Napoléon III et Napoléon : duo et duel. L’héritage du Nom à porter a autant d’avantages que d’inconvénients. Toute la vie politique de Louis-Napoléon Bonaparte en est l’illustration, du début à la fin. Voir la Chronique n°8. C’est encore plus frappant, avec la thématique atouts-handicaps.
Napoléon III et Napoléon : ça commence en accord parfait. Louis-Napoléon Bonaparte est devenu empereur parce qu’il portait le Nom qui fait toujours rêver. Même Hugo, son plus terrible opposant, a été pris au piège ! « Napoléon le Petit » lui-même s’est senti grandi et porté par cet héritage. Le peuple et l’armée l’ont naturellement plébiscité.
« L’idée napoléonienne n’est point une idée de guerre, mais une idée sociale, industrielle, commerciale, humanitaire. »2100
(1808-1873), Idées napoléoniennes (1839)
Le futur Napoléon III vit et pense sous l’influence des saint-simoniens (premiers socialistes utopistes) et des séjours qu’il fit en Angleterre. Entre deux coups de force contre la Monarchie de Juillet (Strasbourg en 1836 et Boulogne en 1840), il porte un réel intérêt aux problèmes économiques et sociaux qui agitent et divisent la France.
« La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l’opulence ne sera plus oppressive. » L’Extinction du paupérisme (1844). Ni Rousseau, ni Robespierre, ni Proudhon, ni Marx : c’est signé Louis-Napoléon Bonaparte.
1832. Mort de l’Aiglon. Louis-Napoléon se considère désormais comme le chef du parti bonapartiste, en tant que neveu de Napoléon Ier – l’hérédité n’est pas certaine, l’infidélité notoire de sa mère, Hortense de Beauharnais, femme de Louis Bonaparte (roi de Hollande), poussa son père à nier sa paternité et à rompre avec Hortense, la très jolie belle-fille de Napoléon.
« Toute ma vie sera consacrée à l’affermissement de la République. »2179
Louis-Napoléon BONAPARTE (1808-1873), Discours du 21 septembre 1848
Deuxième République. Louis-Philippe a été chassé du trône par la Révolution de février 1848. Le futur Napoléon III fait un pas de plus dans l’Histoire.
Fait déjà rare, sa première élection en juin (aux partielles) à l’Assemblée constituante, alors qu’il ne se présentait pas ! Sans même revenir en France, sur la seule force de la légende napoléonienne ravivée par Hugo, il est élu dans quatre départements (Charente, Corse, Seine et Yonne), mais pense qu’il est encore urgent d’attendre son heure, craignant le vote d’une loi d’exil s’il rentre en France. Il démissionne donc. Et reste en Angleterre.
Réélu en septembre dans cinq départements, il choisit l’Yonne, et fait ses débuts à l’Assemblée, le 26 septembre. Pas très brillant à la tribune, peut mieux faire, il va apprendre… Et décide sans plus attendre de se présenter à la présidence de la République. Il commence à faire campagne pour le scrutin présidentiel, fixé aux 10 et 11 décembre.
« Le citoyen Bonaparte élu président de la République. »2189
Armand MARRAST (1801-1852), président de l’Assemblée constituante, Déclaration du 20 décembre 1848
Résultats du scrutin des 10 et 11 décembre, proclamés lors d’une séance solennelle à l’Assemblée.
Triomphe pour le « citoyen Bonaparte », élu au suffrage universel par 75 % des votants (5,5 millions de voix) ! Déroute de Lamartine qui n’était candidat que de lui-même (17 914 voix) après une belle et courageuse trajectoire politique, tandis que les voix républicaines se sont dispersées entre Cavaignac (1,4 million de voix modérées), Ledru-Rollin (0,37 million de voix démocrates) et Raspail (moins de 37 000 voix socialistes révolutionnaires), trois candidats relativement ignorés hors Paris et la minorité éclairée.
« On craint une folie impériale. Le peuple la verrait tranquillement. »2200
Élise THIERS (1818-1880), née Dosne
Napoléon III (1969), Georges Roux
Épouse de Thiers (politicien arriviste qui ne pense qu’à devenir président de la République), elle témoigne, après avoir vu Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, passer en revue les troupes, le 4 novembre 1849. Ce nom de Bonaparte le rend tout particulièrement populaire dans l’armée : il multiplie les grandes revues, augmente la solde des sous-officiers. Celui qu’on commence à appeler le « prince Louis-Napoléon » mène une politique personnelle, se fait acclamer en province, crée son propre parti, ses journaux.
Les craintes de Mme Thiers sont justifiées, et la carrière politique de son mari marquera un temps d’arrêt, sous le Second Empire.
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