L’appel au peuple sera bien maîtrisé par Napoléon III - avec un talent de la manipulation citoyenne que les témoins n’ont pas vu venir ! Hugo se vengera à sa manière - éloquente et républicaine. La Troisième République se survit dans les épreuves et multiplie les appels. Ainsi va l’Histoire en citations.
À feuilleter pour tout savoir.
« Aidez-moi tous à asseoir sur cette terre, bouleversée par tant de révolutions, un gouvernement stable qui ait pour base la religion, la propriété, la justice, l’amour des classes souffrantes. »2232
(1808-1873), Sénat, 1er décembre 1852
Œuvres de Napoléon III, discours, proclamations, messages (1856).
Le neveu de Napoléon a bien appris l’art d’en appeler au peuple pour arriver au pouvoir (comme président de la République) et pour s’y maintenir (comme empereur à la tête du Second Empire).
Ses appels se succèdent, jusqu’au dernier référendum en forme de plébiscite, mai 1870. Un triomphe (7 350 000 oui et 1 538 000 non). Cependant, comme le dit Bismarck : « Ce n’est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, mais par le fer et par le sang. » D’où la défaite de Sedan et la chute du Second Empire, 4 septembre 1870.
« Citoyens, j’avais dit : le jour où la République rentrera, je rentrerai. Me voici ! »2335
Victor HUGO (1802-1885), de retour d’exil à Paris, gare du Nord, 5 septembre 1870
Il voulait rentrer incognito, par le train de nuit. Mais entre la gare et son domicile, la foule se presse et l’oblige à prononcer quatre discours. Républicain ardent et orateur né, chaque phrase en situation est un appel qui vaut citation. Hugo a bien mérité la troisième place du podium dans l’Histoire en citations - et sa place au Panthéon, rouvert juste à temps en son honneur.
« Il me convient d’être avec les peuples qui meurent, je vous plains d’être avec les rois qui tuent. »2339
Victor HUGO (1802-1885), 9 septembre 1870
Le plus illustre des Français en appelle aux Allemands pour que cesse cette « guerre civile » entre peuples d’Europe. Mais la guerre continue, l’ennemi approche, Paris est saisi d’une fièvre patriotique, avant le siège héroïque, puis la Commune. La tragédie n’est pas finie.
« J’en appelle à la France ! Elle dira que, pendant neuf années, mon gouvernement a assuré la paix, l’ordre et la liberté. Elle dira qu’en retour, j’ai été enlevé du poste où sa confiance m’avait placé. »2490
Jules GRÉVY (1807-1891), président de la République très compromis dans le scandale des décorations organisé par son gendre
L’appel au pays ne peut pas sauver Grévy, contraint à démissionner, 2 décembre 1887. C’est l’une des nombreuses crises de cette Troisième République qui finira par en mourir - en 1939.
« C’est la lutte finale ; / Groupons-nous et demain
L’Internationale / Sera le genre humain. »2527Eugène POTTIER (1816-1888), paroles, et Pierre DEGEYTER (1848-1932), musique, L’Internationale (refrain), chanson
« Tube international » de toutes les luttes politiques ou sociales à venir. Écrit pendant la Commune de 1871, alors que tout semblait perdu, c’est devenu un chant d’espoir, un appel à l’union et à la lutte qui continue sur tous les fronts.
« Il me semble qu’à cette heure, en cette heure terrible, grande et magnifique, mon devoir est accompli […] Au nom du peuple français, au nom du gouvernement de la République française, j’envoie le salut de la France une et indivisible à l’Alsace et à la Lorraine retrouvées. »2612
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours écrit et parlé à la Chambre des députés, 11 novembre 1918
Le Père la Victoire a multiplié les appels au combat depuis son arrivée au pouvoir, quand la guerre semblait perdue en 1917. Rappelons que l’Alsace-Lorraine « germanisée » était un enjeu national majeur, depuis la défaite de 1871. Ce salut est aussi une forme d’appel patriotique, dans la logique de ce grand discours qui fait date, dans notre récit national.
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