Après la Révolution, l’Empire de Napoléon est d’abord plébiscité, pour devenir de plus en plus hégémonique, en attendant la Restauration (de la monarchie).
Mais le droit reprend ses droits, tant bien que mal. En attendant les aléas d’une République toujours en danger.
« En France, on ne permet qu’aux événements de voter. »1672
(1766-1817), Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et les principes qui doivent fonder la République en France (posthume, 1906)
C’est l’adage d’un homme d’esprit qu’elle rapporte pour le conjurer, dans cet ouvrage écrit en 1798, et dont le titre est tout un programme.
Un an après, le coup d’État de Bonaparte va balayer la réforme constitutionnelle et l’équilibre des pouvoirs que la fille de Necker (et élève des philosophes) appelait de ses vœux !
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Le peuple français nomme et le Sénat proclame Napoléon Bonaparte Premier Consul à vie. »1727
Le Sénat, proclamation des résultats du plébiscite, 2 août 1802
C’est le peuple tout entier qui donne ce pouvoir à Bonaparte : sur plus de 3,5 millions de votants, à peine 8 000 non. À Paris : 60 non. En Vendée, 6 ! Le consensus national est évident. Le plébiscite comble les vœux du futur Napoléon - même phénomène avec Napoléon III.
« Désormais, le bulletin de vote doit remplacer le fusil. »2156
M. L. BOSREDON (XIXe siècle), légende de L’Urne et le fusil, gravure illustrant le rétablissement du suffrage universel (masculin) par décret du 5 mars 1848
La France, comme en 1792, est le premier État du monde à s’engager dans cette voie. D’autres pays européens vont l’imiter, mais l’échec des révolutions de 1848 en reportera l’application à plus tard. Avec le suffrage universel (masculin), on passe de 250 000 électeurs (suffrage censitaire) à plus de 9 millions.
« Au clair de la lune, / Brave citoyen, / Thiers cherche fortune, / Tu le connais bien.
Il est sans-culotte, / Il en fait l’aveu. / Donne-lui ton vote / Pour l’amour de Dieu. »2167La Candidature du citoyen Thiers en 1848, chanson nouvelle en 9 couplets, signée « Le Révélateur impartial »
La campagne électorale bat son plein et la chanson (anonyme) dénonce ce politicien arriviste : le voilà élu aux élections complémentaires de juin 1848, qui accentuent le conservatisme de l’Assemblée. Autre élection plus surprenante : Louis-Napoléon Bonaparte qui ne se présentait pas, élu dans 4 départements sur la seule force de son nom !
« La République à votre vote expire / Devant Machin, votre unanime élu.
Soyez heureux : vous possédez l’Empire, / Soyez-en fiers, car vous l’avez voulu.
De ce succès dont votre âme s’enivre / Peut-être un jour vous vous mordrez les doigts :
Votre empereur, dit-on, aime bien vivre ! / Et vous paierez la carte, bons bourgeois ! »2233Charles GILLE, La Carte à payer, chanson
La presse d’opposition est muselée, depuis le coup d’État du 2 décembre 1851. La chanson reste un moyen d’expression et l’humour se fait cinglant. Charles Gille, poète et ouvrier déjà persécuté, écrase de son mépris cette bourgeoisie qui, de nouveau, a trahi la République par son vote.
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