Première Guerre Mondiale
Prologue
Au total, près de 20 millions de morts et un peu plus de blessés pour cette « ânerie », selon le maréchal Lyautey. Par le jeu des alliances, des intérêts et des déclarations de guerre échelonnées sur trois ans, la guerre va devenir européenne, toucher l’Afrique et l’Asie, et, avec la participation des États-Unis d’Amérique en 1917, se transformer en guerre mondiale pour la première fois dans l’histoire. 65 millions de soldats s’affronteront dans ce qu’on appelle la Grande Guerre.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« C’est la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite. »2570
Maréchal LYAUTEY (1854-1934). Histoire de la Troisième République (1952), Jacques Chastenet
Tel est son avis, au déclenchement du conflit.
Résident général au Maroc, chargé de la pacification du pays rendue alors plus difficile encore, il sera ministre de la Guerre quelques mois, dans le cabinet Briand (…)
« La guerre, l’art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence. »2571
Jean-Henri FABRE (1823-1915), Souvenirs entomologiques (posthume, 1898)
Ce grand savant, mort à 92 ans, pense à « sa » guerre, celle de 1870 qui fit « seulement » 120 000 morts français et 130 000 morts allemands. La Première Guerre mondiale fera en tout 8,5 millions de morts militaires – dont 1,3 français – et 20,5 millions de blessés.
« Pourvu que les civils tiennent ! »2572
Jean-Louis FORAIN (1852-1931), légende d’une caricature. La Guerre libératrice (1918), Alexandre Millerand
Propos souvent répété pendant la guerre de 1914-1918 : ironie, certes, mais dans un pays en guerre, le moral de l’arrière est aussi important que celui du front (…)
Au total, 10 millions de civils périront directement ou indirectement de cette guerre.
« Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »2573
Raymond RADIGUET (1903-1923), Le Diable au corps (1923)
Ce roman de Radiguet, mort à 20 ans l’année même de la publication et du très grand succès de cette œuvre, est le récit d’une passion d’adolescent sur fond de guerre : le héros est l’amant d’une très jeune femme dont le mari se bat au front (…)
« Ah Dieu ! que la guerre est jolie
Avec ses chants, ses longs loisirs. »2574Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918), Calligrammes, « L’Adieu du cavalier » (1918)
Le poète s’engage en décembre 1914.
Blessé d’un éclat d’obus à la tempe le 17 mars 1916, évacué, trépané, il ira d’hôpital en hôpital, continuant d’écrire, et mourra deux jours avant la fin de la guerre, le 9 novembre 1918, victime de la grande épidémie de grippe espagnole.
« La guerre […] Je vois des ruines, de la boue, des files d’hommes fourbus, des bistrots où l’on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux aguets, des troncs d’arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix. »2575
Roland DORGELÈS (1885-1973), Les Croix de bois (1919)
(…) 14-18 reste dans l’histoire comme une interminable guerre de tranchées où les soldats, en majorité paysans, luttèrent pied à pied dans la terre, pour leur terre.
« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine […] Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. »2576
Henri BARBUSSE (1873-1935), Le Feu, journal d’une escouade (1916)
(…) Barbusse, idéaliste exalté, militant communiste bientôt fasciné par la révolution russe de 1917, se rend plusieurs fois à Moscou, où il meurt en 1935.
Le roman soulèvera nombre de protestations : en plus du document terrible sur le cauchemar monotone de cette guerre, les aspirations pacifistes transparaissent. (…)
« J’admire les poilus de la Grande Guerre et je leur en veux un petit peu. Car ils m’eussent, si c’était possible, réconcilié avec les hommes, en me donnant de l’humanité une idée meilleure… donc fausse ! »2577
Georges COURTELINE (1858-1929), La Philosophie de Georges Courteline (1929)
L’auteur à succès comique le plus applaudi par la génération d’avant 1914, ex-cavalier au 13e régiment de Chasseurs à Bar-le-Duc, s’est pourtant assez moqué des militaires (…)
Le « poilu » est synonyme de brave soldat, les poils étant associés à l’idée de virilité.
« L’un d’nous est mort, et mort joyeux
En s’écriant : tout est au mieux !
Voilà ma tombe toute préparée
Dans la tranchée. »2578Théodore BOTREL (1868-1925), Rosalie, chanson
À la déclaration de guerre, le « petit sergent de Déroulède » comme il se qualifie lui-même part sur le front pour soutenir le moral des combattants. Voilà le genre de refrain qu’on y chante (…)
« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579
Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Soixante Années d’histoire française : Clemenceau (1932), Georges Suarez
À 76 ans, il est appelé à la tête du gouvernement et en dernier recours, par le président Poincaré (16 novembre 1917).
Jusque-là, le Tigre s’est tenu à l’écart, accablant de sarcasmes les chefs civils et militaires : très opposé à la dictature de fait du maréchal Joffre, le grand homme de la France jusqu’en 1916, comme aux ministres de la Guerre qui se succèdent – Millerand le premier, qui couvrait Joffre sans le contrôler.
Désormais, plus question de laisser carte blanche au général en chef ! (…)
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