Mac-Mahon : « J'y suis, j'y reste. » | L’Histoire en citations
Mac-Mahon :  « J'y suis, j'y reste. »
Citation du jour

 

Guerre gagnée ou guerre perdue, l’humour militaire existe. On le retrouve involontaire, dans le genre « ils n’auraient pas dû le dire », présent dans l’indexation de notre Histoire en citations.

« J’y suis, j’y reste. »2264

MAC-MAHON (1808-1893), au fort de Malakoff, surplombant la citadelle de Sébastopol, 8 septembre 1855

Le Maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta (1960), Jacques Silvestre de Sacy.

Mot attribué au général qui a fini par prendre le fort de Malakoff et ne veut pas le rendre, alors que les Russes annoncent qu’ils vont le faire sauter. Le siège de Sébastopol durait depuis 350 jours, quand Mac-Mahon prend la tête des colonnes d’assaut et part à l’attaque, entouré de ses zouaves.

Commandant de l’armée de Crimée, Pélissier va y gagner son bâton de maréchal, le titre de duc de Malakoff, sa place au Sénat, une pension annuelle de 100 000 francs et d’autres honneurs. Mac-Mahon, pour ce mot et ce fait de guerre, entre dans l’histoire - il aura d’autres occasions de se manifester, comme président de la République sous le prochain régime.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« On peut tout faire avec des baïonnettes, excepté s’asseoir dessus ! »2300

Prince NAPOLÉON, septembre 1869. Mot également attribué à Clemenceau

Le ministre de l’Intérieur affirmait que l’Empire est assez fort pour vaincre ses opposants et « Plon-Plon », éternel frondeur de la famille, réplique à juste titre qu’un pouvoir assis sur la force de ses baïonnettes n’est pas stable.

« Jamais vous ne pourriez retrouver de plus belle occasion, il faut en profiter ! Vous avez envoyé vos conditions : en garde maintenant ! »2308

Maréchal VAILLANT (1790-1872), à Napoléon III. L’Empire libéral : la guerre (1909), Émile Ollivier

C’est un vétéran de Waterloo (1815). L’empereur, pacifiste, mais malade, laisse faire, malgré les conseils de modération de certains hommes politiques et l’opposition de la gauche républicaine au Corps législatif. L’impératrice souhaite la guerre - la victoire assurerait à son fils l’accession au trône.

« Si la Prusse refuse de se battre, nous la contraindrons, à coups de crosse dans le dos, à repasser le Rhin et à céder la rive gauche ! »2309

La Presse. Histoire générale de la presse française : de 1871 à 1940 (1969), Claude Bellanger

Les journaux, en cette mi-juillet 1870, sont unanimes, reflet d’une opinion publique trop sûre d’elle. « À l’insolence de la Prusse, il n’y a qu’une réponse : la guerre », écrit Le Constitutionnel. D’autres journaux titrent : « À Berlin ! »

« Nous sommes prêts et archiprêts, il ne manque pas à notre armée un bouton de guêtre. »2310

Maréchal LEBŒUF, lors du vote de la mobilisation et des crédits de guerre, Corps Législatif, 15 juillet 1870

Ministre de la Guerre et major général de l’armée, il répond au doute de Thiers qui affirmait : « Vous n’êtes pas prêts. » Et il insiste : « De Paris à Berlin, ce serait une promenade la canne à la main. » C’est une illusion, et Bismarck, bien informé par Moltke, son chef d’état-major, connaît les forces, ou plutôt les faiblesses de la France. Ses canons de bronze se chargent encore par la gueule et non par la culasse comme les canons Krupp en acier ; les traditions tactiques de l’armée d’Afrique sont impropres à une guerre européenne et l’expédition du Mexique a désorganisé l’administration militaire ; ses généraux sont vieux et routiniers ; enfin, le Corps législatif n’a jamais voté les crédits nécessaires à l’armée. C’est un peu tard pour se rattraper. Alors que la Prusse prépare cette guerre depuis quatre ans.

« Nous l’acceptons le cœur léger. »2311

Émile OLLIVIER, président du Conseil, au Corps législatif, le jour de la déclaration de guerre à la Prusse, 19 juillet 1870

Porté par l’opinion, il accepte la responsabilité de la guerre, face à des intervenants (républicains et pacifistes) évoquant le sang bientôt versé. Émile Ollivier reste pour l’histoire « l’homme au cœur léger ».

« Prussiens ! vous fuirez, battant la retraite, / Devant nos drapeaux
Et nos Chassepots, / Oui, notre aigle altier qui n’a qu’une tête / S’ra victorieux,
Et pourtant le vôtre en a deux !
Refrain. Zim la la, zim la la, les beaux militaires,
Zim la la, zim la la, que ces Prussiens-là ! »2312

Ces beaux Prussiens (1870), chanson. La Commune en chantant (1970), Georges Coulonges

Chanson de propagande, comme la presse. Le chassepot français (du nom de son inventeur) est le fusil le plus efficace, mais c’est notre seule supériorité. 450 000 Prussiens surarmés vont infliger les premières défaites aux 350 000 Français pleins d’ardeur.

« V’là le Sire de Fish-ton-Kan, / Qui s’en va-t-en guerre,
En deux temps et trois mouv’ments : Sens devant derrière […]
Badinguet, fich ton camp. »2319

Paul BURANI, paroles, et Antonin LOUIS, musique, Le Sire de Fich-ton-kan (1870), chanson

Capitulation de Sedan applaudie par la gauche à la Chambre, le 3 septembre : l’opposition sait que le régime ne survivra pas à la défaite et l’opinion se retourne : plébiscité en mai, l’empereur vaincu est insulté. La rue chante sans pitié.

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