Le séduisant Louis XV n’était malheureusement pas fait pour ce métier de roi - tout le contraire de Louis XIV ! Il trompera son ennui en multipliant les favorites qui seront elles aussi détestées du peuple et de la cour.
À feuilleter pour tout savoir.
« Ils finiront par perdre l’État. C’est une assemblée de républicains ! »1134
(1710-1774), à Mme de Pompadour et au duc de Gontaut (son frère), janvier 1753
Précis du siècle de Louis XV (1763), Voltaire.
« Républicains », c’est un grand mot, presque un gros mot, en tout cas un mot qui fait peur au roi. Il parle ici du Parlement de Paris et de son opposition qui s’exerce à toute occasion, avec une violence qui ne cessera de grandir jusqu’à la Révolution. Les Parlements usent et abusent de leur droit de remontrance. Les hauts magistrats, soutenus par le mouvement des philosophes et de l’Encyclopédie, font figure de défenseurs des libertés face au despotisme. Ils défendent en fait les privilèges contre les réformes royales (notamment en matière fiscale).
« Les grands seigneurs s’avilissent,
Les financiers s’enrichissent,
Tous les Poissons s’agrandissent.
C’est le règne des vauriens. »1162Poissonnade attribuée à PONT-de-VEYLE (1697-1774)
Les poissonnades fleurissent, comme jadis les mazarinades. Le peuple supporte mal le luxe qui s’étale à la cour où règne la Pompadour (née Poisson), et s’affiche dans des milieux prospères et âpres au gain, du côté des aristocrates comme des bourgeois. Le peuple s’en irrite : « On épuise la finance / En bâtiment, en dépenses, / L’État tombe en décadence / Le roi ne met ordre à rien / Une petite bourgeoise / Élevée à la grivoise / Mesurant tout à la toise / Fait de l’amour un taudis. »
« Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables […] Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions. »1167
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Du contrat social (1762)
Seul philosophe vraiment révolutionnaire au siècle des Lumières, né (et mort) pauvre, asocial, pas du tout courtisan comme Voltaire et les autres philosophes. Il sera le grand homme de Robespierre.
« Les Français sont inquiets et murmurateurs, les rênes du gouvernement ne sont jamais conduites à leur gré […] On dirait que la plainte et le murmure rentrent dans l’essence de leur caractère. »1190
Dauphin LOUIS, futur Louis XVI (1754-1793), Réflexions sur les entretiens avec le duc de La Vauguyon
C’est fort bien vu et cela rend quasiment impossible toute réforme. Mais le roi aura bien rarement cette lucidité politique.
« Madame, vous avez là deux cent mille amoureux. »1192
Duc de BRISSAC (1734-1792), gouverneur de Paris, à Marie-Antoinette, 8 juin 1773
Le vieux courtisan lui montre la foule immense venue l’acclamer pour son entrée solennelle à Paris. La Dauphine de France découvre le peuple se pressant dans les jardins de Versailles pour l’entrevoir. Cet excès de popularité a retardé de trois ans son entrée dans la capitale - elle s’est mariée avec le Dauphin le 16 mai 1770, à Versailles. Plus dure sera la chute pour la future reine de France.
« Ami des propos libertins,
Buveur fameux, et roi célèbre
Par la chasse et par les catins :
Voilà ton oraison funèbre. »1195Chanson à la mort de Louis XV (1774)
Le peuple est sans pitié, sans respect pour l’ex Bien-Aimé. « On l’enterra promptement et sans la moindre escorte ; son corps passa vers minuit par le bois de Boulogne pour aller à Saint-Denis. À son passage, des cris de dérision ont été entendus : on répétait « taïaut ! taïaut ! » comme lorsqu’on voit un cerf, et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer » (Lettre de la comtesse de Boufflers).
« Le roi est mort, Vive le roi ! »1995
Le Roi est mort, vive le Roi ! (1827), François René de Chateaubriand
Citation conforme au dicton marquant la pérennité de la dynastie royale, au-delà de la personne du roi : « Le roi de France ne meurt jamais. »
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