Louis XIV et les femmes. Il s’est exprimé sur le sujet. Il a multiplié les maîtresses, comme Louis XV le Bien Aimé et moins qu’Henri IV le Vert Galant - avec un tempérament et une santé hors du commun.
Mais au nom de la raison d’État, la Politique a le pas sur l’Amour et son métier de roi passe avant tout.
« On attaque le cœur d’un prince comme une place. Le premier soin est de s’emparer de tous les postes par où on y peut approcher. »895
(1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Métaphore amusante. Et lucidité de ce roi, par ailleurs grand guerrier et bon chasseur !
Homme très sensuel, adorant plaire et incapable de se passer de femmes, on attribue à cet amant fougueux entre 15 et 30 maîtresses. Devenu veuf, il se rangera avec la pieuse Mme de Maintenon, qui rendra la cour bien austère. Mais face au roi, elle employa la même tactique que les Mancini, La Vallière, Fontanges et autre Montespan.
« L’amour de la gloire a les mêmes délicatesses et, si j’ose dire, les mêmes timidités que les plus tendres passions. »851
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Le personnage se livre rarement, quoique pudiquement, comme dans cet autoportrait où le roi et l’homme se révèlent si semblables : même désir de plaire, identique besoin de conquérir. À l’inverse de la plupart des personnages historiques majeurs, Louis XIV est assez simple à comprendre, dans sa pensée autant que ses actes. Très « classique » à l’image de son siècle : peu de mystère, beaucoup de raison.
« Il serait trop redoutable, s’il n’était pas roi ! »863
Duchesse de LA VALLIÈRE (1644-1710)
Œuvres choisies de Mme de Genlis, tome II, La Duchesse de La Vallière (1828)
« Non, sa couronne n’ajoute rien au charme de sa personne, elle en diminue même le danger… » C’est avec ce genre de propos que l’on séduit un roi.
Louis XIV s’est épris de sa belle-sœur, Henriette d’Angleterre (femme de Philippe d’Orléans), plus attirante que la reine, d’ailleurs enceinte, en cet été 1661. Ayant horreur du scandale, il feint une galanterie pour Louise de La Vallière, sa fille d’honneur. On lui répète le propos… qui déclenche la passion chez l’homme rêvant d’être aimé pour lui-même ! Première grande favorite en titre du règne, elle devient duchesse en 1667 et finit carmélite (entrée au couvent à 30 ans).
« Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte. »873
BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre d’Henriette Anne d’Angleterre (1670)
Le frère du roi, Philippe d’Orléans (homosexuel), fut marié malgré lui à cette princesse anglaise, maigre comme « tous les os des Saints Innocents » (1661) selon le roi moqueur… La cour de France, l’amour de Louis XIV et de quelques autres amants ont métamorphosé Henriette. Aussi belle que spirituelle, elle vit au-dessus des moyens d’une santé fragile : passion pour la chasse et la danse, intrigues, quatre maternités, scènes de jalousie de Monsieur qui voit sa femme dans les bras de son favori, le comte de Guiche…
Sa mort subite, à 26 ans, cause un émoi dont Bossuet donne un juste écho : « Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l’accomplissement de cette parole du prophète : « Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d’étonnement. » »
« L’attelage du soleil / N’aura jamais son pareil. / Il est de quatre chevaux / Qui ne sont ni bons ni beaux […]
Précédé de deux cavales […] / Toutes deux fortes des reins / Toutes deux sont poulinières,
L’une est maigre au dernier point, / L’autre crève d’embonpoint. »880Chanson allégorique sur les ministres et les maîtresses de Louis XIV
Allégorique, mais sans mystère : les quatre chevaux sont les ministres (Le Tellier, son fils Louvois, Colbert et Lionne). Les deux cavales sont les maîtresses du roi, la Vallière et Montespan. Les favorites royales sont volontiers moquées. Et la France est une « monarchie absolue tempérée par des chansons » (Chamfort).
« Toutes les fois qu’elle [Mme de Montespan] craignait quelque diminution aux bonnes grâces du Roi, elle donnait avis à ma mère, afin qu’elle y apportât quelque remède. »885
Marie-Marguerite MONVOISIN (1658- ??), belle-fille (et complice) de la Voisin
C‘est la fameuse Affaire des Poisons (1680) qui risque de compromettre trop de monde à la cour. Louis XIV est horrifié : sa maîtresse lui aurait fait absorber des filtres d’amour, en fait des aphrodisiaques peu ragoûtants (fœtus séchés, sperme de bouc, bave de crapaud, poussière de taupes desséchées, sang de chauve-souris, semence humaine et sang menstruel) qui ont ébranlé sa santé pourtant robuste. Elle aurait aussi manigancé la mort de Mme de Fontanges (sa nouvelle favorite) et la stérilité de la reine ! Le roi suspend les interrogatoires. L’enquête publique est fermée, il fait brûler les dossiers, jetant lui-même au feu de la cheminée les pages compromettant son ex-favorite.
Mme de Montespan, qui a perdu la faveur du roi, ne quittera la cour qu’en 1691. Louis XIV ne va plus avoir de commerce amoureux qu’avec la gouvernante de ses bâtards, Mme de Maintenon, en cela du moins au-dessus de tout soupçon.
Louis XIV et les femmes : une histoire à redécouvrir dans le tome 3 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € seulement le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.