Louis XVI et l’Histoire. Bien tard, il a compris et face à la mort, il acquiert une dignité royale.
De nombreux martyrs se sont révélés à cette époque, mais le cas de Louis XVI est plus remarquable à divers titres, et en tout cas, historique. Mots de la fin (en plusieurs versions) et nombreuses chansons populaires en témoignent.
« Ô mon peuple, Que vous ai-je donc fait ? J’aimais la vertu, la justice. Votre bonheur fut mon unique objet, Et vous me traînez au supplice ! »1477
Complainte de Louis XVI aux Français, quand le verdict fatal est connu à la fin du procès, chanson anonyme
Prières pour le roi, la France, etc. précédées du Testament de Louis XVI et de quelques notes historiques (1816).
« Glapie dans les guinguettes par des chanteurs à gages », sur l’air d’une romance célèbre composée par la marquise de Travanet et par Marie-Antoinette, cette complainte a tant de succès qu’elle éclipse un temps La Marseillaise.
« Louis doit mourir pour que la patrie vive. »1476
ROBESPIERRE (1758-1794), célèbre sentence
Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf
Ces mots furent prononcés au début du procès, le 3 décembre. « Je n’ai pour Louis ni amour ni haine : je ne hais que ses forfaits… » En fait, le roi était jugé d’avance. La Révolution, c’est la souveraineté du peuple et elle ne peut composer avec la souveraineté du roi. Ce n’est pas l’homme Capet qui est en cause, aux yeux des théoriciens tels que Robespierre et Saint-Just, c’est l’extravagante condition du monarque.
On peut seulement s’étonner de l’hypocrite humanité de Robespierre, déclarant dans le même discours : « J’abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois. » La suite des événements et la Terreur apportent un démenti sanglant.
Les partisans d’un despotisme éclairé (Autriche, Prusse, Russie, Espagne) ou d’une monarchie constitutionnelle (à l’anglaise, ou à la française sous la Restauration) auraient eu besoin d’une personnalité plus forte que celle de ce roi jouet, et jamais acteur de l’histoire. Au terme de la procédure, l’exécution aura lieu le 21 janvier 1793.
« Fils de Saint Louis, montez au ciel. »1478
Abbé Edgeworth de FIRMONT (1745-1807), confesseur de Louis XVI, au roi montant à l’échafaud, 21 janvier 1793
Mot rapporté par les nombreux journaux du temps. La piété de Louis XVI est notoire et en cela, il est fils de Saint Louis. C’est aussi le dernier roi de France appartenant à la dynastie des Capétiens, d’où le nom de Louis Capet sous lequel il fut accusé et jugé.
« Peuple, je meurs innocent ! »1479
LOUIS XVI (1754-1793), à la foule, place de la Révolution à Paris (aujourd’hui place de la Concorde), 21 janvier 1793
« Premier mot de la fin » du roi. L’importance de l’événement est telle que l’imagination populaire se donne libre cours. Scène maintes fois reproduite en gravures et tableaux, avec le bourreau qui brandit la tête du roi, face au peuple amassé.
Autre mot de la fin : « Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France. » Dans le même esprit : « Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. » Et encore : « Dieu veuille que ce sang ne retombe pas sur la France. » Cela relève de la « belle mort », pour alimenter la légende. Reste un fait avéré. Toute sa vie, Louis XVI eut une obsession louable et rare chez un roi : ne pas faire couler le sang des Français.
« Louis ne sut qu’aimer, pardonner et mourir ! / Il aurait su régner s’il avait su punir. »1481
Comte de TILLY (1764-1816)
Biographie universelle, ancienne et moderne (1826), Joseph Michaud, Louis Gabriel Michaud
Dans ce célèbre distique (deux vers), le comte de Tilly, défenseur du roi au palais des Tuileries (le 10 août 1792) et auteur de Mémoires (surtout galants), témoigne de cette horreur de la violence, dans une époque où elle fait loi.
« J’ons plus de roi dans la France […] / À présent tout ira bien / À Paris comme à la guerre.
Je n’craindrons plus le venin / Qui gâtait toute c’t’affaire, / J’aurons vraiment la liberté
En soutenant l’égalité ! »1485Citoyenne Veuve FERRAND (fin du XVIIIe siècle), Joie du peuple républicain (début 1793), chanson
Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert
Chaque événement historique est ponctué de paroles et musique. Cette Joie du peuple républicain est assurément une « chanson de circonstance » : tout ira bien après la mort du roi. Au-delà de cette joie, le choc est immense.
« On a tué des rois bien avant le 21 janvier 1793. Mais Ravaillac, Damiens et leurs émules voulaient atteindre la personne du roi, non le principe […] Ils n’imaginaient pas que le trône pût rester toujours vide. »1484
Albert CAMUS (1913-1960), L’Homme révolté (1951)
L’histoire du monde est riche en régicides. Mais les assassins des rois qui tuent un homme ne font que renforcer le mythe de la royauté. Alors qu’un procès public, devant une Assemblée nationale devenue tribunal du peuple, devait mettre fin à la monarchie de droit divin.
La mort du roi, chacun en juge selon son camp, des royalistes aux révolutionnaires, en passant par toutes les nuances d’opinion, de la droite réactionnaire à la gauche extrême. Cela vaut de manière plus générale pour la Révolution, et aujourd’hui encore, on en discute.
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