Le martyre donne une dimension héroïque. C’est particulièrement vrai pour le couple royal. L’exécution du roi marque le tournant de la Révolution et l’Histoire de France.
À feuilleter pour tout savoir.
« Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens. »1203
(1754-1793), Testament écrit un mois avant sa mort (fin 1792)
Dans l’épreuve, Louis XVI acquiert une dignité et même une royauté qui le rachètent devant l’histoire, cependant que le martyre l’auréole aux yeux de nombreux historiens qui condamnent sans appel son prédécesseur : la guillotine est plus noble que la petite vérole.
« Couple perfide, réservez vos larmes
Pour arroser le prix de vos forfaits
Un peuple libre reconnaît les charmes
De n’être plus au rang de vos sujets. »1389Poursuite et retour de la famille ci-devant royale (juin 1791), chanson anonyme, après la fuite à Varennes
Le peuple chante encore, mais il a perdu confiance en Louis XVI. Comme l’écrit Denis Richet dans le Dictionnaire critique de la Révolution française : « Un roi avait en fuyant abandonné sa souveraineté. Un autre roi, le peuple, assistait gravement au spectacle. » Une foule silencieuse accueille le cortège à son retour, le 25 juin. La Constituante a suspendu Louis XVI de ses fonctions, dès le 21. Ces cinq jours de vacance du trône prouvent que la France peut vivre sans roi et la République devient un régime possible. Pour l’historienne Mona Ozouf, le 21 juin, c’est « la mort de la royauté ».
« Maman, est-ce qu’hier n’est pas fini ? »1388
Le dauphin LOUIS, futur « LOUIS XVII » (1785-1795), à Marie-Antoinette, fin juin 1791
Un joli mot de l’enfant qui mourra quatre ans plus tard, à la prison du Temple. L’épreuve de la fuite à Varennes blanchit – dit-on – les cheveux de la reine : de blond cendré, ils devinrent « comme ceux d’une vieille femme de soixante-dix ans ». Marie-Antoinette a sans aucun doute une part de responsabilité dans ce projet d’évasion mal préparé. Elle dit un jour à Axel de Fersen, son amant et prince charmant : « Je porte malheur à tous ceux que j’aime. »
« Je subirai le sort de Charles Ier, et mon sang coulera pour me punir de n’en avoir jamais versé. »1465
LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à Malesherbes, écrite au Temple, décembre 1792
Précédent historique maintes fois rappelé : Charles Ier, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, victime de la révolution anglaise, jugé par le Parlement, décapité en 1649. Louis XVI, incapable de régner quand il avait le pouvoir, prématurément vieilli à 38 ans, parfois comparé à un vieillard, va faire preuve de courage et de lucidité dans ces deux derniers mois. À Malesherbes, son ami et avocat, il écrit aussi : « Je ne me fais pas d’illusion sur mon sort ; les ingrats qui m’ont détrôné ne s’arrêteront pas au milieu de leur carrière ; ils auraient trop à rougir de voir sans cesse sous leurs yeux leur victime. »
« Peuple, je meurs innocent ! »1479
LOUIS XVI (1754-1793), à la foule, place de la Révolution à Paris (aujourd’hui place de la Concorde), 21 janvier 1793
Le roulement de tambours de la garde nationale interrompt la suite de sa proclamation. Scène maintes fois reproduite en gravures et tableaux, avec le bourreau Sanson qui brandit la tête du roi, face au peuple amassé.
« Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France. »1480
LOUIS XVI (1754-1793), au bourreau Sanson et à ses aides, 21 janvier 1793
Autre mot de la fin attribué au roi. Cela relève de la « belle mort », pour alimenter la légende. Reste un fait avéré. Louis XVI, tout au long de sa vie, eut une obsession louable et rare chez un roi : ne pas faire couler le sang des Français.
« J’ons plus de roi dans la France / À présent tout ira bien
À Paris comme à la guerre. / Je n’craindrons plus le venin
Qui gâtait toute c’t’affaire, / J’aurons vraiment la liberté
En soutenant l’égalité ! »1485Citoyenne Veuve FERRAND (fin du XVIIIe siècle), Joie du peuple républicain (début 1793), chanson
Chaque événement historique est ponctué de paroles et musique. Cette Joie du peuple républicain est assurément une « chanson de circonstance » : tout ira bien après la mort du roi. Au-delà de cette joie, le choc est immense. La Terreur à venir va démentir ce « happy end citoyen ». Malgré tout, « La Révolution française est le plus puissant pas du genre humain depuis l’avènement du Christ. » écrira Victor Hugo.
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