gouvernementale sous ce régime.

Pierre Mendès France : PMF, Superman, Mendès-Lolo

« Gouverner, c’est choisir. »2885

Pierre MENDÈS FRANCE (1907-1982), Discours à l’Assemble nationale, 3 juin 1953. Gouverner, c’est choisir (1958), Pierre Mendès France

Arrivé au pouvoir, il va appliquer cette maxime et s’en explique aussitôt. « La cause fondamentale des maux qui accablent le pays, c’est la multiplicité et le poids des tâches qu’il entend assumer à la fois : reconstruction, modernisation et équipement, développement des pays d’outre-mer, amélioration du niveau de vie et réformes sociales, exportations, guerre en Indochine, grande et puissante armée en Europe, etc. Or, l’événement a confirmé ce que la réflexion permettait de prévoir : on ne peut pas tout faire à la fois. Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix. »

« Il cherche plutôt à trancher qu’à s’accommoder, ce qui lui vaut, surtout auprès des jeunes, un prestige certain. Quand on l’aura vu à l’œuvre, on s’apercevra qu’il est dans sa manière de prendre les problèmes l’un après l’autre, en quelque sorte à la gorge, sans s’y attarder. Son attitude est celle d’un liquidateur. »2892

André SIEGFRIED (1875-1959), Préface à l’Année politique 1954

Mendès France prend d’abord l’affaire indochinoise à bras-le-corps, s’engageant à en finir avant le 20 juillet, sinon il démissionnera : les accords de Genève sont signés dans la nuit du 20 au 21 juillet 1954 !

Le Vietnam est partagé en deux zones, le Nord étant abandonné au communisme et à l’influence chinoise (bientôt soviétique), l’influence occidentale (bientôt américaine) prévalant dans le Sud. « Six ans et demi de guerre, 3 000 milliards de francs, 92 000 morts et 114 000 blessés », tel est le bilan de cette guerre dressé par Jacques Fauvet (La Quatrième République). Si Le Figaro parle d’un « deuil » pour la France, l’opinion soulagée sait gré à Mendès d’avoir sorti le pays de ce guêpier où les USA vont s’enliser - plus tard, il sera traité de « bradeur ». Les journalistes étrangers lui donnent le surnom de Superman : les accords de Genève restent comme un « coup politique » rare à l’époque, ce dont les médias raffolent toujours. Ils peuvent être plus partagés sur d’autres « coups »…

« Pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! »

Slogan instauré en 1954 par Pierre Mendès-France

Le président du Conseil lance le verre de lait quotidien pour les écoliers : mesure destinée à lutter contre la dénutrition (c’est encore la période d’après-guerre) et… l’alcoolisme ! À cette époque, on donne couramment de la bière ou du vin aux enfants. Il reprend une mesure qu’il expérimenta durant l’hiver 1937-38, comme député de l’Eure : distribuer aux enfants d’Évreux un tiers de litre de lait par jour. Il fait interdire toute boisson alcoolisée dans les écoles aux enfants de moins de 14 ans. La consommation d’alcool dans les établissements scolaires ne sera officiellement interdite par une circulaire qu’en 1981 !

Autres rappels historiques : à partir de 1976, l’Union européenne subventionne la distribution de lait dans les écoles. Programme destiné à encourager la consommation par les élèves de produits laitiers. En 2008, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, décide de distribuer des fruits frais dans les écoles : les fruits et légumes sont chers et les Français n’en consomment pas assez. Enfin, depuis novembre 2019, toute la restauration scolaire – de la maternelle au lycée – doit proposer au moins un menu végétarien par semaine.

Mais chaque initiative de ce genre provoque des oppositions ou des railleries. Pour son verre de lait quotidien, Mendès France avait gagné le surnom de Mendès-Lolo. On verra pire dans le genre… Quant à PMF, il fait partie de ces acronymes qui vont déferler avec l’extrême médiatisation de JFK, John Fitzgerald Kennedy, président américain de 1961 à 1963.

Françoise Sagan : le charmant petit monstre, la Mademoiselle Chanel de la littérature

« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »2888

Françoise SAGAN (1935-2004), Bonjour tristesse (1954)

Première phrase d’un premier roman. Une jeune fille de 18 ans décrit son univers bien à elle, doré, plein de belles voitures, d’alcool, de spleen. François Mauriac qui s’enthousiasme pour « le charmant petit monstre » contribue à sa célébrité précoce : « Elle fait tenir dans les mots les plus simples, le tout d’une jeune vie. Et il est vrai que ce tout n’est rien, et que ce rien, c’est pourtant la jeunesse, la sienne, celle de tant d’autres, en fait de tous ceux qui ne se donnent pas. »

Avec le temps, au fil des succès littéraires et des frasques médiatiques, Sagan a créé un personnage de roman intense, pur, généreux, excessif et tendre : elle-même. L’autre surnom (dû à son ami et journaliste Bernard Frank) fait allusion à Coco Chanel, créatrice de mode qui s’inventa elle aussi et tout à la fois une vie et un personnage hors normes.

Brigitte Bardot : BB

« Et Dieu créa la femme. »2912

Roger VADIM (1928-2000), titre de son film (1956).

Et le diable créa Bardot, comme dit la publicité.

BB (née en 1934) explose et détrône la vedette d’hier, Martine Carol. C’est le début d’une carrière fulgurante, d’une mode artistiquement naturelle, d’un mythe qui traversera les années 1960, même si notre star nationale s’en est toujours défendue : « Un mythe, c’est abstrait, et moi je ne suis pas abstraite ! »

Antoine Pinay, revenu aux affaires, saluera cette heureuse « mutation culturelle » : Bardot rapportant plus de devises à la France que les usines Renault !   

« Initials B.B. » est aussi un tube de Serge Gainsbourg qui partage sa vie. La rupture avec sa muse sera l’une des épreuves de « l’Homme à la tête de chou » qui joua le rôle de la bête avec d’autres belles, avant d’épouser Jane Birkin.

René Coty : Pitou-Pitou

« Dans le péril de la patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des Français. »2925

René COTY (1882-1962), Message du président au Parlement, 29 mai 1958. Histoire mondiale de l’après-guerre, volume II (1974), Raymond Cartier

Face à la menace de guerre civile provoquée par le drame algérien, le président de la République fait savoir aux parlementaires qu’il a demandé au général de Gaulle de former un gouvernement. Chahuts et chants de la part des députés qui entonnent La Marseillaise – procédé contraire à tous les usages, et même à la lettre de la Constitution.

« En rappelant ce que fut la personnalité de René Coty, comment ne pas évoquer cette pensée de La Bruyère : « La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elles lui donnent force et relief. » »2886

Charles de GAULLE (1890-1970), Discours aux obsèques de René Coty, 27 novembre 1962. René Coty tel qu’en lui-même (1990), Francis de Baecque

De Gaulle, lui succédant à la tête de l’État, lui rendra ainsi hommage.

Après Vincent Auriol « le globe-trotter » dont le mandat s’achève, René Coty est élu président de la République le 23 décembre 1953 à 71 ans, au 13e tour de scrutin du Congrès (réunion de l’Assemblée nationale et du Conseil de la République, aujourd’hui Sénat). André Siegfried, dans Le Figaro du lendemain, écrit à son sujet : « Une absence totale de fanatisme, le respect de la position adverse, et tout au fond le sentiment que la vérité n’est peut-être pas tout entière du même côté. » Coty doit son surnom à son chat Pitou, exception à la règle du « chien présidentiel ».

CINQUIÈME RÉPUBLIQUE SOUS DE GAULLE

Michel Debré : l’Amer Michel

« Être, avoir été le premier collaborateur du général de Gaulle est un titre inégalé. »3008

Michel DEBRÉ (1912-1996), Premier ministre, fin de la lettre au général de Gaulle, rendue publique le 15 avril 1962. L’Année politique, économique, sociale et diplomatique en France (1963)

Résistant et gaulliste, co-rédacteur de la nouvelle Constitution, il fut le premier à exercer la fonction de Premier ministre sous la Cinquième.

Après la conclusion du drame algérien, il fallait tourner la page : « Comme il était convenu, et cette étape décisive étant franchie, j’ai l’honneur, Mon Général, de vous présenter la démission du gouvernement. » Ce à quoi le général de Gaulle répond : « En me demandant d’accepter votre retrait du poste de Premier ministre et de nommer un gouvernement, vous vous conformez entièrement et de la manière la plus désintéressée à ce dont nous étions depuis longtemps convenus. » (Notons au passage le respect de la langue française si souvent malmenée, avec les « j’ai convenu, nous avions convenu » répétés à plaisir, y compris par divers Noms politiques.)

Sur le fond, la démission vient en réalité d’un désaccord avec le Général qui veut réformer la Constitution sur un point capital : l’élection du président au suffrage universel - ce que les Français approuveront au référendum d’octobre 1962. Et Georges Pompidou entre sur la scène de l’histoire.
Le surnom homophone de la chanson enfantine « C’est la mère Michel » est une trouvaille du Canard enchaîné, hebdomadaire satirique très en verve, surtout quand il se trouve dans l’opposition. Les photographies toujours très officielles du personnage vont bien avec « l’Amer Michel ». Signalons quand même l’essentiel, un beau parcours républicain et deux fils (faux jumeaux) dans la politique : Bernard et Jean-Louis Debré.   

Jean-Jacques Servan-Schreiber : JJSS, le turlupin

« Le temps des croisades est terminé, celui de l’intelligence arrive. »3022

Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER (1924-2006), patron de L’Express, été 1964

En 1965, les hebdos font peau neuve. L’Algérie avait monopolisé les énergies et mobilisé les esprits, donné matière aux journaux d’opinion et fait monter leurs tirages. JJSS, qui a créé L’Express en 1953 pour soutenir Mendès France, est le premier à comprendre qu’il faut une certaine dépolitisation, un appui des annonceurs publicitaires, des photos, des infos, du beau papier, de la quadrichromie, bref, tout ce qui fait le succès de Time, Newsweek ou Der Spiegel. L’hebdo de cet agitateur d’idées va gagner en grande diffusion, mais perdre en grandes signatures. Il se généralise de plus en plus, devenant le reflet des changements de la société française.

Brillant orateur, mais piètre négociateur, Jean-Jacques Servan-Schreiber n’arrivera jamais à entrer dans les jeux du pouvoir pour y avoir un rôle. Ministre des Réformes du 28 mai au 9 juin 1974 (quasi record de brièveté), il est écarté par Jacques Chirac (Premier ministre de Giscard) qui le surnomme « le turlupin » pour son opposition à la reprise des essais nucléaires. En réalité, il ne pardonne pas son antigaullisme à ce ministre imposé par Giscard.

Quant à JJSS, c’est un surnom en forme d’acronyme (initiales) pratique en politique : PMF (Pierre Mendès France), DSK (Dominique Strauss-Kahn), VGE (Valéry Giscard d’Estaing), MAM (Michèle Alliot-Marie) que nous retrouverons. Cela vaut également pour d’autres personnages médiatiques, BHL (Bernard Henri-Lévy), PPDA (Patrick Poivre d’Arvor), JFK (Jean-François Kahn) et même J2M (Jean-Marie Messier, alias Moi-Même Maître du Monde).

La mode fut vraisemblablement lancée par l’hyper médiatique président américain, JFK (John Fitzgerald Kennedy), avant et plus encore après son assassinat - on peut alors parler de canonisation.

André Malraux : le Vieil Enchanteur, Maurice Sainte-Rose, Colonel Berger

« Pauvre roi supplicié des ombres, regarde ton peuple d’ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures. »2797

André MALRAUX (1901-1976), Discours au Panthéon, lors du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 décembre 1964. André Malraux et la politique : L’être et l’Histoire (1996), Dominique Villemot

Le corps de Jean Moulin fut renvoyé à Paris en juillet 1943, incinéré au Père-Lachaise. Ses cendres (supposées telles) ont été transférées au Panthéon. Cette « panthéonisation », reconnaissance suprême de la patrie à ses héros, est l’acte final des célébrations du 20e anniversaire de la Libération. Jean Moulin, coordinateur des réseaux de Résistance en métropole, en fut à la fois le chef, le martyr et le symbole.

Le discours est resté dans les annales, autant pour le héros célébré que pour l’orateur qui le déclame en maniant l’anaphore  : « […] Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle - nos frères dans l’ordre de la Nuit… »

C’est le grand lyrisme comme on ne l’osera plus jamais, avec le « vieil Enchanteur » dont parle Régis Debray, reprenant le surnom d’Enchanteur attribué en son temps à Chateaubriand. Malraux est alors ministre des Affaires culturelles, poste créé pour lui par le général de Gaulle.
Dans la résistance, il porta les surnoms de Maurice Sainte-Rose et Colonel Berger qui peuvent être également considérés comme des pseudonymes.           

Edgar Faure : la girouette

« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »3018

Edgar FAURE (1908-1988), à qui lui reprochait de souvent changer d’avis. Edgar Faure : le virtuose de la politique (2006), Raymond Krakovitch

Virtuose de la politique est une bonne définition du personnage et pourrait aussi lui servir de surnom.

Plus jeune avocat de France (à 21 ans), mais attiré par la politique, il adhère au Parti républicain-socialiste, puis rejoint le Parti radical-socialiste. Pendant la guerre, il rejoint de Gaulle à Alger en 1944 et participe au Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Battu en 1945 aux élections à Paris, il revient au Parti radical qui rassemble nombre de « ministrables ». Stratège émérite et fin tacticien, il accumule les portefeuilles et succède même à Mendès France à la tête du gouvernement. Mais François Mauriac le compare dans son « bloc-notes » à un « myope qui s’empêtre dans ses combinaisons ». C’est tout le contraire d’un engagement digne de ce nom.

Rallié à de Gaulle devenu chef d’État, Edgar Faure est trop heureux de retrouver des responsabilités, officieusement chargé de l’établissement des relations diplomatiques avec la Chine populaire en 1963 – mission réussie ! Elles prendront effet le 27 janvier 1964. Raymond Cartier saluera l’événement : « L’initiative du général de Gaulle s’intègre dans un plan grandiose qu’il poursuit avec son goût du secret, son amour du risque, son sens des coups de théâtre et sa monumentale ténacité. C’est du réalignement du monde qu’il s’agit. »

Edgar Faure se retrouvera ministre de l’Agriculture en 1966. Il avoue sans complexe : « C’est un trait de mon caractère, que le goût des honneurs et l’attachement aux titres. » Cette passion pour le pouvoir, revendiquée pendant quarante ans, lui a finalement bien réussi sans jamais le déshonorer, comme d’autres noms.

Politiquement inclassable, sinon comme opportuniste, ses adversaires eux-mêmes apprécient son humour et ses élèves de Sciences Po auront à commenter un de ses aphorismes : « L’immobilisme est en marche et rien ne pourra l’arrêter. » L’homme ne se prend pas au sérieux, mais jusqu’à sa mort, il prendra très au sérieux ses fonctions et ses missions.

Rappelons que son surnom de « girouette » parfaitement assumé rappelle Benjamin Constant en 1815, époque de changements de régime et de tous les ralliements entre l’Empire et la Première Restauration, le retour des Cent-Jours et la Seconde Restauration. Mais le personnage est plus irrésolu, faible jusqu’à la lâcheté et romancier de sa propre vie.

Dernier détail, Edgar Faure fut lui aussi auteur : des romans policiers, dont trois publiés sous le pseudonyme d’Edgar Sanday (Edgar sans d). Encore une pirouette qui aurait pu valoir surnom.

Daniel Cohn-Bendit : Dany le Rouge, l’anarchiste allemand, l’enragé de Nanterre, Dany le Vert

« Même si on nous promettait le paradis nous le refuserions. Car nous voulons le prendre. »

Daniel COHN-BENDIT (né en 1945), Discours du 4 mai 1968

Dany le Rouge (surnom dû à ses cheveux roux comme à son gauchisme militant) est doué à 23 ans d’un charisme qui le rend très populaire auprès des étudiants et redouté, voire détesté dans l’autre camp – devenant plus tard Dany le Vert dans la liste Europe Écologie en Île-de-France, avec une belle cote de popularité.

Rappelons que Mai 68 a commencé avec le Mouvement du 22 mars à Nanterre : mouvance sans programme, sans hiérarchie, avec des leaders tenant leur autorité de leur force de persuasion, leur imagination. Première vedette, Daniel Cohn-Bendit, étudiant en sociologie, de nationalité allemande (par choix), né en France de parents juifs réfugiés pendant la guerre. Il fédère les groupuscules depuis quelques mois et figure sur la liste noire des étudiants. C’est aussi l’« anarchiste allemand » et l’« enragé de Nanterre » qui révèle déjà ses dons d’orateur et de meneur.

Mais il sait être aussi étonnamment lucide et raisonnable, en affirmant le 20 mai : « Je ne crois pas que la révolution soit possible du jour au lendemain. Je crois que nous allons plutôt vers un changement perpétuel de la société, provoqué à chaque étape par des actions révolutionnaires […] Au mieux, on peut espérer faire tomber le gouvernement. Mais il ne faut pas songer à faire éclater la société bourgeoise. » Cet aspect du personnage explique sa longue carrière politique et les tournants qu’il a su prendre, non pas en girouette ni en opportuniste, mais par une aptitude remarquable à prendre l’air du temps et parfois le devancer pour l’imposer.

« Si l’écologie n’appartient qu’aux Verts, on a perdu. S’il n’y a que les Verts qui défendent la transition écologique, on rentre à la maison »

Daniel COHN-BENDIT (né en 1945), mai 2019

Aux élections européennes de 1994, il est élu député au Parlement européen comme représentant des Verts allemands qui passent la barre des 10 % des voix, sachant profiter d’une chute du SPD (Parti social-démocrate). Dany le Vert  commence alors une carrière de député européen qui va durer vingt ans.

Il reproche aux Verts français d’être une secte et de ne pas offrir assez de tentations à un plus large public d’électeurs. Son frère aîné Gabriel Cohn-Bendit confirme avec humour et raison : « Les écolos sont capables du meilleur comme du pire ; mais c’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs. » Enseignant, libertaire et proche de l’écologiste Noël Mamère, il sait de quoi il parle et durant la saison 2011-2012, les Verts se sont surpassés dans le pire, sans profiter d’un contexte favorable : l’écologie est le problème majeur pour l’avenir et la cause écologique a la cote, dans une opinion de plus en plus sensible à l’environnement, alertée par les scientifiques et surinformée par les médias.

Lire la suite : les Surnoms de Pompidou à Sarkozy

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