Chronique (1661-1715).
Le « siècle de Louis XIV » commence vraiment avec le règne personnel (sans Premier ministre).
Le roi va régner plus de cinquante ans. C’est l’apogée de la monarchie absolue de droit divin, incarnée par un roi autoritaire ayant de sa personne et de sa fonction une haute idée, encouragé par la cour où les Grands sont réduits à l’état de courtisans, cependant que les postes de ministres ou d’intendants reviennent à la « vile bourgeoisie ».
À la cour, la vie privée est publique et la « petite histoire » se mêle à la grande - un des charmes de la période. Dans le pays, la question religieuse sera récurrente et traitée sans aucune tolérance - en attendant le siècle des Lumières.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Votre Majesté m’avait ordonné de m’adresser à M. le cardinal pour toutes les affaires. Le voilà mort. À qui dois-je m’adresser à l’avenir ?
— À moi, Monsieur l’archevêque. »854LOUIS XIV (1638-1715), à l’archevêque de Rouen. Colbert, ministre de Louis XIV, 1661-1683 (1884), Jules Gourdault
Le jeune roi (22 ans) a convoqué les ministres du cardinal Mazarin, au lendemain de sa mort (9 mars 1661), pour leur déclarer que désormais il sera son propre Premier ministre. Le soir, il confirme sa décision à l’archevêque de Rouen.
« Je résolus sur toutes choses de ne point prendre de Premier ministre […] rien n’étant plus indigne que de voir d’un côté toute la fonction et de l’autre le seul titre de Roi. »855
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Le roi entreprend la rédaction de ce précieux document, la première année du règne personnel, songeant déjà à l’éducation politique de son successeur et l’initiant, par l’exemple, au difficile métier de roi (…) L’autorité de Louis XIV est désormais sans partage (…) Le roi garde les trois ministres de Mazarin, la « triade » expérimentée (…)
« Mon frère, vous allez épouser tous les os des Saints Innocents. »856
LOUIS XIV (1638-1715), à son frère Philippe d’Orléans, fin mars 1661. Mémoires de Mlle de Montpensier
On le marie malgré lui à Henriette Anne d’Angleterre, fort maigre à cette époque où la mode est aux femmes bien en chair - elle s’épanouira joliment (…) et le roi lui-même le remarquera. Mazarin s’est chargé d’éduquer Philippe d’Orléans de façon à affaiblir sa personnalité (…) Il l’a fait initier à l’homosexualité par son neveu Filipo Mancini (…)
« Puisque les évêques ont des courages de filles, les filles doivent avoir des courages d’évêques. »857
Jacqueline PASCAL (1625-1661), Lettre au Grand Arnauld, 23 juin 1661. Pensées (posthume, 1670), Blaise Pascal
Entrée à 27 ans à l’abbaye de Port-Royal, elle influence son frère Blaise Pascal (…) Port-Royal est le foyer du jansénisme, devenu une mode (…)
À l’origine, c’est une hérésie catholique, qui doit son nom à Jansénius et trouve sa source dans une « relecture » de saint Augustin. La doctrine de la grâce suffisante qui ne suffit pas est délicate à expliquer – Pascal s’y emploie dans ses Provinciales (1656-1657). Montesquieu résumera joliment les rigueurs de la doctrine : « De tous les plaisirs, les jansénistes ne nous passent que celui de nous gratter. »
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